LONDRES/PARIS (Reuters) -Les groupes aérospatiaux européens Leonardo, Thales et Airbus ont redoublé d'efforts pour tenter de combiner leurs activités satellites dans une coentreprise qui serait valorisée à 10 milliards d'euros et espèrent conclure un accord initial dans les semaines à venir, ont déclaré à Reuters des sources proches du dossier.
Dans le cadre du "Projet Bromo", nommé d'après un volcan indonésien, les trois entreprises envisagent de créer une société de fabrication de satellites européenne à même de concurrencer les rivaux chinois et américains, y compris Starlink d'Elon Musk.
Les pourparlers ont repris après une période difficile au cours de l'été, faute notamment d'accord sur la gouvernance, ont dit trois sources, selon lesquelles un protocole d'accord pourrait être signé d'ici à la fin du mois.
Les signaux politiques ont été encourageants jusqu'à présent, mais les détails relatifs à la propriété et à la gouvernance doivent être approuvés par les nations concernées, ont ajouté les sources. Si elle voit le jour, la coentreprise devrait comprendre des entités dédiées à la protection des intérêts nationaux sensibles.
Les participations exactes de chaque société dans la coentreprise sont encore en cours de discussion.
Un porte-parole de Leonardo s'est refusé à tout commentaire.
Airbus a renvoyé vers une déclaration du directeur général Guillaume Faury, qui a dit en début de semaine que les entreprises se rapprochaient d'un accord et qu'elles discutaient avec les gouvernements européens à ce sujet, estimant que le projet est "en bonne voie".
Thales s'est montré plus prudent : "Aucun accord n'a été trouvé à ce stade. Nous poursuivons notre travail. Tout autre commentaire serait prématuré."
Plusieurs tentatives de création d'un champion européen des satellites ont échoué au cours de la dernière décennie en raison notamment de préoccupations liées à la concurrence et de rivalités nationales.
Mais l'essor spectaculaire de Starlink et l'évolution du marché vers des satellites moins chers et à orbite basse ont accru la pression sur les principaux fournisseurs européens, qui doivent regrouper leurs actifs sous peine d'être évincés du marché.
L'Union européenne cherche parallèlement à renforcer ses capacités souveraines pour pouvoir faire face aux risques géopolitiques et à l'inflexion de la politique américaine.
Les trois entreprises ont des actionnaires gouvernementaux minoritaires et les analystes estiment que tout accord portant sur des actifs et des technologies sensibles nécessiterait une approbation politique.
(Reportage d'Amy-Jo Crowley, Tim Hepher et Mathieu Rosemain, avec la contribution de Giulia Segreti, Elvira Pollina, Giuseppe Fonte et Markus Wacket ; version française Tangi Salaün)
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