(BFM Bourse) - La place stambouliote baisse nettement lundi alors qu'aucun des deux candidats n'a été en mesure de remporter le scrutin au premier tour.
La présidentielle turque reste indécise, et l'incertitude n'est jamais porteuse pour les marchés. En témoigne: la chute de la Bourse d'Istanbul ce lundi, au lendemain de la tenue du premier tour de l'élection.
La place stambouliote abandonne ainsi 3,1% vers 11h50. Selon l'agence Reuters un "coupe-circuit", soit une interruption des échanges en cas de forte volatilité, a eu lieu en début de cotation, alors que le BIST 100, le plus important indice de la Bourse turque, abandonnait plus de 6,3%. La livre turque, elle, baisse face au dollar, le billet vert prenant 0,4% face à la devise turque à 19,6566 livres turques.
Le premier tour de l'élection ne devrait, sauf improbable retournement de dernière minute, pas permettre de donner un vainqueur. Ni Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 20 ans dans le pays, ni le candidat d'opposition, Kemal Kiliçdaroglu n'ayant franchi le seuil de 50%. Selon l'AFP après dépouillement de 99% des bulletins de vote, Erdogan recueille 49,4% des voix, contre 44,95% pour son principal opposant social-démocrate. Le second tour doit avoir lieu le 28 mai et chacun des deux candidats a affirmé sa confiance dans sa victoire finale à l'issue du scrutin.
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L'hétérodoxie économique en question
"Les résultats sont plutôt encourageants pour Erdogan dont le parti devrait conserver sa majorité au parlement et qui a de grande chance de l’emporter au second tour. Cela réduit les incertitudes sur la Turquie à court terme, mais renforce les risques géopolitiques à moyen terme (la Turquie est un membre de l’OTAN)", juge Xavier Chapard de La Banque Postale Asset Management.
Cette bonne performance d'Erdogan prend néanmoins de court le marché, les investisseurs n'ayant pas tablé sur un aussi bon score du président sortant, remarque Bloomberg.
"C'est une déception majeure pour les investisseurs qui espéraient une victoire pour le candidat d'opposition qui a promis la fin de la politique économique hétérodoxe", souligne Hasnain Malik, stratégiste du cabinet Tellimer, cité par l'agence de presse. "Les deux semaines à venir seront caractérisées par un haut niveau d'incertitude", ajoute-t-il.
Rappelons que Recep Tayyip Erdogan et Kemal Kiliçdaroglu ont des visions diamétralement opposées de l'économie. Le président sortant a mis l'accent sur la croissance à tout prix, en s'obstinant à refuser des hausses de taux directeurs de la part de la Banque centrale du pays – dont l'indépendance reste faible – alors que le pays connaît une hyperinflation. Face à cette politique économique bien peu conventionnelle (c'est un euphémisme), le candidat de l'opposition a promis un retour à une politique économique libérale, orthodoxe, avec une banque centrale indépendante et crédible.