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Totalenergies réduit ses rachats d'actions pour ne pas s'endetter : Est-ce un mal pour un bien en Bourse?

Aujourd'hui à 15:46
Totalenergies donne de la clarté au marché

(BFM Bourse) - Le groupe pétrolier a annoncé mercredi soir un abaissement des montants de rachats d'actions qu'il opère chaque trimestre. Une annonce qui a le mérite d'apporter de la visibilité aux actionnaires, permettant aux investisseurs de se projeter sur les fondamentaux.

Totalenergies a surpris le marché, mercredi soir. Quelques jours avant une journée investisseurs à hauts enjeux, lundi prochain, la major pétrolière a livré une série d'annonces qui étaient attendues pour la semaine prochaine.

Le groupe a notamment confirmé viser une production annuelle moyenne d'énergies (pétrole, gaz, électricité) en croissance de 4% par an à l'horizon 2030.

Le conseil d'administration du groupe a par ailleurs approuvé le projet de transformation à New York de son ADR - des certifications de dépôts d'actions qui permettent aux investisseurs américains de spéculer sur des groupes étrangers – en actions ordinaires. La société planche sur ce projet depuis le printemps 2024.

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Une cadence diminuée

L'annonce la plus saillante reste toutefois la baisse de cadence sur les rachats d'actions. Depuis plusieurs années, la société de La Défense acquiert pour environ 2 milliards de dollars de ses propres titres par trimestre, soit 8 milliards de dollars par année.

Totalenergies a décidé de passer un coup de canif. La société a indiqué mercredi soir que ce rythme passerait à 1,5 milliard de dollars au quatrième trimestre 2025, portant donc le total à 7,5 milliards sur 2025.

Pour 2026, l'entreprise présidée et dirigée par Patrick Pouyanné anticipe des rachats de titres compris entre 750 millions et 1,5 milliard d'euros par trimestre, soit donc de 3 milliards à 6 milliards de dollars sur l'ensemble de l'année. Ces indications reposent sur certaines hypothèses à savoir un prix du Brent, la référence internationale des cours du pétrole, allant de 60 dollars à 75 dollars le baril et un euro autour de 1,20 dollar.

À l'heure actuelle le Brent évolue autour de 68 dollars le baril. L'euro s'inscrit de son côté autour de 1,17 dollar.

S'adapter à la baisse des prix de marché

Rappelons que le retour à l'actionnaire (les dividendes et les rachats d'actions) demeure un critère d'attractivité important pour les groupes pétroliers auprès du marché. Pour donner un autre exemple, l'américain Exxonmobil compte acquérir pour 20 milliards de dollars de ses propres titres cette année.

Totalenergies a justifié sa décision en évoquant la nécessité de s'adapter à "l'évolution des prix des hydrocarbures, des marges de raffinage et pétrochimiques et du taux de change dollar-euro".

Depuis le début de l'année, les prix du pétrole se situent à des niveaux bas, en raison des incertitudes économiques et des hausses de production de la part plusieurs pays membres de l'Opep+ (l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés).

Le Brent peine à dépasser les 70 dollars le baril (son cours a évolué entre 58 dollars et 79,5 dollars).

Patrick Pouyanné avait expliqué en juillet que la société était "confortable" à l'idée de racheter 2 milliards de dollars d'actions par trimestre, si le Brent s'inscrivait au-dessus de 70 dollars le baril et que le ratio d'endettement du groupe (la dette nette rapportée à l'ensemble du passif) restait sous les 15%.

À fin juin dernier ce ratio s'élevait à 18%, l'entreprise précisant que le chiffre tombait à 15% en excluant certains impacts temporaires dont des effets saisonniers sur le besoin en fonds de roulement.

Bank of America estimait de son côté que Totalenergies avait besoin d'un Brent à 80 dollars le baril pour financer de manière "organique", c'est-à-dire sans s'endetter, ses investissements, le paiement de son dividende et des rachats d'actions de 2 milliards de dollars par trimestre.

Le marché ne sourcille pas trop

Plus largement, plusieurs analystes avaient prévenu qu'en raison de la hausse récente de son ratio d'endettement et de sa moindre génération de cash, Totalenergies allait probablement réduire la voilure sur les rachats d'actions.

À titre d'exemple, dans une note publiée mardi, UBS estimait que le groupe pétrolier se devait de mettre à jour sa politique en matière de rachats d'actions au vu "de l'écart croissant entre la génération de trésorerie et le retour à l'actionnaire".

La banque suisse s'attendait ainsi à ce que Totalenergies abaisse à 7,5 milliards de dollars ses rachats d'actions pour 2025 (ce qui sera donc finalement le cas) et 6 milliards de dollars en 2026.

Si bien que le marché avait, de l'avis des analystes, déjà anticipé un coup de rabot sur les rachats d'actions.

"Nous pensons que la récente faiblesse du titre reflète déjà une réduction potentielle des rachats d'actions, et nous prévoyons que Totalenergies passera à un rythme de rachat annuel de 4 milliards de dollars au quatrième trimestre", avançait Royal Bank of Canada.

Ce jeudi, le marché ne prend pas vraiment ombrage des annonces de Totalenergies. L'action du pensionnaire du CAC 40 recule d'à peine 0,11% vers 16h, une variation inférieure à celle de l'indice parisien (-0,5%).

Le repli est d'autant plus limité qu'en parallèle des annonces du groupe, la banque allemande Berenberg a abaissé son conseil sur le titre à "conserver" contre "acheter", ce qui peut aussi peser sur le cours. L'établissement cite, pour justifier sa décision, les investissements nécessaires pour financer les projets de croissance du groupe et qui réduisent le cash susceptibles d'être reversé aux actionnaires.

Davantage de clarté

In fine, les annonces de Totalenergies sur ses rachats d'actions ont l'avantage de lever une incertitude pour ses actionnaires et de permettre au marché de se projeter sur d'autres sujets.

Royal Bank of Canada estime ainsi que communiquer cette décision avant la journée investisseurs de lundi "devrait permettre de dégager ce sujet de la route et mettre davantage l'accent sur la croissance du flux de trésorerie disponible et l'orientation stratégique". La banque canadienne a un conseil à "surperformance" sur l'action.

UBS considère qu'à court terme le marché peut être déçu des annonces du groupe. Le consensus (la prévision moyenne des analystes) Visible Alpha anticipait des rachats d'actions de 5,1 milliards de dollars pour 2026 quand les indications de Totalenergies font ressortir un chiffre de 4,5 milliards de dollars, en milieu de fourchette, remarque la banque suisse.

Mais UBS ajoute que cette décision a des vertus sur le plus long terme. Ces orientations plus précises de la part de la société "apportent un cadre plus soutenable et une visibilité utile pour l'année prochaine", considère la banque.

Bank of America salue même un "garde-fou bienvenu sur les rachats d'actions" avec des changements "limités sur les perspectives sous-jacentes de flux de trésorerie". La banque américaine apprécie la plus grande clarté apportée par le groupe sur sa politique de retour à l'actionnaire.

Une décote prête à se résorber?

Bank of America calcule, par ailleurs, que les nouvelles indications du groupe impliquent un rendement total en termes de retour à l'actionnaire de 9% à 11% (un rendement de 7% pour le dividende et 4% à 2% pour les rachats d'actions), ce qui reste élevé par rapport à la moyenne du secteur en Europe (9%).

Oddo BHF, de son côté, estime même que l'ensemble des annonces de Totalenergies de mercredi soir s'avère "positives".

"Le titre offre la meilleure croissance de production dans le secteur avec le meilleur ROACE (le retour sur capitaux employés moyens, un indicateur de rentabilité des fonds propres) et une excellente résilience en cas de baisse des prix du pétrole", avance le courtier.

Oddo BHF apprécie par ailleurs la décision de Totalenergies de transformer son ADR en actions ordinaires à la Bourse de New York, Wall Street étant réputée pour mieux valoriser les groupes pétroliers et parapétroliers que les marchés européens.

"Cela facilitera l’accès aux investisseurs américains aux titres du groupe et améliorera leurs liquidités", explique le courtier. "Parallèlement cela pourra faciliter un re-rating (une appréciation des multiples boursiers, NDLR) du titre" alors "que l’action de Totalenergies se traite aujourd’hui avec une forte décote par rapport à ses pairs américains" avec un multiple de flux de trésorerie de 4,5 contre 8 pour les sociétés américaines, ajoute le bureau d'études.

À noter que les analystes s'attendent à ce que Totalenergies annonce lundi prochain une baisse de ses dépenses annuelles d'investissements ("capex"). À l'heure actuelle, ces "capex" sont prévus entre 16 milliards et 18 milliards de dollars par an. Oddo BHF pense que que le haut de la fourchette pourrait être ramené à 17 milliards de dollars, avec une réduction de la voilure dans les renouvelables. Royal Bank of Canada est sur la même prévision tandis qu'UBS les voit plutôt autour de 16 milliards de dollars en 2026 et 2027.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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