(BFM Bourse) - Le mois de septembre est traditionnellement le pire mois de l'année en Bourse, plus que celui d'octobre pourtant marqué par les grands krachs de la période moderne. Surtout, la deuxième partie du mois de septembre est statistiquement entachée d'une réputation peu glorieuse.
La Bourse et la saisonnalité. Et qui de mieux que Mark Twain, créateur des personnages de Tom Sawyer et Huckleberry Finn, pour tourner au mieux en dérision ce phénomène. Selon le célèbre écrivain américain (qui avait lui-même réalisé un certain nombre d'investissements calamiteux), octobre est l'un des mois les plus dangereux pour jouer en Bourse, les autres mois risqués étant juillet, janvier, septembre, avril, novembre, mai, mars, juin, décembre, août et février.
Mais cette boutade masque un phénomène de saisonnalité tout à fait réel (et assez inexpliqué en regard de la théorie financière moderne, qui voudrait que les inefficiences du marché soient gommées au fil du temps): non, tous les mois ne se valent pas en Bourse.
D'un point de vue statistique, certaines périodes -typiquement pendant l'été- sont en général moins porteuses que d'autres. L'hiver est d'habitude plus propice avec l'effet Halloween.
Et en ce mois de septembre, la question revient naturellement sur le devant de la scène. Surtout que ce neuvième mois de l'année a débuté sur une mauvaise note, le CAC 40 ayant perdu 3,65% sur la première semaine. Idem pour le Dow Jones (-2,93%) ou le S&P 500 qui a chuté de plus de 4%.
Les raisons de l'effet septembre
"Ce mois de septembre a démarré dans le rouge comme historiquement pour ce mois de rentrée. Les opérateurs sont de plus en plus inquiets concernant la croissance américaine mais aussi chinoise, ce qui a provoqué des ventes massives dans le secteur technologique ainsi que le secteur du luxe", a rappelé Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l'analyse de marchés chez eToro.
Cette agitation qui a régné sur les places boursières mondiales semble donc donner du crédit à la mauvaise réputation de ce mois de rentrée. "C'est le pire mois de l'année, le S&P 500 a perdu en moyenne 0,87% en septembre depuis 1950. Novembre est en revanche le meilleur mois, puisque le S&P 500 gagne en moyenne 1,63%", a rappelé fin août, John Plassard, spécialiste en investissement chez Mirabaud & Cie, dans l'émission "BFM Bourse" de BFM Business.
Parmi les raisons qui viennent expliquer cette sous-performance historique des indices pendant ce neuvième mois de l'année, John Plassard rappelle la saisonnalité de ce phénomène, avec des investisseurs qui "prennent souvent leurs profits à la fin de l'été". Le spécialiste cite aussi des raisons fiscales pour les fonds communs de placement américains, ou "mutual funds" qui encaissent leurs avoirs pour récupérer leurs pertes fiscales, puisque ces établissements clôturent leur exercice fin septembre.
"Ce qui est très intéressant de noter, et on verra si cette année cette observation se confirme, c'est que les deux dernières semaines de septembre sont les deux plus mauvaises de l'année", ajoute le spécialiste.
Cette période sera d'autant plus intéressante à suivre, relève John Plassard, dans la mesure où les investisseurs prendront connaissance de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), ce mercredi à venir. Elle devrait déboucher sur une première baisse de taux, et cette initiative ne serait "pas très bien appréciée à court terme par les marchés", selon le spécialiste de Mirabaud & Cie. D'autres banques centrales viendront compléter l'agenda de cette deuxième partie de ce mois, comme la réunion de la Banque d'Angleterre, celle du Japon ou encore la Banque nationale suisse.
Une deuxième partie de septembre à risque
John Plassard n'est pas le seul expert de marché à avoir averti du caractère à risque de la deuxième quinzaine du mois de septembre. Gilles Guibout, responsable des actions européennes chez AXA IM a également rappelé la sous-performance du S&P 500 sur la période à l'antenne de"BFM Bourse" de BFM Business.
"Le S&P 500 a réalisé en moyenne une performance de -0,5% sur la deuxième semaine de septembre qui est la pire période de l'année", avance-t-il. Généralement, les quinzaines qui suivent sont, depuis 1950, en moyenne positives. Les marchés sont "dans une période d'incertitude avec l'échéance électorale qui se présente aux Etats-Unis, donc il y a peu de raisons d'être optimistes pour les quinze prochains jours", poursuit le spécialiste de marché. "La statistique nous dit qu'il est urgent d'être prudent pendant les quinze prochains jours", prévient-il.
Pour autant, Gilles Guibout estime que ce risque de marché pourrait donner lieu à des opportunités pour faire des achats à bon compte. "La baisse qui pourrait se produire pourrait être mise à profit pour réaliser des emplettes de fin d'année", note-t-il. Et donc de profiter de l'effet Halloween ou "Halloween effect" qui implique que la période de novembre à avril offre le plus fort potentiel de hausse sur les marchés financiers.