(BFM Bourse) - Une étude de 2024 repérée par la lettre Vernimmen a remarqué que les introductions en Bourse pouvaient être un levier important pour inciter les investisseurs particuliers à s’intéresser aux marchés financiers, et à forger leur culture financière.
Il est souvent déploré que "les Français sont nuls en finance". Près d’un tiers des Français jugent leurs connaissances moyennes ou faibles sur les questions financières. Parmi les notions les moins bien maîtrisées il y a les mécanismes de l’inflation, notamment ses effets sur la valeur de leur épargne, selon une étude Ifop réalisée pour Trade Republic, dévoilée en décembre 2024.
Pourtant, 60% des personnes interrogées disent montrer un intérêt pour la mise en place d’un dispositif (émission, programme d’éducation financière, tutoriel…) leur permettant de renforcer leur culture financière et ainsi de mieux gérer leur argent, selon cette même étude.
Or, le développement d’une culture financière dans un pays est indispensable à ses habitants en vue de prendre des décisions financières judicieuses dans des contextes économiques difficiles, rappelle l’OCDE/INFE qui réalise tous les trois ans une étude internationale sur le niveau de culture financière.
Cette méconnaissance pour les mécanismes financiers se traduit aussi dans les placements privilégiés par les ménages français. Le Livret A, se place en tête des placements détenus par les ménages français, cité par 71% des personnes interrogées, quand le Plan épargne actions (PEA) arrive à la quatrième place (12%) devant le compte-titre (9%). Aux Etats-Unis, 40% à 50% des ménages américains possèdent des actions dans leur patrimoine, selon des données de Survey of Consumer Finance citée par la lettre Vernimmen. Ce qui est somme toute logique compte tenu de la différence dans les systèmes de retraite des deux pays.
C’est arrivé près de chez vous
Or, les introductions en Bourse pourraient aider les investisseurs particuliers à développer leur culture financière, remarquent les auteurs de la lettre Vernimmen, citant une étude de 2024 sur l’influence des introductions en Bourse sur le comportement d’investissement des ménages.
Dans une étude intitulée Local IPOs and Household Stock Market Participation, trois universitaires, Feng Jiang, Michelle Lowry et Yiming Qian ont en effet remarqué que les ménages étaient plus susceptibles d'être davantage intéressés par les introductions en Bourse d'entreprises situées près de chez eux.
L’étude en question a répertorié l’ensemble des introductions en Bourse, sur une période allant de 1984 à 2017 et croisé ces données avec celles du Panel Study of Income Dynamics (PSID), qui collecte des informations sur les revenus, la richesse, les dépenses des ménages américains.
Le champ de cette étude introduit aussi un critère supplémentaire : les ménages doivent faire partie de l'échantillon pendant au moins deux années consécutives afin de mesurer l'évolution de leurs revenus et de leur richesse.
Et les résultats montrent qu’une hausse du nombre d’introductions en Bourse était suivie d’une progression significative du taux de détention d’actions par les ménages habitant à proximité de l’entreprise. Et parmi les ménages qui détenaient déjà des actions, leur taux de détention a augmenté de près de 1,5%.
Une effervescence médiatique
Les auteurs de l’étude avancent deux éléments d’explications. La première concerne l’effervescence médiatique autour de l’opération, ce qui vient nourrir l’intérêt des investisseurs pour la Bourse.
L’exemple le plus emblématique de cette dernière décennie en France est bel est bien celui de l’entrée en Bourse de FDJ, rebaptisé depuis FDJ United. L’introduction en Bourse de la FDJ en 2019 a été un succès populaire, attirant un demi-million de particuliers.
"C'est au-delà de toutes nos espérances. C'est la preuve que le pari de l'actionnariat populaire est un pari gagnant", s'était alors félicité Bruno Le Maire lors d'une audition devant les sénateurs quasiment une semaine après le début de l'opération de privatisation de l'entreprise.
Le gouvernement avait placé d’intenses espoirs sur cette opération de privatisation de la FDJ pour ramener les Français vers la Bourse, envers laquelle ils sont plutôt frileux et alors que le niveau d'épargne est très élevé en France. La FDJ et son principal actionnaire, l'État, n'avaient pas lésiné sur les moyens et avait même accordé des conditions avantageuses pour inciter les particuliers à participer à cette privatisation.
"Nous avons observé un retour significatif des investisseurs particuliers à l'occasion de cette introduction", avait alors souligné Stéphane Boujnah, le patron d'Euronext, gestionnaire de la Bourse de Paris. "Au final, pour la FDJ, la part allouée aux particuliers s'est élevée à 45%, contre 20 à 25% en général", avait ajouté Camille Leca, responsable des activités de cotation pour la France chez Euronext.
Les auteurs avaient aussi cité une précédente étude universitaire de 2011, menée par Da, Engelberg et Gao qui avait montré que les recherches Google sur les entreprises introduites bondissaient de plus de 40 % la semaine de l’introduction.
"En tant qu'événement marquant, l'introduction en Bourse peut contribuer à accroître les conversations sur les marchés financiers et ainsi, à augmenter le taux de participation en Bourse", avancent Feng Jiang, Michelle Lowry et Yiming Qian.
Un effet en chasse un autre
Les introductions en Bourse contribuent à accroître la richesse des fondateurs et des premiers investisseurs de l'entreprise, rappellent les auteurs de l'étude. Cette dynamique s'inscrit dans le cadre de l'effet richesse.
Or, cette étude valide l'hypothèse de l'effet d'attention, mais ne permet pas de confirmer cet l'effet richesse. "Le canal de la richesse a peu d'influence, ce qui est cohérent avec le fait que les introductions en Bourse locales ne génèrent pas de chocs de richesse pour la plupart des ménages", avancent les auteurs de l'étude.
"Premièrement, nous ne trouvons aucune preuve que la relation est plus forte parmi les ménages dont le patrimoine ou le revenu a augmenté davantage après l'introduction en Bourse", avancent les auteurs de l'étude. Deuxièmement, nous constatons que les résultats ne sont pas affectés par l'exclusion des personnes qui sont très probablement directement liées à l'entreprise introduite en Bourse, c'est-à-dire qui travaillent dans le même secteur d'activité", détaillent-ils.
Les introductions en Bourse ont donc un effet positif pour les marchés financiers, résume l'étude. Elles placent la Bourse et les marchés actions au centre des discussions et encouragent les ménages à investir une partie de leur épargne dans ces marchés.