(BFM Bourse) - La demande totale de métal jaune a grimpé de 8% lors des six premiers mois de l'année, à 2.181 tonnes. À elles seules, les institutions monétaires ont acquis 374 tonnes supplémentaires 2019, soit 57% de plus que l'année dernière, alors que les achats d'or de la part des banques centrales avait déjà atteint, au premier semestre 2018, un niveau plus vu depuis les années 1960.
Une première depuis 2016 ! Lors des six premiers mois de 2019, la demande pour le précieux métal jaune a atteint un plus haut depuis trois ans selon un rapport du World Gold Council -ou Conseil mondial de l'or (CMO)- publié jeudi. Portée par la volonté des banques centrales de diversifier leur bilan en cette période de tensions géopolitiques et commerciales, celle-ci a en effet augmenté de 8% sur un an pour s'établir à 2.181,7 tonnes.
À elles seules, les institutions monétaires ont acquis quelque 374 tonnes d'or supplémentaires dans leurs coffres, soit 57% de plus que lors du premier semestre 2018. Les achats d'or (nets des éventuelles ventes) avaient pourtant renoué, l'année dernière, avec des niveaux qui n'avaient plus été observés depuis 1967 et la dissolution des accords de Bretton Woods qui rattachaient le cours des devises aux réserves d'or des banques centrales. Dans un contexte de tensions géopolitiques et d'incertitudes commerciales, faisant peser des craintes sur la croissance économique mondiale, le métal jaune retrouve son statut de valeur refuge. D'autant que les banques centrales cherchent aussi à s'émanciper du dollar.
Pologne, Russie et Chine sont les plus gros acquéreurs
La tendance devrait d'ailleurs se poursuivre lors du deuxième semestre puisque, dans un sondage publié la semaine dernière par le CMO, deux tiers des banques centrales interrogées s'attendent à ce que les réserves mondiales d'or restent stables ou augmentent dans les cinq prochaines années. Le Conseil mondial de l'or précise que, sur le premier semestre 2019, les achats d'or ont de nouveau été assez largement répartis, à travers un éventail de pays, notamment émergents. La Chine, via sa banque centrale, a ainsi acheté plus de 74 tonnes d'or depuis le début de l'année. Moins, toutefois, que la Pologne qui a surpris le marché en annonçant l'acquisition, fin juin, de 100 tonnes d'or, ce qui a propulsé le pays d'Europe de l'est en tête des plus gros acheteurs de métal précieux en 2019.Entre la Pologne et la Chine, la Russie s'octroie la deuxième place des plus importantes hausses de réserves d'or lors du premier semestre, avec une progression de 94 tonnes au cours des six premiers mois (après 105 tonnes lors des six premiers mois de 2018). Des achats qui portent les réserves de la banque centrale russe à 2.207 tonnes à fin juin, soit 19% de l'ensemble des réserves mondiales. Également à souligner, les achats massifs réalisés par la Turquie (+60,6 tonnes), le Kazakhstan (+24,9 tonnes) ou encore l'Inde (+17,7 tonnes) et l'Équateur (+10,6 tonnes).
L'or à plus de 1.430 dollars
Dans une moindre mesure, les investisseurs professionnels et particuliers ont également contribué à la hausse de la demande, qui a atteint 285,8 tonnes au deuxième trimestre 2019 (+1%% sur un an). Le CMO relève en particulier un bond de 99% de la demande en ETF adossés sur l'or, dans un contexte d'engouement général pour les fonds indiciels cotés. Cette demande en ETF a ainsi grimpé à 67,2 tonnes d'or sur les six premiers mois de l'année. "L'incertitude géopolitique, les prix de l'or en hausse et les commentaires de politique monétaire conciliants des banques centrales ont été des facteurs clefs pour ces investissements", estime le CMO. Sur le premier semestre toutefois, la demande des particuliers s'affiche en léger recul par rapport à la même période de l'année dernière, à 476,9 tonnes contre 509,4 tonnes.Pour la première fois depuis 2013, l'once d'or (soit 31,1 grammes) a franchi le seuil des 1.400 dollars il y a deux semaines de cela. Les cours de l'once sont tirés vers le haut par une demande globale croissante, même si le marché des lingots et des pièces est en repli. De fait, la demande en lingots est tombée à son plus bas depuis dix ans au cours des six premiers mois de l'année, en repli de 12% sur un an. L'once d'or évolue quant à elle toujours au-dessus des 1.400 dollars, aux alentours de 1.430 dollars vendredi peu avant 16h. En parallèle, la production d'or a elle aussi touché, au premier semestre, un plus haut depuis 3 ans à 2.323 tonnes.