(BFM Bourse) - Le spécialiste de l'affichage extérieur a publié une croissance en ligne avec les attentes au troisième trimestre. Mais la société a indiqué tabler sur net ralentissement pour les trois derniers mois de l'année.
Perçu (à raison) comme un grand gagnant en Bourse des Jeux olympiques, JCDecaux n'en demeure pas moins une valeur soumise au cycle économique. La publication livrée jeudi soir par le spécialiste de l'affichage externe en constitue un violent rappel.
Pour ce qui est du seul troisième trimestre, il n'y a pas eu de déception. De juillet à fin septembre, le groupe a dégagé un chiffre d'affaires ajusté de 948,2 millions d'euros , en hausse de 10,9% en données publiées et en progression de 11,1% en données organiques (hors variation des changes et de périmètre).
"Le troisième trimestre est en ligne avec les attentes", résume un analyste. "Nous tablions sur 11,2% après 15,4% au deuxième trimestre et 11% sur le premier trimestre", explique de son côté Oddo BHF.
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La Chine est encore dans le dur
L'entreprise a tiré parti "d'une dynamique commerciale solide dans tous les segments d’activité et toutes les géographies, porté principalement par la poursuite de la forte croissance du chiffre d'affaires digital, alors que la France a bénéficié de l'impact positif des Jeux olympiques et paralympiques de Paris", a souligné Jean-Charles Decaux, président du directoire et co-directeur général de JCDecaux, cité dans un communiqué.
Les Jeux olympiques de Paris ont permis à la France d'afficher une croissance à deux chiffres dans la plus importante activité de la société à savoir le mobilier urbain (publicités sur les abribus ou par exemple dans les supermarchés). Cette division a plus globalement enregistré une croissance de 8,8% en données comparables. Par ailleurs la division "transport" (affichage dans les gares, les aéroports) a vu son chiffre d'affaires ajusté bondir de 15,5% en données comparables, ce qui reflète "la forte croissance des aéroports et des réseaux de transports en commun", a indiqué Jean-Charles Decaux.
"Notre activité en Chine, qui demeure très en deçà des niveaux pré-Covid, a connu une croissance à deux chiffres avec une pénétration accrue du digital", a par ailleurs précisé le dirigeant.
Le "hic" provient en réalité des perspectives communiquées pour la suite. Jean-Charles Decaux a indiqué que l'entreprise anticipait pour le quatrième trimestre une "croissance organique modérée du chiffre d’affaires à un chiffre ("low single-digit")", ce qui peut grossièrement se traduire par une progression de 1% à 4%.
Manque de visibilité
En comparaison avec la croissance des neuf premiers mois de la société sur 2024 (12,6% en données organiques), cela représente un sérieux coup de frein.
"Le message sur le quatrième trimestre a déçu avec notamment de la prudence sur la Chine qui est censé constituer un catalyseur important. Le contexte politique pèse par ailleurs sur la France sur le marché publicitaire et c'est d'ailleurs un message que l'on observe aussi du côté des groupes de télévision", explique l'analyste précédemment mentionné.
Jean-Charles Decaux a effectivement souligné "des incertitudes macroéconomiques telles que les débats budgétaires en cours en France et au Royaume-Uni", et la Chine qui "devrait être globalement stable en raison du faible niveau de la demande des consommateurs", pour expliquer ces perspectives.
"Nous tablons dorénavant sur (une croissance de) 5% au quatrième trimestre contre notre attente initiale de 8,2%. Ce ralentissement n’est pas une surprise alors que la tendance en France est probablement plus difficile (18% du chiffre d'affaires environ) et la Chine reste toujours nettement en dessous de sa situation pré-Covid", indique de son côté Oddo BHF. Le courtier a également abaissé sa prévision de résultat brut d'exploitation (Ebitda) pour 2024 à 768 millions d'euros contre 791 millions d'euros auparavant.
Oddo BHF remarque que d'ordinaire JCDecaux communique un objectif précis pour son quatrième trimestre et non une indication assez large, comme il l'a fait jeudi soir. Cela "illustre un certain manque de visibilité", déduit-il.
À la Bourse de Paris, l'action JCDecaux dévisse et perd ainsi 9,33% vendredi vers 10h50, accusant la plus forte baisse du SBF 120.