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Comment PrimaryBid démocratise les placements privés pour les petits porteurs

samedi 21 janvier 2023 à 07h00
Avec PrimaryBid, les particuliers peuvent souscrire comme les pros

(BFM Bourse) - PrimaryBid permet aux actionnaires particuliers de participer à des levées de fonds express aux mêmes conditions d'accès que les investisseurs institutionnels. Depuis son lancement en juin 2021, la plateforme a donné la possibilité aux petites porteurs de participer à une dizaine d'opérations concernant le capital de sociétés telles qu'Ecoslops ou bien Carmat à deux reprises.

Les entreprises cotées sont généralement confrontées dans leur vie boursière au fait de devoir solliciter l'aide des actionnaires pour leur donner un peu d'air financier. Notamment les entreprises innovantes qui ont massivement besoin d'argent frais pour poursuivre leur aventure.

Pour se faire, elles ont généralement recours aux augmentations de capital. Ces opérations avec maintien du droit préférentiel de souscription, entraînent un certain nombre de contraintes -notamment en termes de calendrier et de souplesse pour en fixer le prix par rapport aux cours précédent l'opération. Ou bien, elles optent pour des placements privés, ces augmentations de capital réservées à des institutionnels capables de mettre un ticket de l'ordre de 100.000 euros au minimum, moyennant un prix négocié, ce qui permet de réunir en quelques heures les fonds visés. Les actionnaires particuliers sont par nature écartés de ce type d'opération.

Mais depuis un peu moins de deux ans, les entreprises disposent désormais d'une autre voie pour se financer. Lancée en juin 2021 en partenariat avec Euronext, la plateforme PrimaryBid offre la possibilité aux investisseurs particuliers de participer aux levées de fonds des sociétés cotées dans les mêmes conditions que les institutionnels. "Les entreprises françaises qui utiliseront PrimaryBid pourront accéder à une nouvelle source de financement, tout en améliorant leur gouvernance en traitant les différentes catégories d’investisseurs sur un pied d'égalité", indiquait PrimaryBid lors de son lancement en France.

"Remettre tout le monde au même niveau"

Concrètement, ces opérations sont réalisées en deux volets distincts mais concomitants, ce qui les rend singulières. D'un coté, la levée de fonds propose une offre réservée à destination d’investisseurs spécialisés et stratégiques ainsi qu'une autre offre, dite "accessoire" à l'offre réservée qui, elle, est destinée aux investisseurs particuliers. Les levées de fonds sont souscrites en l'espace de quelques heures moyennant une décote. Les petits porteurs peuvent enfin participer aux opérations dans les mêmes conditions que celles valables pour les investisseurs professionnels.

"Nous permettons aux investisseurs particuliers de se connecter aux placements privés, ces opérations de levées de fonds par des sociétés déjà cotées qui ne durent que quelques heures. Ces opérations sont proposées avec une décote qui est historiquement réservée aux investisseurs et qui peut être de l'ordre de 20%", explique François De Wiljes directeur général France de PrimaryBid à l'antenne de BFM Bourse.

Les clients de Bourse Direct, Boursorama et EasyBourse peuvent donc depuis juin 2021 participer aux opérations proposées par la fintech britannique. Ainsi, lorsqu'une société cotée lance un placement privé, ce qui intervient en dehors des horaires de Bourse, les clients des courtiers partenaires sont informés qu'ils peuvent y prendre part. PrimaryBid centralise les ordres (à noter qu'ils sont irrévocables, compte tenu du délai très court) et supervise ensuite le règlement-livraison. "Pour des raisons opérationnelles et historiques, les particuliers en étaient exclus parce comme ces opérations ne durent que quelques heures, il est très difficile de proposer une offre aux particuliers dans ces conditions", rappelle-t-il.

Les petits porteurs qui étaient par définition exclus des placements privés ne sont donc plus écartés de ce type d'opération du moins pour ceux qui ont un compte chez un des courtiers partenaires proposant la plateforme.

"L'intérêt de PrimaryBid est d'associer les actionnaires existants à l'offre et de ne pas réserver la décote aux investisseurs institutionnels. En ce qui concerne l'actionnaire particulier, la proposition de valeur c'est de participer gratuitement à des offres de titres décotés. Nous sommes là pour corriger l'anomalie et remettre tout le monde au même niveau, sans pour autant apporter de complexité à l'émetteur", poursuit François De Wiljes.

Le doublé Carmat

Une société bien établie peut avoir recours à la plateforme PrimaryBid. Mais dans les faits, la situation est bien différente et ce sont généralement les entreprises innovantes dont les besoins en trésorerie sont importants, qui ont tendance à solliciter les marchés pour financer leur croissance. "Notre proposition de valeur s'adresse à toutes les entreprises cotées. La réalité, c'est que les sociétés qui vont appel au marché des capitaux, ce sont des émetteurs small et mid caps actifs dans les sciences de la vie, dans la transition énergétique, les nouvelles technologies. En d'autres termes, des émetteurs qui ont besoin de financer leur croissance", rappelle le dirigeant. Notamment en 2022, dans un contexte d'aversion au risque qui a paralysé les opérations. La plateforme PrimayBid s'est imposée comme une bouée de sauvetage au milieu d'un océan d'incertitudes. Les entreprises en mal de financement ont donc pu solliciter l'aide des investisseurs particuliers à l'occasion de ces levées de fonds éclair.

Ainsi, ils ont pu souscrire aux levées de fonds express d'Ecoslops, spécialiste du recyclage des résidus pétroliers ("slops" et "sludges") issus du transport maritime qui avait levé en octobre 2021 6,4 millions d'euros dont 0,7 million via la plateforme, ou bien celle de Global Bioenergies (1 million d'euros sur un montant total de 14,5 millions). Arcure, Valbiotis ou Kalray ont également eu recours à ce mode de financement pour muscler leur trésorerie.

Les montants levés via la plateforme PrimaryBid semblent faibles eu égard à la taille de l'opération globale. Mais c'est lié à une demande réglementaire: "Il est précisé que l'offre PrimaryBid destinée aux particuliers est "accessoire" par rapport à l'offre réservée et qu'elle représentera un maximum de 20% du montant de l'offre globale, est-il indiqué dans chaque communiqué annonçant les modalités de l'opération. Surtout, les montants levés via la plateforme sont bridés à 8 millions d'euros. Pas un euro de plus.

Une levée du plafond?

D'ailleurs, Carmat a expérimenté, malgré elle, les limites de ce mode de financement. Lors de sa première opération en avril 2022, la medtech française a ainsi pu récolter 4,1 millions d'euros via la plateforme sur un montant total de 40,5 millions levés. Quelque 1.600 actionnaires individuels avaient alors participé à ce financement express. Puis quelques mois plus tard, Carmat a une nouvelle fois eu recours à ce financement singulier pour assurer l'avenir de son cœur artificiel.

Or, ce plafond de 8 millions d'euros n'est valable que sur 12 mois roulants. Carmat n'a pas été en mesure de profiter à plein des possibilités offertes par la plateforme PrimaryBid lors de la deuxième opération. En décembre dernier, la société n'a pu que lever 3,9 millions d'euros auprès des investisseurs particuliers, sur un montant de 5,4 millions d'euros de demandes. C'est donc une manne de 1,5 million d'euros venant de petits porteurs qui a échappé aux finances de Carmat.

D'ailleurs, François De Wiljes déplore le maintien de ce plafond de 8 millions d'euros. "On s'est heurtés à ce plafond avec l'opération Carmat et si on faisait des opérations avec des gros émetteurs en France, on aurait ce même problème qui se poserait. En Angleterre, on a été en mesure de lever 50 millions de livres sterling en quelques heures", explique-t-il.

"Ce plafond a vocation à évoluer car à l'origine il avait été fixé pour les opérations de financement participatif. Nous sommes actuellement en discussions avec les différents régulateurs. Il y a une consultation en cours avec la Commission européenne qui a fait des propositions en ce sens en décembre dernier pour supprimer ce plafond mais aussi les barrières transfrontalières qui existent à ce jour. Nous souhaitons par exemple qu'un investisseur belge puisse participer à l'opération Carmat" ajoute François de Wiljes.

Acheter une pizza pour souscrire à une IPO

En ce qui concerne les introductions en Bourse, PrimaryBid entend également proposer une offre innovante à l'image de celle proposée pour les placements privés. François De Wiljes prend l'exemple de l'opération Deliveroo pour illustrer ces offres dites à la communauté. Les utilisateurs deviennent aussi actionnaires. "Pour participer à l'IPO de Deliveroo, les utilisateurs devaient se connecter à l'application, acheter des pizzas et effectuer un paiement en carte bancaire pour participer à l'introduction en Bourse. En tant que client Deliveroo, vous étiez alors favorisé dans le processus d'introduction en Bourse. Nous souhaitons faire la même chose mais un peu différemment, avec nos partenaires". PrimaryBid dit travailler avec ses partenaires pour proposer cette nouvelle expérience d'introduction en Bourse aux émetteurs et aux particuliers.

"Lors de l'introduction de la FDJ, les buralistes avaient un code coupon qui leur permettait de bénéficier d'une allocation favorisée. Tout était opérationnel et manuel, mais ce mode de souscription n'avait pas fonctionné. Nous souhaitons digitaliser ce process pour améliorer notre proposition de valeur pour une cotation à Paris", détaille François De Wiljes.

Cette proposition de valeur innovante pourrait faciliter l'entrée en Bourse de licornes françaises. En novembre dernier, le gouvernement s'était fixé l'objectif de coter en Bourse 10 licornes françaises à l'horizon 2025 dont deux valorisées 5 milliards d'euros. Après une année 2022 marquée par un effondrement du marché des introductions en Bourse, PrimaryBid compte répondre à l'appel du gouvernement et accompagner sur le chemin de la Bourse ces sociétés valorisées à plus d'un milliard de dollars. "Nous souhaitons participer au mouvement de volontarisme de cotation de licornes françaises à Paris. Nous voulons qu'elles s'engagent avec leur communauté, massivement, facilement", ajoute François De Wiljes.

Reste à savoir si la nouvelle proposition de valeur promue par la fintech PrimaryBid va débrider des prétendants encore indécis à se lancer dans le grand bain boursier.

Sabrina Sadgui - ©2025 BFM Bourse
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