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Canal+ chute pour ses premiers pas à la Bourse de Londres, Havas grimpe à Amsterdam

lundi 16 décembre 2024 à 11h22
Canal+ chute à Londres

(BFM Bourse) - La scission de Vivendi en quatre sociétés est effective ce lundi. Canal+, Havas et Louis Hachette Group ont effectué leurs débuts sur les bourses de Londres, Amsterdam et sur Euronext Growth. Si Havas et surtout Louis Hachette bondissent en début de séance, Canal+ plonge.

Quatre Vivendi valent-ils mieux qu'un seul? C'est grosso modo la question à laquelle la Bourse doit répondre ce lundi. Le conglomérat présent dans les médias, la communication, les jeux vidéo et l'édition s'est officiellement divisé en quatre sociétés, trois d'entre elles faisant leur début en Bourse ce même jour.

Canal+ effectue ses premiers pas à Londres, le spécialiste de la communication Havas fait de même à Amsterdam, tandis que Louis Hachette Group s'est introduit sur Euronext Growth, le compartiment dédié aux petits et moyennes entreprises de la cote parisienne.

Pour l'heure, Canal+ reçoit un accueil glacial à la Bourse de Londres, au contraire des trois autres entités cotées.

L'action Canal+ s'échange à 250 pence, traduisant une baisse de 13,8% par rapport à son cours technique d'introduction à Londres de 290 pence, en fin de matinée. Sur la base d'environ 992 millions d'actions en circulation, la capitalisation boursière de la société s'élève à 2,5 milliards de livres sterling soit environ 3 milliards d'euros.

"La volatilité était attendue car certains fonds d'investissement qui détenaient Vivendi peuvent être limités aux actions cotées en France et sont donc des vendeurs forcés de Canal+", explique Russ Mould d'AJ Bell.

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"Pas un pavé de roses" pour Canal+

En amont de cette introduction en Bourse, Canal+ avait organisé une journée dédiée aux investisseurs, mi-novembre. Le groupe audiovisuel avait alors indiqué tabler sur une croissance en 2024 "en ligne avec celle de 2023" (soit autour de 3% en données comparables), puis sur un recul de ses revenus en 2025, lié notamment à l'arrêt de la diffusion de C8, avant une progression "modérée" à compter de 2026. L'entreprise prévoyait également une amélioration" modérée" de sa marge opérationnelle ajustée à moyen terme, toujours à périmètre constant.

À l'issue de cette présentation, UBS avait abaissé son estimation de valorisation à 3 milliards d'euros contre 3,9 milliards précédemment.

De son côté le bureau d'études indépendant Alphavalue avait écrit, fin octobre, qu'au vu des chiffres "faibles" de Vivendi au troisième trimestre (Canal+ avait accusé un repli de ses revenus de 1,7% en données comparables) il n'était pas" encouragé à investir dans Canal+ ou à participer dans la future introduction en Bourse de Canal+, en décembre prochain".

"Je ne m'attends pas à ce que le cours de l'action suive un pavé de roses les premières semaines, les premiers mois. Le succès de cette introduction en Bourse, nous le mesurerons d'ici deux à trois ans", avait prévenu Maxime Sadada, le président du directoire de Canal+, dans une interview au Figaro, vendredi. "Pour l'heure le marché découvre Canal+, un actif qui n'a pas vraiment de pairs (de sociétés comparables, NDLR)", ajoutait-il.

"Il est courant que les actions des sociétés scindées connaissent des fluctuations dans les premiers jours où elles sont cotées en bourse, car les investisseurs qui ont hérité des actions décident s'ils veulent rester ou s'en aller", souligne Russ Mould d'AJ Bell. "Il peut s'écouler quelques semaines ou quelques mois avant que le registre des actionnaires ne se modifie en faveur des personnes qui souhaitent rester à plus long terme", ajoute-t-il.

Havas en forme

Si Canal+ connaît donc des débuts difficiles à la Bourse de Londres, Havas s'en tire bien mieux à Amsterdam. Le groupe de communication avance de 7,7% à la Bourse d'Amsterdam à 1,92 euro, contre un cours d'introduction technique à 1,79 euro.

Lors de sa journée dédiée aux investisseurs de mi-novembre, Havas avait également livré des perspectives de moyen terme. Le groupe de communication anticipe une évolution de ses revenus comprise entre -1% et 0% en 2024 en données comparables, avant un rebond de plus de 2% en 2025. Son résultat opérationnel ajusté est attendu à plus de 330 millions d'euros en 2024 et devraient ensuite représenter entre 12,5% et 13,5% des revenus en 2025. Havas entend par ailleurs proposer un dividende représentant environ 40% du résultat net de l'exercice 2024 en 2025.

Au cours de Bourse actuel, Havas pèse environ 1,93 milliard d'euros ce qui reste encore assez loin (17%) de la valorisation qu'avait retenu UBS en amont de la scission, de 2,3 milliards d'euros.

Sur Euronext Growth, Louis Hachette Group, qui rassemble les activités historiques du groupe Lagardère (l'édition, les ventes dans les gares et aéroports) ainsi que Prisma Media, bondit de 24,5% pour atteindre 1,39 milliard d'euros de capitalisation boursière.

Vivendi bondit

Enfin, Vivendi SE gagne 33,15% à 2,45 euros pour atteindre 2,6 milliards d'euros de capitalisation boursière. Désormais Vivendi SE rassemble le groupe de jeu vidéo Gameloft ainsi que ses participations minoritaires dans différentes sociétés (Banijay, Telecom Italia, Mediaforeurope, Prisa) notamment les quelques 9,98% dans la maison de disques Universal Music Group.

Il n'est pas impossible que la hausse du titre puisse être liée à des spéculations sur une offre publique d'achat (OPA) de la part de Groupe Bolloré. La société détient un peu moins de 30% du capital de Vivendi, le seuil à partir duquel une OPA devient obligatoire.

Normalement, au vu de sa capitalisation boursière désormais très faible pour un groupe du CAC 40, Vivendi sortira de l'indice parisien. Le conseil scientifique d'Euronext doit statuer sur ce point, mardi soir. Une telle sortie pourrait entraîner des ventes d'actions de la part des fonds indiciels (ETF) qui se doivent de répliquer la performance du CAC 40. Ces fonds devraient alors vendre le titre pour reproduire la composition de l'indice.

Selon JPMorgan citée par l'Agefi-Dow Jones, Groupe Bolloré pourrait profiter de l'afflux de papier sur le marché pour se renforcer en potentiellement lancer une offre publique d'achat sur Vivendi.

Rappelons que la scission en quatre entités de Vivendi avait pour but de créer de la valeur pour les actionnaires en obtenant une meilleure valorisation pour chaque société et en réduisant ainsi la décote de conglomérat de Vivendi, qui a pu atteindre 45% fin 2025, selon Barlcays.

Une scission débattue

En cotant Canal+, Havas et Louis Hachette à part, Vivendi entend obtenir des multiples de valorisations plus généreux pour chaque entité et donc créer de la valeur pour ses actionnaires, au premier rang desquels le groupe Bolloré. Vivendi avait très bien réussi le coup en 2021 en introduisant en Bourse Universal Music Group, à Amsterdam. La maison de disques pèse aujourd'hui 42 milliards d'euros en Bourse.

La décision de coter Canal+ à Londres et Havas à Amsterdam a toutefois pu faire grincer quelques dents, comme celles des investisseurs Phitrust et CIAM, qui jugent qu'elle ne créera pas de valeur. Ce, car les trois nouvelles sociétés en Bourse (Canal+ à Londres, Havas à Amsterdam et Louis Hachette Group sur Euronext Growth) seraient cotées sur des marchés où Groupe Bolloré (qui détient actuellement un peu moins de 30% de Vivendi) pourra augmenter son emprise sans avoir à lancer d'offre publique, ont expliqué Phitrust et Ciam.

Lors de l'assemblée générale de Vivendi qui a approuvé la scission, le 9 décembre dernier, Yannick Bolloré, le président du conseil de surveillance de Vivendi, avait défendu le choix de ces places de cotation.

Pour Canal+, l'introduction à la Bourse de Londres doit refléter les ambitions internationales de la chaîne cryptée, alors que deux-tiers de ses abonnés "sont en dehors de France", avait affirmé le dirigeant. Ce caractère international doit d'ailleurs se renforcer dans la mesure où Canal+ est actuellement en train de racheter le groupe sud-africain Multichoice pour 3 milliards d'euros.

Pour Havas, le choix d'Amsterdam s'explique par la volonté de mettre en place une fondation de droit néerlandais qui pérennise l'indépendance de l'entreprise face à des potentielles offres publiques d'achat hostiles en rendant "très compliquée" une opération de ce type, avait poursuivi Yannick Bolloré.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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