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Marché : Vers une once d'or à plus de 4.000 dollars d'ici le milieu de l'année prochaine?

samedi 23 août 2025 à 07h00
L'or a-t-il encore du potentiel?

(BFM Bourse) - Les cours du métal précieux affichent une progression de 29% en 2025. Les bureaux d'études sont confiants sur les perspectives de la matière première, voyant l'or franchir la barre symbolique des 4.000 dollars l'once l'an prochain.

Si l'or bat un peu moins fréquemment ses records qu'au début de l'année, sa performance sur l'ensemble de 2025 demeure impressionnante.

La "relique barbare", comme la surnommait l'illustre économiste John Maynard Keynes, s'adjuge 29% (*) depuis le 1er janvier.

"L'or est de retour en tête du classement des performances des classes d'actifs pour 2025 : sa hausse (...) depuis le début de l'année surpasse tous les principaux indices boursiers et obligataires, les devises du G10 et même le bitcoin", a écrit UBS dans une note publiée lundi.

Le gros de la progression du métal précieux s'est produit de janvier à mai, l'or ayant pleinement bénéficié de son statut de valeur refuge lorsque l'incertitude sur la politique économique de Donald Trump, en particulier sur les droits de douane, a secoué les marchés actions. L'or a dépassé les 3.000 dollars l'once (31,1 grammes) en mars. Le seuil des 3.500 dollars a lui été touché le 22 avril.

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Baisse du dollar et indépendance de la Fed

Outre les risques géopolitiques et les risques économiques provoqués par les surtaxes douanières américaines, les cours de l'or ont également été soutenus par les attaques répétées de l'administration Trump envers la Réserve fédérale américaine (Fed) et son président, Jerome Powell, régulièrement étrillé par le pensionnaire de la Maison Blanche.

Ces craintes ont alimenté, au printemps, un retrait des investisseurs des actifs risqués, comme les actions, pour se déporter vers les valeurs refuge, comme l'or. Deutsche Bank évoquait alors une "ruée vers les valeurs refuge". Ce phénomène s'est ensuite atténué en juin et cet été, les indices actions américains reprenant du poil de la bête.

Un facteur technique a également joué : la baisse du dollar. Depuis le début de l'année, l'indice "DXY", qui mesure la performance du billet vert face à un panel de grandes devises internationales, chute de 10% (*).

Comme l'ensemble des matières premières, les cours de l'or sont libellés en dollar. Un repli du billet vert rend, toutes choses égales par ailleurs, l'or moins onéreux pour les investisseurs dont la devise de référence n'est pas le dollar.

Les achats des banques centrales constituent, par ailleurs, un support de long terme aux cours de l'or. Lors d'une récente enquête menée par le World Gold Council, 43% des banquiers centraux interrogés déclaraient que leur propre banque centrale augmenterait leurs réserves d’or et 95% pensaient que les réserves officielles d’or continueraient d’augmenter au cours des 12 prochains mois.

Une inflation persistante

À noter que, il y a deux semaines, les cours de l'or ont été brièvement soutenus par des informations de presse rapportant que les États-Unis allaient imposer des surtaxes douanières sur les importations de certains lingots d'or. Ce qui menaçait de renchérir le coût du 'trading' (les opérations de marché) d'or sur la place de New York.

L'administration américaine a ensuite promis de rectifier le tir et Donald Trump a lui-même déclaré sur son réseau Truth Social que les lingots d'or ne subiraient pas de surtaxes douanières.

Après la forte hausse qu'a connue l'or, les cours de la matière première peuvent-ils encore grimper ? Les bureaux d'études répondent à l'unisson par l'affirmative, la question portant davantage sur le rythme de cette hausse.

UBS a relevé lundi ses prévisions, tablant sur une once à 3.500 dollars à la fin de l'année, à 3.600 dollars à fin mars puis à 3.700 dollars à fin juin.

La banque suisse mettait en avant plusieurs éléments justifiant une poursuite de la hausse des cours de l'or.

"Tout d'abord, nous pensons que la combinaison d'une inflation persistante aux États-Unis (les effets des droits de douane et de la répression de l'immigration ne se faisant pas encore pleinement sentir), d'une croissance américaine inférieure à la tendance, qui devrait inciter la Fed (la Réserve fédérale américaine, NDLR) à reprendre son assouplissement monétaire, et d'une nouvelle dépréciation généralisée du dollar américain soutiendra les cours de l'or", expliquait l'établissement helvétique.

Vendredi, le président de la Fed, Jerome Powell, a ouvert à la porte à une baisse des taux le mois prochain, sans pour autant trop s'avancer dans cette voie. "Le discours du président de la Fed, (Jerome) Powell, à Jackson Hole, était plus accommodant que prévu, soulignant des risques de baisse légèrement plus importants sur le marché du travail", résume Deutsche Bank.

Selon l'outil Fedwatch du CME Group, les investisseurs attribuent une probabilité de 91,2% à une coupe de 25 points de base (0,25 point de pourcentage), chiffre qui était inférieur à 70% avant le discours du banquier central.

Pour rappel, des taux plus bas ont tendance à soutenir l’or. Contrairement aux actions (avec des dividendes) et aux obligations (avec des coupons), l'or ne produit pas de revenus. Son cours est en conséquence aidé par une baisse des taux d'intérêt, car il devient alors de plus en plus intéressant d'investir son argent dans de l'or plutôt que de le placer.

Vers un cycle de hausse structrurel

UBS citait également plusieurs facteurs d'incertitude au cours des prochains mois susceptibles de renforcer l'attrait du métal auprès des investisseurs.

"Les tendances à la dédollarisation, les questions relatives à l'indépendance de la Fed et la viabilité de la situation budgétaire des États-Unis (en particulier si la Cour suprême invalide les droits de douane 'réciproques' imposés par l'administration) devraient rester au centre des préoccupations des investisseurs jusqu'en 2026", énumérait la banque suisse.

D'autres intermédiaires financiers voient l'or monter encore plus haut et tutoyer voire dépasser les 4.000 dollars l'once.

En juin, Bank of America estimait que ce seuil pourrait être franchi si les États-Unis continuaient d'afficher des déficits élevés et si la volatilité des marchés persistait.

Le même mois, la banque JPMorgan avait relevé ses prévisions, tablant sur une once d'or à un cours moyen de 3.675 dollars sur le dernier trimestre de 2025 avant de franchir les 4.000 dollars à la mi-2026.

"Nous restons profondément convaincus d’une thèse d'investissement structurellement haussière et continue pour les cours de l'or", expliquait alors Natasha Kanevan, directrice de la stratégie matières premières chez JPMorgan.

La banque américaine s'attendait à ce que les achats d'or des banques centrales demeurent élevés, avec 900 tonnes d'or cette année, après 1.045 tonnes en 2024. L'établissement tablait aussi sur des achats dynamiques de la part des fonds indiciels (ETF), remarquant qu'ils avaient déjà décollé sur la première partie de 2025.

Traditionnellement, les achats d'ETF sont motivés par les baisses de taux, qui pourraient avoir lieu dès septembre prochain du côté de la Réserve fédérale américaine. Selon l'outil Fedwatch du CME Group, les investisseurs attribuent une probabilité de 85% à une réduction des taux directeurs d'un quart de point de la part de la banque centrale américaine le mois prochain, et anticipent des baisses de taux cumulées d'un point de pourcentage d'ici à douze mois.

"Nous pensons que les avantages de l’or en tant que valeur refuge continueront d’alimenter la demande supplémentaire d’ETF en dehors du moteur traditionnel de la baisse des rendements réels", expliquait Gregory Shearer, de JPMorgan.

Goldman Sachs a des prévisions assez similaires. La banque américaine table sur une once d'or à 3.700 dollars d'ici à la fin 2025 et à 4.000 dollars à la mi-2026. Comme JPMorgan, elle pointe l'appétit continu des banques centrales pour l'or et la montée en puissance des achats d'or des ETF qui devraient bénéficier des baisses de taux de la part de la Fed.

"La forte demande structurelle des banques centrales depuis le gel des actifs de la banque centrale russe en 2022 continue de soutenir nos perspectives haussières pour l'or. Nous prévoyons que les principales banques centrales asiatiques maintiendront une forte accumulation d'or pendant encore 3 à 6 ans", développait-elle dans une note publiée mi-juin.

(*) La variation du cours a été arrêtée à la clôture européenne de vendredi.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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