(BFM Bourse) - La maison-mère de Facebook, Instagram et Whatsapp a livré des résultats supérieurs aux attentes au troisième trimestre. Mais le groupe a prévenu que ses dépenses d'investissement allaient fortement augmenter l'an prochain.
Meta a un certain passif avec le marché en matière de pertinence de ses dépenses. La maison-mère de Facebook, Whatsapp, et Instagram a, par le passé, grippé des investisseurs qui n'appréciaient guère ses investissements hasardeux dans le métavers et la réalité augmentée.
Depuis le quatrième trimestre 2020, Reality Labs, la division chargée de ces projets, a accumulé des dizaines de milliards de dollars de pertes. Meta avait, au passage, essuyé un tacle de Tim Cook, le directeur général d'Apple, qui estime que le groupe fait fausse route car "la personne moyenne ne sait pas ce qu'est le métavers".
La donne a radicalement changé à partir la fin de 2022, lorsque la société de Mark Zuckerberg a serré la vis sur les coûts en supprimant, en cumulé, plus de 20.000 postes. Ce qui a rassuré les investisseurs et permis à l'action d'afficher un rebond spectaculaire de 700% en trois années.
Mais à l'heure où l'essor de l'intelligence artificielle (IA) se traduit par des dépenses somptuaires dans les data centers et des valorisations tendues à Wall Street, les investisseurs n'ont pas la mémoire courte. Peut-être est-ce pour cela que, des Sept magnifiques de Wall Street, Meta demeure le groupe dont les dépenses dans l'IA sont les plus scrutées par le marché.
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Charge fiscale exceptionnelle
Le groupe a livré plusieurs publications démontrant que ces efforts dans l'intelligence artificielle permettent de gonfler ses revenus.
Les résultats livrés mercredi soir par la société au titre du troisième trimestre l'illustrent encore. Sur la période allant de juillet à fin septembre, Meta a dégagé des revenus de 51,24 milliards de dollars, en hausse de 26% sur un an, avec notamment un prix par publicité en progression de 10% sur un an.
"Sur Facebook, Instagram et Threads, nos systèmes de recommandation basés sur l'IA offrent un contenu de meilleure qualité et plus pertinent, ce qui a conduit à une augmentation de 5 % du temps passé sur Facebook au troisième trimestre et de 10 % sur Threads", a expliqué Mark Zuckerberg, le directeur général de Meta, aux analystes.
"Les améliorations de nos systèmes de recommandation seront également encore plus optimisées à mesure que le volume de contenu créé par l'IA augmentera", a-t-il ajouté. Le bénéfice par action de Meta a chuté de 83% à 1,05 dollar. Mais cette variation inclut une charge fiscale exceptionnelle de 15,9 milliards de dollars. Retraité de cet impact, le bénéfice par action aurait atteint 7,25 dollars.
Selon un consensus LSEG cité par CNBC, les analystes attendaient des revenus de 49,41 milliards de dollars et un bénéfice par action de 6,69 dollars.
Agressivité sur l'IA
Reste que le discours très offensif de Meta sur ses dépenses d'IA n'ont pas plu au marché. Dans les échanges post-clôture, le titre a perdu 7,4%.
La directrice financière de Meta, Susan Li, a indiqué que les dépenses d'investissement ("capex"), actuellement en pleine flambée dans le secteur de la tech en raison des dépenses liées à l'IA, atteindraient entre 70 et 72 milliards de dollars cette année, contre une fourchette de 66 à 72 milliards précédemment.
La dirigeante a ensuite expliqué que ces dépenses progresseraient à un rythme "notablement plus grand" en 2026 qu'en 2025. Ce en raison des investissements dans les capacités nécessaires au groupe pour développer ses modèles d'IA.
"Alors que nous avons commencé à planifier l'année prochaine, il est devenu évident que nos besoins informatiques ont continué à augmenter de manière significative, y compris par rapport à nos propres prévisions du trimestre dernier. Nous travaillons toujours sur nos plans de capacité pour l'année prochaine, mais nous prévoyons d'investir massivement pour répondre à ces besoins, à la fois en développant notre propre infrastructure et en passant des contrats avec des fournisseurs de services cloud tiers", a développé la dirigeante.
Mark Zuckerberg a, lui, expliqué que la société comptait se préparer "au cas les plus optimistes" en matière de développement d'intelligence artificielle.
Gene Munster, gérant chez Deepwater AM, estime que cette dernière déclaration a pu être "préoccupante" avec des inquiétudes de la part du marché sur le fait que Meta "sur-construise" des capacités.
Le gérant remarque également que la croissance des dépenses de la société a accéléré plus vite que celle des revenus, ce qui selon lui explique la baisse de l'action Meta.
Sur les trois derniers trimestres, le chiffre d'affaires a progressé de 16%, puis de 22% et de 26%. En face les dépenses ont grimpé de 9%,12%,et 32%, remarque le gérant. "L'année prochaine, on sera davantage sur une croissance de 18% des revenus et de 35% des dépenses", fait-il valoir.
"Les résultats financiers de Meta révèlent la tension croissante entre les investissements massifs de l'entreprise dans les infrastructures d'IA et les attentes des investisseurs en matière de rendements à court terme. La hausse des dépenses consacrées aux capacités d'intelligence artificielle pèse sur le moral des investisseurs, malgré les solides performances sous-jacentes de l'entreprise", a déclaré Jesse Cohen, analyste senior chez investing.com, cité par Reuters.
 
                