(BFM Bourse) - Masayoshi Son est revenu sur la liquidation de la position du groupe de télécoms au capital du spécialiste des processeurs graphiques qui avait fait grand bruit. Le dirigeant explique avoir pris cette décision la mort dans l'âme afin de dégager des liquidités pour financer de nouveaux investissements.
La nouvelle avait fait beaucoup parler sur les marchés. Mi-novembre, le mastodonte japonais Softbank, présent dans les télécoms, l'énergie, internet ou encore la robotique, publie ses résultats trimestriels. Le groupe annonce alors avoir vendu l'intégralité de sa participation dans le groupe de processeurs graphiques Nvidia pour 5,8 milliards de dollars.
Dans la foulée, l'action Nvidia perdait près de 3% et le Nasdaq Composite terminait dans le rouge. La décision de Softbank alimentant alors les craintes du marché de plus en plus prégnantes autour d'une hypothétique bulle dans l'intelligence artificielle (IA), thématique dont le spécialiste des processeurs graphiques demeure le fer de lance.
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Ce d'autant plus que, quelques jours plus tard, des documents boursiers ont révélé que le milliardaire de la tech, Peter Thiel, connu pour avoir cofondé Paypal et Palantir, avait également vendu ses actions Nvidia au troisième trimestre.
"La liquidation complète par SoftBank de son portefeuille Nvidia amène tout le monde à se demander si l'entreprise a flairé quelque chose de plus profond ou si elle a simplement rééquilibré un portefeuille qui avait pris des proportions démesurées", observe Stephen Innes de Spi AM.
"J'avais simplement besoin de plus d'argent pour investir dans OpenAI"
Pourtant, Softbank avait bien précisé que ces cessions d'actions étaient destinées à dégager des liquidités pour financer ses investissements dans l'intelligence artificielle, remarquait alors Deutsche Bank.
Le fondateur et PDG de la société japonaise, Masayoshi Son, a tenu à enfoncer le clou lors d'un forum organisé à Tokyo, lundi.
Il a assuré que la cession des actions avait été décidée à contre-cœur, la mort dans l'âme, pour dégager du cash.
"Je ne veux pas vendre une seule action. J'avais simplement besoin de plus d'argent pour investir dans OpenAI" et d'autres projets, a déclaré le dirigeant lors du forum FII Priority Asian, cité par Bloomberg. "Vendre les actions Nvidia, j'en ai été bouleversé", a ajouté le dirigeant.
En avril, Softbank avait annoncé un investissement allant jusqu'à 40 milliards de dollars au capital d'OpenAI, la start-up à l'origine de ChatGPT. Selon Reuters, le groupe japonais aurait remis au pot en octobre dernier dans le cadre d'une vente d'actions OpenAI qui valorisait la start-up 500 milliards de dollars. L'agence de presse explique que les investissements de Softbank dans OpenAI devraient atteindre 34,7 milliards de dollars cette année.
Masayoshi Son a par ailleurs écarté d'un revers de la main le risque d'une bulle dans l'IA. Les personnes qui parlent d'une bulle autour des investissements dans l'IA "ne sont pas assez intelligentes", a déclaré le PDG de SoftBank, toujours cité par Bloomberg. Si l'IA est capable de générer 10% du produit intérieur brut mondial à long terme, cela compenserait largement les dépenses cumulées, même si elles s'élèvent à des milliers de milliards de dollars, a-t-il poursuivi. "Où est la bulle ?", a-t-il conclu.
On rappellera que le directeur général d'OpenAI, Sam Altman, pense au contraire qu'il existe une bulle, et que plusieurs acteurs du secteur disparaîtront (mais pas le sien évidemment). Après OpenAI n'est pas coté en Bourse, au contraire de Softbank…
Cela dit, au-delà de Sam Altman, le marché semble se préoccuper de plus en plus de ce risque. Selon une enquête mensuelle de Bank of America dont la dernière mouture a été publiée il y a deux semaines, 45% des gérants de fonds sondés ont jugé en novembre qu'une bulle de l'IA constituait le plus grand risque pour Wall Street, contre 33% en octobre et un peu plus de 10% en septembre.
"Malgré le scepticisme, la technologie américaine devrait rester en tête (des marchés boursiers, NDLR), et les valorisations ne sont pas similaires à celle d'une bulle", juge de son côté Barclays.
