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Ex-enfant prodige de la Bourse néerlandaise, le groupe de paiements Adyen plonge de 16% à Amsterdam

jeudi 14 août 2025 à 10h37
Adyen plonge en Bourse

(BFM Bourse) - Le spécialiste des services de paiements a livré des résultats décevants au titre du premier semestre et abaissé sa cible de croissance pour 2025. Le titre s'effondre à la Bourse d'Amsterdam.

Adyen demeure l'un des cas très rares de jeune société européenne à avoir connu une belle "success story" en Bourse. Fondée en 2006 par un groupe d'entrepreneurs, cette fintech néerlandaise s'est spécialisée dans le paiement en ligne et compte parmi ses clients Uber, Ebay, Booking.com ou encore Spotify.

L'essor du e-commerce et la dématérialisation du paiement en espèce dans de nombreux pays européens, deux phénomènes accélérés par la pandémie, ont conduit la société à enregistrer une hyper-croissance (46%, par exemple, en 2021). Si bien qu'Adyen a tutoyé les étoiles en Bourse.

À son zénith de 2021, Adyen affichait une capitalisation boursière de plus de 83 milliards d'euros, soit davantage à l'époque que n'importe quelle banque de la zone euro. Ses multiples boursiers atteignaient par ailleurs des niveaux stratosphériques, avec un ratio "cours sur bénéfice par action", qui dépassait 100 voire 150. Pour donner un ordre d'idée, Hermès, souvent qualifié de "cher" par les analystes, affiche des multiples compris entre 40 et 50 sur ces mêmes bases.

Des accidents de parcours, notamment une chute de 39% sur une séance le 17 août 2023 après des résultats décevants, ainsi que des craintes d'émergence d'autres acteurs du secteur des paiements, comme l'américain Stripe, ont depuis ramené sur terre la valorisation d'Adyen qui pèse désormais autour de 38 milliards d'euros.

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Exposé aux droit de douane

Plus récemment, UBS notait que le groupe néerlandais pâtissait de la politique douanière américaine. "La focalisation des investisseurs sur la macroéconomie et l'effet des différents régimes douaniers proposés par les États-Unis ont de nouveau attiré l'attention sur la capacité d'Adyen à atteindre sa 'légère accélération' de la croissance de son chiffre d'affaires net par rapport à 2024 (impliquant une hausse de plus de 24% en 2025)", a noté UBS la semaine dernière.

Adyen est en outre exposé aux places de marché chinoises, comme Shein et Temu, qui subissent depuis mai les surtaxes douanières américaine sur les colis d'une valeur inférieure à 800 dollars, ce qui a évidemment pesé sur l'activité.

"Par ailleurs, le débat sur les 'stablecoins' (des cryptomonnaies dont la valeur est adossée à des actifs classiques et qui sont en plein essor, NDLR) a potentiellement eu un impact sur la performance boursière d'Adyen, les investisseurs ayant probablement évalué les implications potentielles", ajoutait UBS.

Malheureusement pour les actionnaires de l'entreprise batave, ce ne sont pas les résultats publiés par Adyen ce jeudi 14 août qui changeront la donne. L'action de l'entreprise de paiements s'effondre à la Bourse d'Amsterdam, perdant 16,2% vers 10h30 après avoir ouvert en baisse de plus de 20%.

Cible de croissance abaissée

Adyen a de fait livré des résultats globalement décevants. Au deuxième trimestre, les volumes traités par la société ont progressé de 22% à 334,2 milliards d'euros, tandis que ses revenus ont progressé de 18% en données publiées et de 20% en données comparables à 558,85 millions d'euros.

Ces chiffres sont très éloignés des attentes. Selon un consensus cité par Bank of America, les analystes tablaient sur des revenus de 572,1 millions d'euros, une croissance de 21,6% en données comparables et des volumes traités de 346 milliards d'euros.

Adyen a expliqué avoir été pénalisé par les droits de douane aux États-Unis ainsi que par la faiblesse du dollar.

Sur l'ensemble du premier semestre, Adyen a dégagé des revenus de 1,09 milliard d'euros, en croissance de 20,5% sur un an. Le résultat brut d'exploitation (Ebitda) a augmenté de 28% sur un an pour atteindre 543,7 millions d'euros, un peu en dessous des attentes (550,7 millions d'euros selon le consensus cité par Bank of America).Le bénéfice net a par ailleurs atteint 422,6 millions d'euros contre 409,6 millions d'euros un an plus tôt.

Concernant ses perspectives pour 2025, Adyen a reconnu qu'il ne parviendrait pas à atteindre la "légère" accélération de sa croissance (par rapport à 2024) promise en début d'année et s'attend désormais à ce que la progression annuelle de ses revenus soit en ligne avec celle du premier semestre (soit environ 20,5%). La société anticipe également une expansion de sa marge d'Ebitda en 2025 mais à un rythme plus modéré qu'en 2025.

"La prévision de croissance du chiffre d'affaires net pour le deuxième semestre 2025 est légèrement inférieure aux attentes, mais pour une entreprise à forte croissance, même un léger recul ou ralentissement de la croissance du chiffre d'affaires net de +23% à +20% au deuxième semestre 2025 aura un effet négatif sur le cours de l'action aujourd'hui", a prévenu Oddo BHF dans une note publiée avant l'ouverture du marché.

"La société a été très claire: la 'majeure partie' de la révision à la baisse (de la perspective de croissance, NDLR) est liée à la situation macroéconomique, et celle-ci est presque entièrement liée aux entreprises basées dans la région Asie-Pacifique qui ont des activités aux États-Unis", c'est-à-dire Temu ou Shein, note de son côté UBS. "Cela est quelque peu surprenant, car d'autres entreprises exposées à cette situation n'ont pas signalé un impact aussi important", ajoute la banque suisse.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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