(BFM Bourse) - La banque espagnole a décidé de lancer une offre publique d'achat malgré le précédent rejet du conseil d'administration de Sabadell. Le gouvernement espagnol, lui, compte s'opposer à ce projet.
La consolidation bancaire est une thématique souvent scrutée par le marché. Il y a quelques années, les investisseurs s'étaient mis à rêver d'une fusion entre Société Générale et l'italienne UniCredit, une union qui ne s'est jamais concrétisée.
Depuis quelques jours, un potentiel mariage à l'espagnole anime le marché. Banco Bilbao Vizcaya Argentaria (BBVA) était sortie du bois la semaine dernière, affichant ses vues sur sa consoeur, Banco de Sabadell. L'établissement avait formulé, fin avril, une offre valorisant sa cible autour de 12 milliards d'euros. Cette proposition avait été rejetée par le conseil d'administration de Banco Sabadell, qui jugeait que cette sous-estimait le potentiel de création de valeur de la banque.
Après avoir essayé la méthode douce, BBVA tente de passer en force. La banque espagnole a décidé ce jeudi de lancer une offre publique d'achat (OPA) hostile, c'est-à-dire sans le consentement du conseil d'administration, sur Sabadell.
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Deuxième banque du pays
Les termes de l'offre sont inchangés par rapport à la proposition qui avait été formulée fin avril. BBVA propose aux actionnaires de Banco de Sabadell une action BBVA pour 4,83 titres Sabadell, ce qui représente une prime de 30% par rapport au cours de clôture du 29 avril, c'est-à-dire la date avant que BBVA soumette son offre et influence ainsi le cours de Sabadell. Par rapport à la clôture de mercredi, la prime s'élève à 18%.
Si le rachat était mené à son terme, l'entité combinée deviendrait la deuxième banque d'Espagne en termes de part de marché sur les prêts, avec un total de 21,9%. Pour l'heure BBVA est troisième (13,8%) et Sabadell quatrième (8,1%).
BBVA se renforcerait ainsi en Espagne, où les actifs de Sabadell s'élèvent à 174 milliards d'euros, mais aussi au Royaume-Uni (55 milliards d'euros d'actifs pour Sabadell) et au Mexique (6,7 milliards).
BBVA estime que ce rachat devrait permettre d'ici à trois ans de générer 850 millions d'euros de synergies annuelles. L'opération aurait également un impact positif de 3,5% sur le bénéfice par action à l'issue de la première année suivant la date de réalisation de l'opération, selon les estimations de BBVA.
Le gouvernement espagnol vent debout
A la Bourse de Madrid, l'action BBVA perd 6,3%, une réaction assez logique, les grandes acquisitions suscitant des inquiétudes du marché sur l'intégration de la cible. Par ailleurs, l'opération s'effectuant en actions BBVA, une dilution des actionnaires existants pourrait survenir.
L'action Sabadell ne prend, elle, que 3%, de nombreuses incertitudes entourant l'offre. Le mariage est en effet loin d'être acté.
Déjà, le prix offert par BBVA risque de ne pas convaincre les actionnaires. "À ce prix, l'offre n'est pas attrayante et nous ne l'accepterions pas", a déclaré à Bloomberg, Nuria Alvarez, analyste chez Renta 4.
Selon l'Agence France Presse (AFP), Sabadell n'a pas d'actionnaire de contrôle mais une multitude d'actionnaires ne dépassant pas 4%, dont de grands fonds d'investissement.
Surtout, le gouvernement espagnol a déjà fait part de son opposition à ce projet. Citée par l'AFP, la ministre du Travail, Yolanda Diaz, a déclaré que l'opération était contraire aux intérêts de l'Espagne et "détruirait de nombreux emplois". Le ministre de l'Economie Carlos Cuerpo a prévenu de son côté, sur la télévision publique, que le gouvernement aurait "le dernier mot lorsqu'il s'agira d'autoriser l'opération", qu'il "rejette tant sur le fond que sur la forme".
En 2020, les deux banques avaient déjà mené des discussions sur un éventuel rapprochement. Les négociations alors avaient alors achoppé sur le prix.