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Marché : Nestlé se retrouve sous pression à la Bourse de Zurich après son changement de directeur général

vendredi 23 août 2024 à 11h15
Nestlé recule en Bourse

(BFM Bourse) - Le géant agroalimentaire suisse a annoncé le départ de Mark Schneider, arrivé en 2017, et qui sera remplacé par le Français Laurent Freixe. Un changement managérial qui pose quelques questions.

Nestlé est à la peine en Bourse depuis quelque temps. Cinquième plus forte plus capitalisation boursière en Europe, le groupe accuse une baisse de 10,4% depuis le début de l'année et de 17,7% sur un an. Son rival français Danone s'en sort bien mieux, s'adjugeant 4% sur l'ensemble de 2024 et 16% sur un an, grâce au déploiement de la stratégie de son patron Antoine de Saint-Affrique, arrivé en 2021.

Nestlé avait d'ailleurs perdu 5% le 25 juillet dernier, après avoir été contraint d'abaisser ses prévisions de ventes pour l'exercice en cours, invoquant un environnement de consommation difficile.

Fallait-il un électrochoc pour relancer la machine? Le groupe suisse a en tout cas annoncé jeudi soir le départ de son directeur général, Mark Schneider, qui avait pris en 2017 les commandes de la société.

Le dirigeant sera remplacé le 1er septembre par le Français Laurent Freixe, actuellement directeur général de la zone Amérique latine. Arrivé chez Nestlé en 1986, le Français avait également dirigé les zones "Europe", de 2008 à 2014, puis "Amériques".

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Le moment était venu de changer

"Grâce à sa connaissance approfondie de la culture et des valeurs de Nestlé, il a dirigé plusieurs initiatives mondiales visant à améliorer la productivité, à accroître l'efficacité opérationnelle, à simplifier les processus et à stimuler l'innovation", fait valoir Nestlé dans un communiqué.

Lors d'une conférence avec des analystes organisée vendredi matin, le président du conseil d'administration, Paul Bulcke a reconnu que ce changement pouvait "surprendre". "Mais nous avons convenu que le moment est venu pour un changement", a-t-il ajouté, cité par l'AFP.

"Qu'est-ce qui a changé si soudainement ? Les situations sont différentes, les qualités nécessaires aussi", a-t-il poursuivi. "Mark [Schneider] a fait du bon boulot, mais je crois que Laurent [Freixe]" et ses 38 années d'expérience dans le groupe "est parfaitement aligné avec la stratégie."

Reste que le marché fronce quelque peu les sourcils après cette annonce. À la Bourse de Zurich, l'action Nestlé cède 2,4% vendredi vers 11h, après avoir ouvert en baisse de plus de 3,7%.

Si la performance récente de Nestlé en Bourse a pu décevoir, le bilan à moyen terme de Mark Schneider est plus flatteur.

Royal Bank of Canada note que l'action Nestlé a sous-performé son indice sectoriel, le MSCI European Consumer Staples, de 11% l'an passé. "Mais au vu du contexte de la surperformance de 22% depuis que Mark Schneider a été nommé directeur général en janvier 2017, cela ne semble pas trop mal", relève la banque canadienne. "Il est vrai que nous avons entendu un certain mécontentement de la part des investisseurs au cours des derniers mois, mais nous n'avions pas l'impression que cela entraînerait le départ de Mark", ajoute-t-elle.

Plusieurs interrogations

Royal Bank of Canada explique que le changement de directeur général soulève des "questions" auxquelles la conférence téléphonique de ce vendredi matin n'a pas forcément répondu.

"La raison pour laquelle Nestlé a soudainement changé de directeur général n'était pas tout à fait clair", souligne l'établissement.

"Nous sommes encore un peu perplexes. Le nouveau directeur général, Laurent Freixe, a reconnu que Nestlé gagnait des parts de marché dans de nombreux endroits, mais qu'il voulait faire mieux. Et même si nous comprenons parfaitement qu'il n'a pas eu beaucoup de temps pour rassembler ses idées, ses priorités concernant la croissance des parts de marché et des ventes, l'investissement dans l'entreprise et les économies de productivité ne semblent pas radicales", explique Royal Bank of Canada.

Dans une note publiée avant l'ouverture du marché, Deutsche Bank estime que ce changement de direction a de quoi être reçue négativement par le marché. "Des points d'interrogation subsisteront quant au degré de redressement du 'RIG' (un indicateur alternatif de croissance des ventes de Nestlé, NDLR) au second semestre, au maintien de la fourchette de marge prévue pour 2025 et à la possibilité d'une augmentation des niveaux de productivité", explique la banque allemande.

UBS pointe de son côté l'âge de Laurent Freixe, soit 62 ans, l'âge qu'avait Paul Bulcke quand il avait confié les rênes de la société à Mark Schneider. Ce qui pose ainsi une question sur la durée de son mandat. L'établissement suisse se demande, comme Deutsche Bank, si la cible de marge de la société en 2025 sera maintenue et si des mesures sur les coûts, comme une restructuration, pourraient être annoncées.

Rendez-vous en novembre

"Le fait d'opter rapidement pour un candidat interne plutôt que de procéder à une recherche prolongée d'un directeur général pourrait ne pas être bien perçu par les investisseurs", explique de son côté Alphavalue/Baader Helvea. "Pour nous, cela peut être considéré comme un message avec l'intention de stabiliser à court terme (l'entreprise, NDLR) plutôt que de (la) transformer à long terme avec de nouvelles idées", poursuit le bureau d'études indépendant.

Jefferies se montre moins sceptique, jugeant qu'"après une année de plus en plus difficile, ce n'est pas une surprise totale de voir un changement de directeur général chez Nestlé". La banque rappelle que Laurent Freixe était déjà en lice pour prendre la tête du groupe en 2016, le conseil d'administration lui préférant alors Mark Schneider, transfuge du groupe de santé allemand Fresenius.

Laurent Freixe aura plusieurs occasions pour détailler sa vision et sa stratégie ces prochains mois. Le groupe publiera ses ventes sur neuf mois le 17 octobre, et, surtout, organisera une journée dédiée aux investisseurs à la mi-novembre. "Nous pensons que le temps est trop court pour que le nouveau directeur général présente des plans de transformation lors de la prochaine journée investisseurs en novembre", estime toutefois Alphavalue/Baader Helvea.

Depuis la mi-2022, Nestlé a pâti d'un sévère coup de frein de sa croissance. "En outre, la société a souffert d'un nombre inhabituellement élevé de gros titres négatifs (pizzas surgelées Buitoni en France, contamination bactérienne de l'eau minérale européenne, problèmes de la chaîne d'approvisionnement de Nestlé Health Science, etc.)", rappelle ce vendredi, UBS.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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