(BFM Bourse) - L'équipementier sportif a publié des résultats préliminaires au titre de son premier trimestre qui se sont avérés supérieurs aux attentes. Fort de ce début d’année dynamique, Adidas a aussi relevé ses perspectives pour 2024. A la Bourse de Francfort, le titre renoue avec les niveaux qui étaient les siens deux ans auparavant.
Depuis plusieurs trimestres, Adidas s’adonne à une nouvelle pratique de communication financière, en publiant des résultats préliminaires. La dernière livraison anticipée du groupe allemand d'octobre 2023 avait été déjà appréciée du marché et avait débouché sur des commentaires d'analystes plus qu'élogieux.
"Nous pensons qu'Adidas devrait commencer l'année 2024 sur des bases plus saines, la priorité de la direction étant de renforcer l'image de la marque et de regagner des parts de marché - l'expansion des marges étant une conséquence de l'amélioration du chiffre d'affaires plutôt qu'un objectif à court terme en soi", avait jugé HBSC.
La banque sino-britannique a eu le nez creux puisque la publication préliminaire du premier trimestre d'Adidas s'avère supérieure aux attentes.
Sur les trois premiers mois de l’année, les revenus d’Adidas ont augmenté de 4% en glissement annuel pour atteindre 5,5 milliards d'euros. Hors effets de changes, la croissance est de 8%, ce qui est deux fois supérieur au consensus cité par Oddo BHF (4%) qui de son côté tablait sur une progression de 5% des ventes , hors effets devises.
Il s'agit d'une "bonne performance" pour l’intermédiaire financier "compte tenu des commentaires prudents de Nike sur ses perspectives" d'autant plus que (le rival allemand d'Adidas, NDLR) Puma devrait enregistrer une baisse de 1% de son chiffre d'affaires au premier trimestre".
Pari gagnant
La marque aux trois bandes a fait le pari de remettre au goût du jour ses modèles emblématiques des années 70 telles que les Samba, ou les Campus, ce qui s'est avéré payant.
"La croissance a été tirée par le lifestyle, soutenu par des franchises de chaussures en forte croissance (Samba, Campus...)", analyse ainsi Stifel qui précise qu’Adidas n’a pas détaillé la ventilation de ses ventes par région.
Un peu plus bas dans les comptes, Adidas annonce un résultat opérationnel en très forte progression. Il s’est établi à 336 millions d'euros au premier trimestre 2024, contre 60 millions d’euros un an plus tôt.
Là aussi, l’équipementier sportif explose les attentes des analystes. Oddo BHF s’attendait à ce qu’Adidas communique un résultat opérationnel de 169 millions d’euros, quand Deutsche Bank était moins ambitieux et tablait pour sa part sur 136 millions d’euros de résultat opérationnel.
Adidas dit aussi avoir vendu 150 millions d'euros de produits Yeezy - marque que le groupe ne souhaite plus exploiter à la suite de la fin de sa collaboration avec le chanteur controversé Kanye West - sur les trois premiers mois de l'année, pour une contribution d'environ 50 millions d'euros au résultat d'exploitation.
"En raison des performances supérieures aux attentes enregistrées au cours du trimestre, l'entreprise a revu à la hausse ses prévisions pour l'ensemble de l'année", a expliqué Adidas.
Fort de très bon ce début d’année, le groupe a relevé ses prévisions pour son exercice 2024. L’équipementier table désormais sur une croissance de ses ventes de l'ordre de 5% à 10% à taux de change constants contre seulement 5% auparavant.
Le résultat opérationnel est quant à lui attendu à environ 700 millions d'euros sur l'année 2024, au lieu des 500 millions d’euros annoncés en mars dernier.
"Cette fois-ci, le relèvement des prévisions pour l'exercice 2024 n'a pas grand-chose à voir avec la mécanique Yeezy, mais bien au développement de la marque Adidas qui s'opère à plein régime", apprécie pour sa part Stifel.
Dans ses prévisions, la société suppose que la vente des stocks Yeezy générera 200 millions d'euros de revenus supplémentaires mais n'apportera "aucune contribution supplémentaire au bénéfice pendant le reste de l'année".
A la Bourse de Francfort, Adidas s'adjuge 8,1% ce mercredi après-midi, après la publication de ces résultats préliminaires supérieurs aux attentes, et ce relèvement de perspectives pour l’ensemble de l’exercice 2024. Le titre renoue avec les niveaux qui étaient les siens deux ans auparavant.
Mais les analystes estiment cependant que les objectifs dévoilés ce jour par Adidas sont encore trop prudents. "Le marché ne croit clairement pas la cible de résultat opérationnel, qui nous semble irréaliste et trop conservatrice", tique Royal Bank of Canada.
Un groupe remis sur pieds
Depuis la fin de l'année 2022, Bjørn Gulden, ancien sportif de haut niveau à la fois en football et en handball et surtout transfuge du petit frère et rival Puma, mène tambour battant le retour d'Adidas à une meilleure fortune.
La pression est telle que le pilote d'Adidas préfère annoncer des prévisions très prudentes et faire ainsi le grand le ménage dans les comptes pour pouvoir ensuite offrir de bonnes surprises au marché.
Un exercice de style qui n'a pas toujours été compris des investisseurs. En marge de la publication de ses comptes annuels, le mois dernier, le groupe avait subi l'ire du marché après avoir annoncé un objectif de résultat opérationnel pour 2024 inférieur au consensus des analystes.
Les analystes d’UBS avaient alors recommandé aux investisseurs de faire preuve de discernement, rappelant que le directeur général du groupe, Bjorn Gulden, est connu pour annoncer des objectifs très prudents. Le groupe avait en effet déclaré anticiper une perte opérationnelle de 750 millions d'euros pour 2023 pour finalement dégager finalement un résultat d'exploitation de 268 millions l'an dernier.
Le groupe allemand commence donc à se remettre progressivement sur pieds. Et veut surtout tourner la page d'une annus horribilis 2022. Adidas avait dû faire une croix sur d’importants revenus en mettant fin à sa collaboration avec Kanye West à la suite des propos antisémites du chanteur.
Une collaboration qui était loin d'être anodine, comme cela peut parfois être le cas avec d'autres vedettes, car de cette association est née la marque Yeezy, dont les ventes (bien que non communiquées par la société) s'avéraient colossales pour le groupe. Deutsche Bank les évaluait autour de 1,7 milliard d'euros (environ 8% du chiffre d'affaires) par an pour une contribution au résultat opérationnel de la société de 750 millions d'euros.
L'équipementier sportif allemand avait alors vu son cours de Bourse être divisé par deux en 2022, plombé par les craintes sur l'inflation, par des stocks élevés (comme pour ses rivaux Nike et Puma) et par le départ de son précédent directeur général.