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Marché : Une pénurie mondiale guette le magnésium, métal crucial pour le secteur automobile

dimanche 7 novembre 2021 à 07h00
Le magnésium, ce métal crucial pour le secteur automobile

(BFM Bourse) - Indispensable au bon fonctionnement de votre organisme, le magnésium l'est également pour les industries automobile ou aéronautique. Et comme pour pléthore d'autres matières premières, la demande actuelle ne parvient pas à suivre la demande, avec des risques de pénurie à la clef.

Matériaux de construction, papier, aluminium, blé ou encore matériaux semi-conducteurs... On ne compte plus les matières premières en situation de pénurie, conséquence directe de la crise sanitaire, alimentant la poussée des prix à la consommation et faisant craindre un ralentissement économique. "Cependant, il y a un métal dont tout le monde va bientôt entendre parler" prévient John Plassard, directeur adjoint des investissements chez Mirabaud Securities.

Élément chimique de numéro atomique 12 et de symbole Mg, métal alcalino-terreux, 8e élément le plus abondant de la croûte terrestre constituant 13% de la masse de la planète et une grande partie de son manteau, également présent dans les os et tissus mous du corps humain qui intervient dans plus de 400 réaction biochimiques (transport osmotique et insulinique du glucose, production d'énergie, etc.), il parle évidemment du magnésium.

Apprécié pour ses propriétés de légèreté, le magnésium et ses alliages sont couramment utilisés dans les industries aérospatiale et automobile. Sa bonne biocompatibilité et sa non-toxicité trouve également des applications dans le domaine médical et des soins de santé. En raison de ses propriétés électriques et mécaniques supérieures, telles que la longévité et l'amélioration du transfert de chaleur, il est aussi de plus en plus répandu dans des applications électroniques. "L'application croissante du magnésium dans ces industries stimule la croissance du marché du magnésium métal" souligne John Plassard.

Quasi monopole de la Chine

Or en face, la demande ne répond pas. Car si le magnésium est en apparence omniprésent (c'est également le 3e élément le plus abondant dissous dans l'eau de mer, après le sodium et le chlore), ses atomes n'existent dans la nature que sous forme de combinaisons avec d'autres éléments. L'élément pur est lui produit artificiellement par réaction d'oxydoréduction ou électrolyse, qui permet de réaliser des réactions chimiques grâce à une activation électrique.

Et comme pour de nombreuses autres matières premières, c'est l'Asie, et en particulier la Chine dans ce cas précis, qui détient les clefs du camion. "L'Europe achète 95% de son magnésium en Chine" explique John Plassard, qui précise que "le pays a produit 85% du magnésium à l'échelle mondiale en 2019, le Kazakhstan, Israël et le Brésil ayant produit une grande partie du reste".

Très dépendant de l'offre chinoise (près de 860.000 tonnes en 2020 selon Statista), le marché mondial a donc subi le brusque et récent recul de la production dans l'empire du Milieu "affectée par la pénurie d'énergie et par les objectifs de réduction des émissions de carbone du pays" constate John Plassard. "En effet, la production de magnésium nécessite une consommation intense d'électricité et produit d'importantes émissions de carbone. Selon certaines estimations, il faut de 35 à 40 mégawatts-heure d'électricité pour produire une tonne de magnésium (...) Afin de réduire cette consommation d'électricité dans le contexte de pénurie énergétique actuelle, les autorités chinoises ont demandé le mois dernier l'arrêt de la production de nombreux producteurs de magnésium à Yulin, dans la province du Shaanxi (nord-ouest de la Chine), la principale base de production de magnésium du pays. Si la plupart des entreprises ont repris leurs activités depuis le début du mois d'octobre, on leur a demandé de fonctionner à environ 40% de leur capacité normale" développe l'expert.

Des stocks qui s'épuisent rapidement

Et étant donné que la Chine s'oriente vers une économie moins énergivore, John Plassard estime que l'on "peut s'attendre à ce que les autorités gouvernementales locales imposent à l'avenir des restrictions spécifiques à la production d'industries à forte consommation d'énergie comme le magnésium, et pas seulement en période de pénurie d'énergie". En raison de la réduction de l'offre, le prix du magnésium a ainsi bondi à un record historique à près de 10.000 dollars la tonne, contre environ 2.700 dollars mi-août dernier, avant de refluer autour de 4.000 dollars la tonne ce vendredi 5 novembre. "Si la tendance ne s'inverse pas, les stocks de magnésium en Europe seront épuisés à la fin du mois de novembre" prévient John Plassard.

Les équipementiers automobiles présents à l’occasion de la Journée de la filière automobile le 27 octobre dernier ont ainsi fait part aux constructeurs de leur besoin de visibilité sur la production à venir, ainsi que de leurs craintes pour leur trésorerie. Le PDG de Valeo David Jacquot a par exemple clairement indiqué que le manque de magnésium devenait un problème de plus en plus sérieux, et qu'il ne faut "surtout pas le négliger".

"La pénurie de magnésium n’est pas sans rappeler celle que connaissent les semi-conducteurs" note John Plassard, selon qui celle-ci "pourrait cependant être bien plus rude et importante car elle met en avant le fait que la consommation d'énergie et les émissions de carbone de la Chine sont imbriquées dans les chaînes d'approvisionnement mondiales". "Régler cette question sera compliqué et ne sera pas résolue par une simple augmentation de la production" prédit-il, avertissant que le sujet est "à surveiller de très près".

Le marché, qui devrait enregistrer un taux de croissance annuel composé de 7,5% entre 2020 et 2025 pour atteindre 5,4 milliards de dollars à cet horizon, constitue par ailleurs une thématique d'investissement porteuse. "Une façon de le faire est d'investir dans des sociétés de ressources en magnésium" et à cet égard, "la Chine est bien évidemment incontournable avec ses 27 gisements de magnésite prouvés" poursuit l'expert, qui cite en premier lieux Shanxi Yinguang Magnesium Industry, le groupe représentant une part importante de la demande intérieure et d'exportation - près de 60% de la production chinoise de magnésium vient de la province de Shanxi.

Parmi les autres groupes qui devraient profiter de l'essor du marché, John Plassard nomme les australiens Latrobe Magnesium, Magontec et Korab Resources, ainsi que les canadiens Karnalyte, Western Magnesium et MGX Minerals.

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