(BFM Bourse) - Après avoir lâché plus de 10% la semaine dernière et près de 20% depuis son sommet de début janvier, le marché parisien tente un nouveau rebond ce mercredi, en dépit de l'accentuation des sanctions et des nombreuses incertitudes qui demeurent.
Tiendra, tiendra pas? Au sortir de 5 baisses consécutives, et de sa pire performance hebdomadaire (-10,2%) depuis mars 2020, le CAC 40 repart -très- vigoureusement à la hausse ce mercredi matin. Après une ouverture en hausse de près de 3%, l'indice vedette de la Bourse de Paris accroît encore sensiblement ses gains initiaux et affiche un rebond de 4,62% à 6.238,47 points peu avant 11h, dans un volume d'échanges une nouvelle fois spectaculaire, déjà proche des 2 milliards d'euros.
"Le marché parisien devrait tenter un rebond technique ce matin malgré le fait que l'administration Biden a imposé une interdiction des importations américaines d'énergie russe et les nombreuses incertitudes qui règnent sur le dossier ukrainien, la poursuite de la hausse du prix du baril de pétrole et le fait que l’agence de notation Fitch a annoncé qu’un défaut des paiements des obligations souveraines russes était imminent" énumère John Plassard, directeur adjoint des investissements chez Mirabaud.
Autrement dit, certains investisseurs, considérant que les marchés actions ont trop baissé depuis le début de la guerre en Ukraine et leur pic de janvier dernier, ont commencé à racheter des actions, estimant qu'il s'agit d'achats à bon compte et espérant que les cours se reprennent sur le moyen terme. À la clôture de ce mardi, à 5.962,96 points, un plus bas depuis le 25 mars 2021, l'indice phare de la cote tricolore abandonnait en effet 12,05% depuis la clôture du 23 février, date du lancement de l'invasion russe, et 19,2% depuis son sommet historique atteint le 3 janvier.
La veille, le CAC 40 a bouclé la séance sur un recul de 0,32%, un faux-semblant de stabilité alors que le marché est extrêmement volatil, avec de spectaculaires mouvements "intraday" - de l'ordre de 4% mardi et de 6% lundi, entre le creux et le pic du jour. "Il n'y a pas d'actualité particulière ce matin mais l'appétit pour le risque revient légèrement avec une baisse de 6% de la volatilité sur les indices européens, un rebond de l'euro et un autre, plus prononcé, des cryptomonnaies avec également une relative détente sur les cours de certaines matières premières (gaz et pétrole)" relève Alexandre Baradez, responsable des analyses marchés pour IG.
Fort rebond des valeurs sanctionnées depuis le début de la guerre
Les investisseurs parisiens décident donc de revenir massivement vers les valeurs les plus sanctionnées, voire massacrées, certains fleurons de la cote tricolore ayant abandonné plus d'un tiers de leur valeur sur les deux dernières semaines. C'est notamment le cas de Société Générale, Alstom ou Renault, qui rebondissent respectivement de 7,7%, 8,3% et 8% ce mercredi peu avant 10h.
Le palmarès est même complètement renversé par rapport à la tendance des dernières semaines, les rares valeurs qui ont largement profité de la situation géopolitique (secteurs de l'armement et de l'énergie notamment) étant les seules dans le rouge ce mercredi. On pense notamment à Thales (-1,5%) et Dassault Aviation (-2,6%), mais aussi à plusieurs valeurs parapétrolières, comme le spécialiste du raffinage Esso (-3,4%), celui de la prospection Schlumberger (-3%) ou l'équipementier Vallourec (-2%).
Dans l'autre sens, d'autres rebonds notables sont à souligner, à commencer par ceux de Faurecia (+11,2%) et Valeo (+9,2%), qui ont grandement souffert -à l'image de l'ensemble du secteur automobile- depuis plusieurs semaines - Stellantis (+7,6%) et Michelin (+7,4%) en profitent aussi. Les investisseurs reviennent aussi massivement à l'achat sur le compartiment bancaire (+8,9% pour BNP Paribas, +6,7% pour Crédit Agricole), ainsi que sur d'autres valeurs délaissées (+8,2% pour Veolia, +7,9% pour URW).
Le spécialiste des services d'entretien et d'hygiène Elis gagne également 8,7% malgré la présentation de résultats annuels sans surprise particulière, et même en-deçà des attentes de Midcap Partners sur le bénéfice net. Le groupe a néanmoins fait part d'objectifs jugés relativement ambitieux pour 2022, notamment sur la croissance de ses revenus, attendue entre 13 et 15%.
Le pétrole consolide au lendemain de l'embargo
Au chapitre pétrolier, les cours des principales références consolident ce mercredi matin après leur folle hausse des derniers jours, avec en point d'orgue l'embargo décrété mardi par les États-Unis et le Royaume-Uni contre le pétrole et le gaz russes. Dans la foulée de l'annonce de la Maison Blanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est dit "reconnaissant envers les États-Unis et envers le leadership" de Joe Biden pour ce "coup porté au cœur de la machine de guerre de Poutine" - et les cours ont bondi à plus de 130 dollars, des niveaux inédits depuis 2008. Alors que les prix du gaz atteignent de leur côté des sommets jamais atteints auparavant, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a estimé ce mercredi que la crise énergétique actuelle est "comparable en intensité, en brutalité, au choc pétrolier de 1973". Vers 11h25 néanmoins, les cours des références mondiales de brut que sont le Brent et le WTI temporisent, le premier s'échangeant à 126,5 dollars (-0,8% par rapport à la veille) quand le second se traite à 122,3 dollars (-1,3%).
Sur le Forex, ou marché des devises, la monnaie unique accentue nettement son rebond entamé la veille et reprend 0,73% face au billet vert, à 1,0985 dollar.