(BFM Bourse) - Selon un sondage effectué par Bank of America, les gérants de fonds plébiscitent bien davantage les obligations que les actions pour l'an prochain. Au point que leur pondération en actions par rapport aux obligations a atteint un plus bas depuis avril 2009.
Le pessimisme semble de rigueur pour l’année 2023. Selon un sondage (*) publié mardi par Bank of America et réalisé mensuellement auprès de nombreux gérants de fonds, les perspectives économiques ont toutes les chances de se dégrader.
Dans cette édition de décembre, près de 70% (69%) des gérants tablent ainsi sur un affaiblissement de l’économie mondiale au cours des 12 prochains mois, un chiffre certes en baisse par rapport aux 74% de novembre mais toujours proche d’un pic.
Les obligations plébiscitées
Ce pessimisme se retrouve dans le sentiment d’aversion au risque dont font part les gérants. Les sondés ont ainsi une opinion positive sur les obligations.
Le pourcentage net des investisseurs qui déclarent surpondérer cette classe d’actifs dans leur portefeuille est ainsi positif, de 10%, une première depuis la crise de 2008-2009. Ce qui marque un renversement de tendance. En novembre, le solde était encore négatif de -19%, signifiant que les investisseurs sous-pondéraient cette classe d'actifs.

Source: Bank of America Global Research
En positionnement relatif, c’est-à-dire en allocation des actions par rapport aux obligations dans le portefeuille des gérants, le taux est négatif et atteint un plus bas depuis avril 2009, remarque la banque. C’est-à-dire que les gérants n’ont jamais autant sous-pondéré les actions par rapport aux obligations depuis avril 2009. Le chiffre est toutefois négatif depuis quelques mois (il l’avait aussi été sur le seul mois de mai 2020).

Source: Bank of America Global Research
Logiquement, quand on demande aux gérants quelle classe d’actifs devrait réaliser la meilleure performance en 2023, les obligations souveraines arrivent en première place (27%) devant les actions (25%), les obligations d’entreprises (24%) et les matières premières (12%).
Par ailleurs 68% d’entre eux estiment une récession probable dans les douze prochains mois, soit un peu moins qu’en novembre (77%). Une remontée que la banque impute à l’amélioration des perspectives d’activité pour la Chine.
Les trois-quarts de sondés voient en effet une économie chinoise plus robuste en 2023 qu’en 2022 alors qu’ils n’étaient que 13% en novembre. La Chine a, au cours de ces dernières semaines, asséné d’importants coups de canif à sa politique zéro-Covid, en assouplissant fortement les restrictions sanitaires. Ce qui a alimenté l’optimisme du marché sur cette fin d’année.
L'inflation comme plus grand risque
La quasi-totalité, c’est-à-dire 90% d’entre eux, estiment que l’inflation va désormais ralentir au cours des douze prochains mois. Pourtant quand on les interroge sur le plus grand risque pour les marchés, une inflation toujours trop élevée arrive en tête (37%) devant une récession profonde (20%), des banques centrales restrictives (16%) et une dégradation de la géopolitique (12%).

Source: Bank of America Global Research
A noter aussi que les gérants sont nombreux à estimer que l’or est sous-évalué. Le différentiel entre ceux qui estiment que le métal est trop cher et ceux pensant l’inverse se situant à -21%, un record absolu. A l’inverse, le pourcentage est positif pour le dollar, à 69%, signifiant qu’une très grande partie d’entre eux jugent le billet vert surévalué. Pour l’euro le différentiel se situe à -32%.
(*) Bank of America a interrogé un total de 319 fonds avec des actifs sous gestion représentant un total de 815 milliards de dollars. 281 participants représentant un total de 728 milliards de dollars d’actifs ont répondu aux questions sur l’ensemble du monde tandis que 178 participants comptabilisant 344 milliards de dollars d’actifs sous gestion ont répondu aux questions sur des régions spécifiques.