par Cyril Altmeyer et Dominique Vidalon

PARIS (Reuters) - Vivendi ne perçoit pas de dégradation de l'économie au deuxième trimestre mais serait prêt à réduire de manière "brutale" de ses investissements s'il était durement touché par la crise, déclare le président de son directoire, Jean-Bernard Lévy.

Le premier groupe européen de médias et de divertissement a confirmé jeudi ses objectifs pour 2009 et dit ne pas prévoir pour l'instant de fort impact de la crise tout en restant vigilant, après une hausse légèrement supérieure aux attentes de ses résultats trimestriels.

"Nous restons à peu près comme au premier trimestre. Nous ne voyons ni dégradation par rapport au premier trimestre, ni sortie de crise", a-t-il dit lors d'un entretien accordé à Reuters.

"S'il y a une baisse forte de la consommation, cela peut toucher aussi bien les ventes de contenus que les services d'abonnements", a-t-il souligné, même si Vivendi estime être protégé par les 70% de son chiffre d'affaires provenant d'abonnements.

Vivendi a maintenu ses investissements dans les réseaux et les contenus à un rythme soutenu au premier trimestre, à 1,4 milliard d'euros, contre 4,5 milliards sur l'ensemble de 2008.

Jean-Bernard Lévy a observé que le nombre total d'abonnés à Canal+ devrait rester globalement en légère croissance mais inférieur à ce que le groupe espérait il y a quelques années.

Le nombre d'abonnés à Groupe Canal+ a été "inférieur à ce que l'on espérait" au premier trimestre, a-t-il noté, avec un recul à 10,4 millions contre 10,6 millions fin décembre, notamment sous l'effet de la crise et avec un effet "indirect" de la concurrence d'Orange Sport, lancée en août 2008.

Jean-Bernard Lévy a déclaré attendre l'avis de l'Autorité de la concurrence, au lendemain de l'autorisation obtenue en appel par Orange de commercialiser à nouveau Orange Sport, qui compte 112.000 abonnés, à ses seuls abonnés ADSL.

SFR, dont Vivendi détient 56% et Vodafone le solde, continue à bénéficier d'un rythme "soutenu" de gains de nouveaux abonnés à l'ADSL en avril et en mai, a précisé Jean-Bernard Lévy.

ACQUISITIONS DANS LES PAYS ÉMERGENTS

Le deuxième opérateur télécoms français, qui a racheté son ex-filiale Neuf Cegetel en 2008, a recruté 163.000 clients au premier trimestre dans l'internet haut débit à 4,042 millions et a gagné 118.000 clients dans la téléphonie mobile - soit une part de marché de 51% sur les recrutements de la période - à 19,77 millions.

Le bond de 31,5% de son chiffre d'affaires a largement contribué à la hausse de 23,7% de celui de Vivendi, dont il représente près de la moitié, à 3.028 millions d'euros.

Jean-Bernard Lévy a déclaré que le groupe n'avait pas de grosse acquisition en vue mais que sa santé financière lui permettrait de saisir des opportunités, tout en précisant qu'il ne se fixait "aucune obligation" de changement de périmètre de Vivendi.

Vivendi, qui a dit jeudi anticiper une dette financière nette "légèrement inférieure" à 8,3 milliards d'euros à fin 2009, a fusionné sa division de jeux vidéo avec l'américain Activision, donnant naissance à Activision Blizzard, leader mondial du secteur, dont il détient désormais 56%.

Jean-Bernard Lévy a précisé que le groupe visait en priorité des acquisitions dans les pays émergents, afin d'accroître leur part dans le chiffre d'affaires comparé au niveau actuel de 20%.

Il a ajouté que le groupe étudierait à nouveau le dossier de la plate-forme de télévision payante Digital+, que cherche à vendre le groupe de médias espagnol Prisa, avec qui Vivendi a eu des discussions "préliminaires" en 2008.

"Elles n'ont manifestement pas débouché sur la rencontre harmonieuse des objectifs du vendeur et de Vivendi-Canal+ comme acheteur potentiel", a-t-il expliqué, disant percevoir l'intérêt stratégique d'un tel dossier, qui devra également "faire sens" sur le plan économique.

Edité par Benjamin Mallet

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