(BFM Bourse) - La société italienne spécialisée dans le luxe et les produits en cachemire voit son action progresser sur l'ensemble de 2025. La société a encore dégagé une croissance de 11% au deuxième trimestre, accueillie, certes, tièdement par le marché. Mais la suite de la saison des résultats pourrait rappeler au marché combien cet acteur se distingue actuellement.
La saison des résultats dans le secteur du luxe débute avec un petit acteur: Brunello Cucinelli. Cette société porte le nom du styliste italien qu'il a fondée en 1978, installant les bureaux de l'entreprise quelques années plus tard, à Solomeo, dans l'Ombrie. Selon le Wall Street Journal, environ 1.500 des quelque 3.500 employés de l'entreprise vivent et travaillent dans cette petite commune italienne.
Ce qui illustre la culture familiale de cette société entrée à la Bourse de Milan en 2012. Avec son héritage artisanal, Brunello Cucinelli est surtout connu pour ses produits en cachemire. L'entreprise produisait à la base des pulls dans ce matériau avant de devenir une société de vêtements et d'accessoires de luxe.
La griffe italienne s'est au fur et à mesure bâtie une solide réputation, avec "un accent mis sur la qualité et le design artisanal" et "le maintien de sa chaîne d'approvisionnement en Italie", explique Morningstar.
"Brunello Cucinelli opère dans un segment de niche de l'industrie de l'habillement de haute qualité, s'adressant à des personnes fortunées et mettant l'accent sur des collections de prêt-à-porter sans logos visibles ni motifs emblématiques. Le design intemporel l'emporte sur la tendance, ce qui permet de répondre à une demande constante de la part de cette clientèle de niche", développe l'intermédiaire financier.
>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading
"Luxe absolu"
"La marque s'est imposée dans le segment du luxe absolu (en particulier dans le domaine du cachemire) et a mis en place un réseau important de 117 points de vente au cours des dernières années", explique de son côté Bank of America.
Le groupe italien est considéré comme un fer de lance du "quiet luxury" (le "luxe calme"), cette tendance qui consacre les articles de luxe discrets, sobres. Même si le créateur Brunello Cucinelli confiait à Bloomberg dans un récent entretien, qu'il n'aimait pas cette expression. "Vous me trouvez calme?", déclarait-il à l'agence de presse.
Ce positionnement ultra-haut de gamme (Royal Bank of Canada place la marque devant Louis Vuitton et Dior dans son échelle de perception auprès des consommateurs) amène Brunello Cucinello à être parfois comparé avec Hermès, tout du moins en Bourse. Ce même si la société italienne demeure loin du groupe français en termes de revenus, avec 1,28 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2024 contre 15,2 milliards d'euros pour Hermès.
La performance de leurs actions respectives, cette année, sont bien plus comparables. Les deux titres signent de petites hausses, Hermès prenant 5% et Brunello Cucinelli 2%. Les deux groupes résistent ainsi à la tempête qui secoue les groupes de vêtements et de maroquinerie dans le luxe. LVMH plonge de 22% depuis le début de l'année, Kering cède 16%.
Une croissance de 10% pérenne
Surtout, Brunello Cucinelli enregistre une impressionnante croissance, reflet de la demande élevée pour ses produits.
La progression de ses revenus a atteint 10,7% au premier semestre hors effets de changes. Sur le seul deuxième trimestre, la croissance s'est établie à 11,4% en données comparables, dépassant le consensus (la prévision moyenne) calée à 10,9%, selon UBS. Le groupe livrera ses résultats détaillés fin août.
"Cette publication met en évidence la résilience du groupe et sa la poursuite de sa dynamique de tête du secteur dans les toutes les zone géographiques et les canaux", apprécie de son côté Royal Bank of Canada.
Certes, la réaction du titre est atone à la Bourse de Milan, l'action reculant de 1,7% alors que l'ensemble du luxe baisse ce vendredi. LVMH perd 2,3% et Hermès perd 2%.
UBS écrivait toutefois dans une "preview" de la saison des résultats du luxe, que le groupe italien n'est pas aidé par le fait qu'il est le premier à publier ses comptes.
"Nous considérons que Brunello Cucinelli est sous-évalué par les investisseurs et nous nous attendons à ce que son action surperforme au cours de la saison des résultats du deuxième trimestre, une fois que le marché aura pris connaissance d'un plus grand nombre de publications de la part de ses comparables", expliquait la banque suisse.
On notera également que la croissance de 11,4% de Brunello Cucinelli au deuxième trimestre a de bonnes chances de dépasser celle d'Hermès. Le sellier-maroquinier publiera plus tard ses comptes, le 30 juillet. HSBC attend une progression des revenus en données comparables de 9% au deuxième trimestre, Bank of America est à 8%.
"Avec un chiffre d'affaires 2024 (de Brunello Cucinelli, NDLR) du même ordre de grandeur que celui du concurrent Zegna qui n’adresse lui que le segment homme et plus de deux fois inférieur à celui réalisé par des marques comme Moncler ou Loro Piana, le potentiel d’expansion de la franchise reste important et une croissance proche de 10% par an est tenable sur la durée", écrit Oddo BHF dans une note rédigée jeudi soir.
Le courtier a relevé son objectif de cours à 120 euros, contre 112 euros précédemment, et confirmé son conseil à "surperformance". Oddo BHF note au passage que le titre se traite avec une décote en moyenne, en termes de bénéfices par action attendu ou de résultat opérationnel, d'environ 10% par rapport à Hermès.