(BFM Bourse) - L'exploitant aéroportuaire a ouvert en très forte baisse ce lundi après que le ministre des Transports, Clément Beaune, a déclaré vouloir mettre fin au système de caisse unique des recettes pour les grands aéroports. Une mesure qui ne concerne pourtant pas vraiment ADP.

La nervosité du marché est telle que des actions peuvent subir d'importants dégagements à la suite d'une mauvaise lecture d'un article de presse par les investisseurs. C'est ce qui semble arriver au groupe ADP en Bourse ce lundi. L'exploitant des aéroports parisiens a chuté de plus de 6,5% ce lundi en en début de séance et recule encore de plus de 4% vers 10h35.

Selon un analyste qui connaît bien l'entreprise, ces turbulences boursières seraient dues à une lecture erronée du marché de plusieurs articles de presse.

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Une question de périmètre de recettes

La Tribune et Les Echos ont rapporté, respectivement vendredi soir et lundi matin, que le ministre des Transports, Clément Beaune, avait annoncé vouloir mettre fin au système de caisse unique des grands aéroports français.

Comme l'explique l'Autorité de régulation de transports (ART), ce système de caisse unique ou double, pose la question de l'affectation des activités non régulées (comme les revenus tirés des boutiques) dans l'affectation des recettes. Doivent-elles être intégrées avec les revenus d'aéronautique civils, c'est-à-dire les redevances perçues par les aéroports auprès des compagnies aériennes?

"Dans un système de caisse unique, les activités de l’aéroport, qu’elles soient de nature aéroportuaire ou commerciale, sont intégrées dans le périmètre régulé. Dans ce cadre, les redevances aéroportuaires tiennent compte des résultats des activités commerciales, dont les bénéfices peuvent ainsi venir réduire les redevances acquittées par les usagers pour assurer la couverture des charges des services publics aéroportuaires", développe l'Autorité.

A contrario, dans un système de caisse double, une séparation nette s'effectue entre les activités aéroportuaires "pures" et les activités commerciales, qui dépendent donc d'une caisse distincte. "La caisse régulée est alimentée exclusivement par les activités aéronautiques et constitue le périmètre régulé. Dans ce cadre, les charges associées aux services publics aéroportuaires sont entièrement financées par les redevances aéroportuaires", explique l'ART.

Une lecture erronée

Or, lors d'un congrès organisé par l'Union des aéroports français, Clément Beaune a déclaré vendredi avoir "pris la décision de mettre en place pour les grands aéroports d'Etat, qui sont aujourd'hui en caisse unique, un modèle de caisse aménagée et incitative", rapporte La Tribune.

Le quotidien précise que ce modèle hybride reviendrait à opérer une dissociation entres les activités des aéroports tout en permettant de reverser quand même une partie des revenus vers le périmètre régulé.

Selon l'analyste financier précédemment cité, ces déclarations font craindre au marché un impact négatif de cette potentielle nouvelle régulation sur ADP. A tort néanmoins.

"Je pense vraiment qu'il s'agit d'une mauvaise lecture de la part du marché tout simplement parce que les aéroports parisiens ne fonctionnent déjà pas avec un régime de caisse unique. Cela constitue probablement une incompréhension", juge cet analyste.

En effet, si le système de caisse unique est en vigueur dans les aéroports de Marseille, Bordeaux, Lyon, Nantes et Toulouse, cela n'est pas le cas des plateformes parisiennes ni de Nice, comme cela est d'ailleurs bien écrit dans les articles de La Tribune et des Echos.

Au-delà des remous de ce lundi, rappelons que la régulation constitue l'une des plus importantes grilles d'analyse des actions du secteur aéroportuaire. L'absence de visibilité sur la régulation à long terme et donc sur l'évolution des tarifs des redevances aéroportuaires que perçoit l'aéroport auprès des compagnies aériennes, avait d'ailleurs poussé HSBC à abaisser en septembre sa recommandation sur Groupe ADP de "conserver" à "alléger".