(BFM Bourse) - Après 4,3% de baisse lundi, le titre Philip Morris International -propriétaire de la marque de cigarettes Marlboro- cède encore plus de 6% en début de séance mardi à Wall Street, à l'annonce d'un projet de fusion avec son ancienne maison mère. PMI avait en effet été scindé d'Altria en 2008, sans dissocier entièrement le groupe d'agroalimentaire de l'univers du tabac (Altria avait conservé l'exploitation de la marque Marlboro sur le marché américain).
Alors que Philip Morris International (PMI) affiche depuis le début de l'année, et d'une façon générale depuis leur séparation en 2008, une performance boursière supérieure à celle d'Altria, à l'échelle des dernières séances c'est PMI qui se trouve nettement à la peine face à son ancienne maison mère, dans la perspective de voir les deux sociétés à nouveau réunies.
Altria (précédemment dénommé Philip Morris Companies) est le reliquat d'un plus vaste conglomérat comprenant à la fois des actifs dans l'agroalimentaire -devenus Kraft Foods, scindés en 2007- et dans le tabac, dont Philip Morris International. Scindée en 2008, cette dernière entité a repris les activités internationales de la branche cigarettière d'Altria. Altria est un nom créé de toutes pièces, visant à dissocier l'entreprise de l'univers du tabac (Philip Morris étant aussi une marque de cigarettes connue), bien qu'en réalité elle opère toujours dans se secteur mais uniquement sur le marché des Etats-Unis (exploitant sur ce territoire les licences de Marlboro mais aussi Chesterfield, L&M ou Benson & Hedges).
En outre, le produit des cessions de Kraft et de PMI a été réinvesti par Altria au capital du brasseur ABInBev, ce qui lui rapporte d'importants dividendes, mais également dans le secteur des cigarettes électroniques (au capital de JUUL Labs) ou du cannabis (via le canadien Cronis).
Néanmoins, c'est toujours Philip Morris International qui dégage les plus fortes marges (proche de 40% en 2018) grâce à son positionnement exclusif sur le tabac, produit fortement addictif et donc très facile à vendre à des clients fidèles (pour leur malheur) - ceci bien que l'entreprise affiche désormais sa volonté de contribuer à "un monde sans fumée". L'an dernier, l'entreprise a généré un flux de trésorerie opérationnel de 9,5 milliard de dollars, contre 8,4 milliards chez Altria.
Les rumeurs de rapprochement avaient commencé à se développer dans la mesure où, à terme, toutes deux misent sur les alternatives au tabac à fumer. Lundi, une note du bureau d'études de Wells Fargo avait développé cette hypothèse, notant qu'il apparaîtrait logique que PMI puisse s'appuyer sur JUUL (détenu à 35% par Altria) en vue de se développer sur le segment.
Après une heure de cotation mardi à Wall Street, Altria grimpait de 8,5% (capitalisant 95,5 milliards de dollars) alors que PMI perdait 6,4%, soit une capitalisation revenue à 113,3 milliards de dollars, les investisseurs anticipant qu'un rapprochement dégraderait mécaniquement la rentabilité par rapport à celle de Philip Morris International, tandis qu'au contraire Altria verrait la sienne s'améliorer.