(BFM Bourse) - Le groupe allemand spécialisé dans les sandales connaît une séance compliquée ce jeudi 14 août après avoir livré des résultats mitigés au troisième trimestre de son exercice 2025-2026, clos en septembre prochain. La croissance et les marges ont dépassé les attentes mais le canal des ventes en direct aux particuliers déçoit.
Birkenstock s'était introduite en grande pompe à Wall Street, en octobre 2023. L'opération avait alors fait grand bruit. "La notoriété de la marque - décuplée par le succès du film Barbie (l'actrice Margot Robbie porte des sandales Birkenstock dans le long-métrage de 2023, NDLR) - et l'importance financière de cette opération ont suscité un intérêt considérable", écrivait Franck Ceddaha, professeur associé à HEC, sur le site de l'école de commerce, fin 2023.
En choisissant Wall Street plutôt que Francfort, le spécialiste allemand des sandales haut de gamme avait par ailleurs infligé un camouflet à la place d'outre-Rhin.
Cette entrée en Bourse avait toutefois été mal reçue par le marché à l'époque. Introduite à 46 dollars, l'action a chuté de 11% lors de sa première séance, puis de 6,6% et de 3,1% lors des deux séances suivantes.
La société s'était alors montrée bien gourmande pour ses débuts. "La barre semblait un peu trop haute avec une valorisation de huit fois son chiffre d’affaires et de 80 fois son résultat net", expliquait Franck Ceddaha.
>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading
Un parcours chaotique
Depuis ses premiers pas à Wall Street, Birkenstock a connu un parcours boursier un peu chaotique, avec un titre évoluant entre 36 et 64 dollars, et pas mal de sinusoïdes. À la clôture de mercredi, l'action s'échangeait à un peu plus de 50 dollars et donc un tantinet au-dessus de son cours d'introduction en Bourse.
"Cette action va-t-elle enfin trouver des adeptes?", regrettait HSBC en mai dernier. "Nous sommes frappés par le court-termisme des questions (des investisseurs, NDLR) autour de Birkenstock, qui souligne le fait que très peu d'investisseurs à long terme ont consacré beaucoup de temps ou d'argent à cette société, malgré des résultats solides et un modèle économique assez unique, combinant une croissance du chiffre d'affaires comprise entre 15% et 20% et des possibilités d'augmentation des marges, malgré un niveau déjà élevé", détaillait la banque sino-britannique.
HSBC était notamment surprise que le titre pâtisse des développements autour des droits de douane américain (100% de la production du groupe est basée en Europe), alors que la société jouit d'un important "pricing power"
La séance de ce jeudi 14 août, semble une nouvelle fois refléter les hésitations voire la circonspection des investisseurs. Après la publication de ses résultats du troisième trimestre de son exercice 2024-2025, c'est-à-dire d'avril à fin juin, l'action de Birkenstock a d'abord bondi de 4% en préouverture avant de chuter de 5% en début de séance. Quelques minutes plus tard, vers 15h50, l'action ne reculait plus que de 0,8%.
Le groupe allemand a livré des résultats relativement bons, dégageant une croissance de 12% en données publiées, et de 16% en données comparables. La société a dépassé les attentes, le consensus (la prévision moyenne des analystes) se situant à 14,2% en données comparables, selon Bernstein.
Plus fort qu'Hermès et Richemont
La croissance de 16% de Birkenstock éclipse, par ailleurs, celles des meilleurs élèves du luxe sur la dernière saison des résultats. Sur le même trimestre, Richemont, propriétaire de Cartier ainsi que de Van Cleef & Arpels, avait enregistré une hausse de 6% (et de 11% dans la division joaillerie), Brunello Cucinelli avait vu ses revenus progresser de 11,4% en données comparables , tandis qu'Hermès avait affiché une augmentation de 9% sur ces mêmes bases.
La société d'outre-Rhin a par ailleurs généré un résultat brut d'exploitation (Ebitda) ajusté de 218 millions d'euros, en progression de 17% sur un an, pour une marge correspondante de 34,4% en hausse de 1,4 point de pourcentage, contre 33,5% espéré par le consensus.
Toutefois, dans le détail, la société a livré une croissance inférieure aux attentes sur son canal "DTC" ("direct to consumers") c'est-à-dire les ventes générées sur ses propres plateformes de e-commerce ainsi que dans ses propres magasins, et qui représentent environ 40% de son chiffre d'affaires.
Sur ce canal, Birkenstock a dégagé une croissance de 12% en données comparables contre un consensus logé à 14,2%. Or la société tente d'augmenter la part de ses ventes sur ce canal, notamment parce qu'il lui permet de mieux suivre les comportements de ses clients.
A contrario, les ventes "B2C", c'est-à-dire auprès des distributeurs et des magasins multimarques, ont dépassé les attentes, avec une croissance de 18% en données comparables contre 15,2% attendu.
À l'issue de ce trimestre, Birkenstock a confirmé ses objectifs pour son exercice 2024-2025 clos en septembre prochain à savoir une croissance en données comparables dans le haut d'une fourchette comprise entre 15% et 17% et une marge d'Ebitda ajusté située entre 31,3% et 31,8%.