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Marché : Le coût d'emprunt du titre de dette de la France à 30 ans atteint un nouveau plus haut depuis 2011

vendredi 11 juillet 2025 à 12h53
Les coûts d'emprunt de la France montent

(BFM Bourse) - Le rendement de l'obligation assimilable du Trésor français à 30 ans a dépassé les 4,2% ce vendredi. La faute à un regain d'appétit pour le risque récent, qui pénalise les obligations, ainsi qu'à des inquiétudes sur la soutenabilité des finances publiques tricolores.

Petit signal d'alerte du côté de la dette française ce vendredi 11 juillet. Le rendement de l'obligation à 30 ans de la France a atteint son plus haut niveau depuis avril 2011, quand le pays faisait face à la crise de la dette souveraine de la zone euro.

Dans la matinée de ce vendredi 11 juillet, le rendement de cette obligation s'est inscrit à 4,216%, selon les données d'investing.com, sur le marché secondaire, c'est-à-dire le marché où les investisseurs s'échangent entre eux les titres de dette.

Ce coup de chaud n'est pas propre à la France, toutefois. L'Allemagne a vu le rendement sur son titre de même échéance atteindre 3,23% ce vendredi, ce qui représente aussi un plus haut depuis 2011.

Deutsche Bank estime que de bonnes statistiques américaines publiées jeudi, notamment les inscriptions hebdomadaires au chômage, ont soutenu l'appétit pour le risque. Ce qui porte les actifs risqués comme les actions au détriment des titres plus sûrs, comme les obligations. Cette tendance s'est particulièrement observée sur les échéances de dette de plus longue maturité, observe Deutsche Bank.

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Déficit mal maîtrisé

"Il y a un sujet sur l'échéance à 30 ans car elle est moins demandée par les investisseurs étrangers qui ont des doutes sur la soutenabilité de la dette des États, que ce soit aux États-Unis ou en Europe", explique à l'AFP Aurélien Buffault, gérant obligataire de Delubac AM, qui note d'ailleurs des tensions généralisées sur les taux à 30 ans.

Les taux progressent, toujours "animés par l'actualité sur les droits de douane" et l'incertitude qui en résulte, poursuit-il. Mais les investisseurs se posent également "des questions sur la soutenabilité de la dette française à une échéance si lointaine".

Le 30 ans est une échéance moins scrutée que le rendement de l'obligation à 10 ans, qui reste la référence des analystes, notamment pour comparer les taux d'emprunts entre chaque pays.

Récemment, le ministre de l'Économie, Éric Lombard, s'était ému que l'Italie emprunte désormais moins cher que la France à cinq ans, une première depuis 20 ans. Ce qui n'est toutefois pas vrai sur le taux de l'obligation à 10 ans (3,57% pour l'Italie, 3,41% pour la France).

Mais les écarts entre les coûts d'emprunts de la France et ceux des pays du Sud de l'Europe se sont récemment resserrés. Ces pays assainissent progressivement leurs finances publiques quand la France éprouve toutes les peines du monde à réduire son déficit.

Après un déficit public représentant 5,8% du produit intérieur brut (PIB) en 2024, la Commission européenne table sur un taux pour la France de 5,6% pour 2025 et de 5,7% en 2026. L'Espagne elle passerait, selon les projections de Bruxelles, sous les 3% cette année (2,8%), l'Italie arriverait à 3,3%, le Portugal serait proche de l'équilibre (0,1%) tandis que la Grèce s'en rapprocherait (0,7%).

Risque politique

Dans une note publiée fin juin, la banque Barclays soulignait que "les investisseurs (étaient) de nouveau plus nerveux à l'égard de la France".

L'établissement britannique estime que l'échec des négociations entre les partenaires sociaux sur les contours de la réforme des retraites, avec à la clef une motion de censure qui n'a pas abouti, a remis en évidence la fragilité du gouvernement français.

"Bien que nous ne nous attendions pas à une répétition du stress de l'été dernier, car il est peu probable que le président Macron convoque de nouvelles élections anticipées même si le gouvernement s'effondre (il peut simplement nommer un nouveau Premier ministre), nous pensons que la faiblesse de la macroéconomie, comme en témoignent les mauvais indices PMI (des indicateurs d'activité du secteur privé, NDLR) de juin, et les négociations budgétaires potentiellement délicates, peuvent justifier une prime de risque plus élevée sur les marchés français", développait Barclays.

Morgan Stanley, dans un rapport consacré à la France cette semaine, estimait que de nouvelles dégradations de la note de crédit du pays de la part des agences de notation restait "un risque contenu". Mais la banque américaine jugeait que les obligations françaises demeuraient exposées "à l'incertitude politique".

"Le risque d'élections anticipées plane sur les prochaines négociations budgétaires", écrivait également Morgan Stanley. Dans le cas d'élections législatives anticipées, la banque américaine estime que l'écart entre les rendements à 10 ans des obligations italiennes et françaises tomberaient à 0.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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