(BFM Bourse) - Jerome Powell a récemment estimé que son salaire annuel d'environ 190.00 dollars était correct. Mais, comme le souligne Bloomberg, il s'avère à peine en ligne avec les émoluments de base d'associés dans des banques d'investissements. Et, très loin de ceux des présidents de la BCE, la Banque d'Angleterre ou la Banque nationale de Suisse.
Jerome Powell porte une lourde responsabilité. Un seul de ses mots peut influencer les marchés et créer ainsi des mouvements de centaines voire de milliers de milliards de dollars. Il est donc normal que sa rémunération soit, dans l'absolu, relativement élevée.
Comme l'a rapporté Bloomberg, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) a déclaré, lors d'une session de questions-réponses la semaine dernière avec le cofondateur de la société d'investissement Carlyle, David Rubenstein, toucher autour de 190.000 dollars par an. Une rémunération qu'il juge "fair" c'est-à-dire correcte.
Pourtant, l'agence de presse américaine souligne que cette rémunération, qui est fixée par le Congrès américain, est jugée par trop faible par des observateurs, "certains avançant qu'elle ne reflète pas son rôle de chef de file de l'institution garante de la plus importante économie au monde", écrit-elle.
Plus de deux fois moins que Christine Lagarde
Citant des chiffres du site spécialisé Wall Street Oasis de 2021, l'agence américaine explique que ses émoluments arrivent tout juste dans la fourchette du salaire de base d'un associé d'une banque d'investissement à Wall Street, qui selon Bloomberg, possède en règle générale au moins trois ans d'expérience, soit quand même beaucoup moins que Jerome Powell, qui a 70 ans.
De plus on ne parle que de la rémunération brute de base. Or les employés des banques obtiennent des bonus en fin d'année, ce qui gonflent substantiellement leur rémunération. En intégrant cet élément, la rémunération de Powell est plus proche d'un analyste financier employé par une banque avec une ancienneté de trois ans (194.000 dollars par an).
La rémunération de Powell est "choquante pour l'un des postes financiers les plus puissants au monde", déclare à Bloomberg, Patrick Curtis, fondateur de Wall Street Oasis. "Les gens s'accrochent à la moindre syllabe de Jerome Powell. Ce qu'il dit peut faire dévier les marchés dans d'autres directions. Si vous regardez l'ensemble, il gagne juste un peu plus qu'un analyste de première année qui sort de l'université. Cela rend la rémunération à Wall Street encore plus impressionnante", poursuit-il.
On pourrait avancer que Jerome Powell possède une rémunération similaire à celle de ses collègues des autres banques centrales. Mais il n'en est rien.
Selon les comptes annuels de la Banque centrale européenne, la rémunération annuelle brute de Christine Lagarde, son homologue au sein de l'institution européenne, s'élevait à 421.308 euros au titre de 2021, contre, donc, 180.000 euros pour Jerome Powell (sur la base d'une conversion réalisée par nos soins).
Un patrimoine important
Andrew Bailey, le gouverneur de la Banque d'Angleterre a lui obtenu une rémunération totale de 597.592 livres au titre d'un exercice 2021-2022, clos en mars 2022, soit un peu plus de 671.000 euros. Autre exemple, celui du président de la Banque nationale Suisse (BNS), Thomas Jordan, dont la rémunération totale s'est inscrite à 945.000 de francs suisses en 2021, soit 956.000 euros environ, selon le rapport de gestion de l'institution helvétique.
Reste que Jerome Powell a bâti la majeure partie de sa fortune sur ses précédentes fonctions d'avocat et banquier d'affaires. Selon plusieurs médias américains, son patrimoine net était évalué entre 20 millions et 55 millions de dollars au moment de sa nomination, en 2017, Bloomberg arrivant pour sa part à un chiffre de plus de 110 millions de dollars. Les Echos évoquent de leur côté une fortune hors immobilier, en moyenne, à 65 millions de dollars.
