FRANCFORT, 19 décembre (Reuters) - Des responsables de la Banque centrale européenne (BCE) ont mis en garde vendredi contre les risques excessifs liés aux dernières prévisions économiques de l'institution, recommandant la prudence dans la définition de la politique monétaire et n'écartant pas d'emblée la possibilité d'une nouvelle baisse des taux d'intérêt.
La BCE a maintenu ses taux inchangés jeudi et a revu à la hausse certaines de ses prévisions de croissance et d'inflation, ce que les investisseurs ont interprété comme un signe de la fin du cycle d'assouplissement monétaire.
Alors que les marchés écartent toute baisse des taux en 2026 et prévoient désormais une hausse en 2027, plusieurs responsables de la BCE, ont mis en garde vendredi contre toute conclusion hâtive.
"Nous ne sommes pas dans une situation confortable en ce qui concerne la situation économique globale, car les incertitudes restent élevées", a déclaré Martin Kocher, gouverneur de la Banque nationale autrichienne (OeNB).
"Cela signifie qu'il y a à la fois la possibilité d'une nouvelle réduction, si cela s'avère nécessaire, et la possibilité d'une augmentation, si cela s'avère nécessaire", a-t-il ajouté.
Des sources au fait des délibérations ont déclaré à Reuters que les responsables de la banque centrale étaient globalement satisfaits des prévisions du marché concernant la stabilité des taux en 2026, mais qu'ils souhaitaient éviter tout signe pouvant écarter un assouplissement supplémentaire de la politique monétaire.
La plupart d'entre eux considèrent que les risques pesant sur la croissance et l'inflation sont équilibrés, même s'ils sont exceptionnellement importants et susceptibles de subir des fluctuations soudaines en raison d'événements géopolitiques.
"Nous sommes toujours dans une bonne position, l'inflation en Europe avoisine les 2% ; on pourrait dire que c'est presque le nirvana pour les banquiers centraux" a dit Olaf Sleijpen, président de la banque centrale néerlandaise. "Mais dans le même temps, nous savons que les risques restent importants", a-t-il ajouté.
S'adressant vendredi au Figaro, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France (BdF), a adopté une position plus modérée, plaidant en faveur d'un "maximum d''optionalité".
"Il y a des risques dans les deux sens sur l'inflation, mais en particulier à la baisse. Nous serons donc agiles autant que nécessaire dans chacune de nos prochaines réunions", a-t-il ajouté.
La BCE a relevé jeudi ses prévisions d'inflation pour 2026, citant une croissance plus rapide des salaires et des services, mais elle anticipé néanmoins que la croissance globale des prix sera inférieure à son objectif de 2% au cours des deux prochaines années.
(François Murphy, Bart Meijer, Essi Lehto, Leigh Thomas, Jesus Aguado, Francesco Canepa et Balazs Koranyi ; version française Diana Mandia ; édité par Augustin Turpin)
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