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Marché : Moody's fait perdre aux États-Unis leur précieux triple A, les taux des obligations américaines progressent

lundi 19 mai 2025 à 10h40
Le marché obligataire américain sous pression

(BFM Bourse) - Les rendements des obligations américaines à échéance 10 ans et 30 ans grimpent ce lundi 19 mai après que Moody's a abaissé ce vendredi 16 mai la note souveraine des États-Unis. L'agence de notation a pointé du doigt la hausse de l'endettement des États-Unis et son coût pour le budget fédéral. Le pays perd donc son précieux triple A.

Sous étroite surveillance des investisseurs, le marché obligataire américain refait parler de lui ce lundi 19 mai, avec de vives tensions.

D'environ 4,4% vendredi, le taux d'emprunt à dix ans des États-Unis évolue ce lundi 19 mai, au-dessus des 4,50% à 4,518% sur le marché secondaire, c'est-à-dire celui où les investisseurs s'échangent entre eux leurs titres de dette.

Un marché sous tension

Celui à 30 ans opère une remontée encore plus soutenue, passant de 4,897% vendredi, pour dépasser le seuil symbolique des 5% ce lundi, et faire son retour à des niveaux plus explorés depuis octobre 2023, rappelle Bloomberg.

Cette progression des taux prend ses racines dans la décision de Moody's de dégrader la note des Etats-Unis, vendredi 16 mai.

L'agence de notation a passé sa note sur la dette de crédit américaine de Aaa et l'a rétrogradée à Aa1, en y ajoutant une perspective stable. Elle motive cette dégradation par la hausse de l'endettement des Etats-Unis et de son coût pour le budget fédéral.

Elle était la dernière des trois grandes agences à prendre cette décision. Fitch l'avait dégradé d'un cran, à AA+, en 2023, quand S&P était la première agence de notation à priver les Etats-Unis de leur précieux triple A en 2011.

"L'abaissement de la note des États-Unis de Aaa à Aa1 par Moody's est intervenu quelques heures après que la commission du budget de la Chambre des représentants n'a pas réussi à faire avancer le projet de loi "One, Big, Beautiful Bill" des républicains", rappelle Barclays dans une note publiée ce lundi matin.

"Un abaissement de la note du Trésor n'est pas surprenant dans un contexte où les largesses budgétaires non financées ne cessent de s'accélérer", a déclaré à Bloomberg Max Gokhman, directeur adjoint des investissements chez Franklin Templeton Investment Solutions.

"Selon les premières estimations, qui ne sont pas définitives, les États-Unis pourraient voir leur déficit primaire augmenter jusqu’à 5,800 milliards de dollars au cours des dix années à venir. Cela équivaut à un doublement du taux de croissance de la dette par rapport aux projections législatives actuelles. Toutes choses égales par ailleurs, la dette fédérale pourrait atteindre 59,000 milliards de dollars, soit 134% du PIB en 2034 et 211% en 2055, contre respectivement 117% et 156% selon les précédentes estimations du Congressional Budget Office", explique ce lundi matin Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM .

"Une dangereuse spirale baissière pour les rendements américains"

Or, une telle hausse des taux est très importante sur ce type de marché et peut se traduire par un lourd alourdissement des intérêts payés par les États-Unis sur leur dette. En 2024, ces coûts d'intérêt ont atteint 949 milliards de dollars, selon le Congressionnel budget office.

"Les coûts du service de la dette continueront d'augmenter à mesure que les grands investisseurs, tant souverains qu'institutionnels, commenceront à troquer progressivement les bons du Trésor contre d'autres valeurs refuges. Malheureusement, cela peut créer une dangereuse spirale baissière pour les rendements américains, accentuer la pression à la baisse sur le billet vert et réduire l'attrait des actions américaines", ajoute Max Gokhman. Rappelons que les prix des obligations, par construction, évoluent en sens inverse des rendements exigés par les investisseurs.

L'administration Trump a logiquement rejeté la décision de Moody's et s'en est pris à son économiste en chef Mark Zandi "Personne ne prend son “analyse” au sérieux. Il a été prouvé qu'il avait tort à maintes reprises", a déclaré Steven Cheung, le directeur de la communication de la Maison Blanche sur X (anciennement Twitter)

Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a pour sa part minimisé les répercussions de la décision de Moody's sur la dette américaine et estimé que l'agence de notation "est un indicateur à la traîne", dans un entretien à NBC News.

Les marchés européens prennent acte de cet abaissement sans pour autant paniquer. Lundi, le CAC 40 évolue en baisse de 0,47% à 7.849,70 points, le Dax 40 à Francfort se contracte légèrement de 0,2%, vers 10h20.

Du côté de Wall Street, les indices sont quant à eux attendus avec des replis un peu plus marqués ce lundi. Le Dow Jones devrait ouvrir en baisse de 0,8%, le S&P 500 devrait se contracter de 1,20% quand le Nasdaq perdrait 1,6% dès l'ouverture.

Sabrina Sadgui - ©2025 BFM Bourse
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