par Cyril Altmeyer et Marc Angrand
PARIS (Reuters) - Vivendi pourrait saisir des opportunités pour élargir son périmètre afin de profiter des niveaux de valorisations induits par la crise financière, a déclaré mardi le président de son directoire Jean-Bernard Lévy.
Il a également souligné que le modèle d'activité du leader européen des médias et du divertissement, fondé essentiellement sur les abonnements, le protégeait pour l'instant de la crise économique.
"Il se peut qu'il y ait progressivement une érosion de nos marchés et de nos résultats (...), mais nous pensons avoir une résistance bien supérieure à la moyenne", a-t-il dit lors d'une conférence sur les médias organisée par Les Echos, soulignant que les ventes de Noël se passaient "tout à fait normalement" pour les produits "d'achat d'impulsion" comme les CD et les jeux vidéo.
"Nous entrons aujourd'hui dans une période plus difficile avec une situation qui est extrêmement saine", a-t-il poursuivi. "Avec cette solidité il se peut que le périmètre de Vivendi soit amené à évoluer parce qu'il nous reste quelque marge de manoeuvre financière".
Vivendi avait fait savoir la mi-novembre, lors de la publication de ses résultats trimestriels, qu'il anticipait pour environ 5,5 milliards d'euros de lignes de crédit disponibles à la fin de l'année.
En moins d'un an, Vivendi a fusionné sa division de jeux vidéo, Vivendi Games, avec l'américain Activision, pour donner naissance, cet été, au leader mondial du secteur, Activision Blizzard, tandis que SFR a racheté au printemps sa propre filiale Neuf Cegetel, créant le deuxième opérateur télécoms français.
"Pendant les quelques trimestres ou les quelques années que va durer la valorisation des actifs telle que nous la connaissons depuis un mois ou deux, nous aurons probablement les moyens et nous espérons trouver les opportunités de compléter nos actifs en faisant des opérations avec des prix intéressants", a expliqué Jean-Bernard Lévy, estimant qu'il y aurait des affaires à faire "dans les 18 à 24 mois qui viennent".
"Je ne me mets pas de contrainte pour faire évoluer le périmètre de Vivendi", a-t-il cependant poursuivi. "Si, comme il est probable, il y a des situations de groupes ou de sociétés qui sont surendettés comme l'avait été Vivendi, aujourd'hui nous serons de l'autre côté en essayant de profiter de cette situation".
DISCUSSIONS "EMBRYONNAIRES" SUR DIGITAL+
Jean-Bernard Lévy a confirmé avoir démarré des discussions avec Telefonica en vue d'acquérir Digital+, plate-forme de télévision payante mise en vente par le premier groupe espagnol de médias Prisa.
"Nous avons entamé des discussions préliminaires, exploratoires (...) avec Telefonica qui pourrait, si ces négociations aboutissent devenir notre partenaire, ce qui nous permettrait dans une deuxième étape de nous porter candidats pour l'acquisition de Digital+", a-t-il expliqué. "Nous en sommes clairement à un stade qui est encore embryonnaire".
Prisa a annoncé vendredi dernier l'existence de discussions avec Vivendi. Selon deux sources proches du dossier, Prisa demanderait 2,5 milliards d'euros pour Digital+, l'équivalent de Canal+ en Espagne, tandis que Telefonica serait prêt à payer environ deux milliards.
Jean-Bernard Lévy a estimé que le modèle de la télévision payante restait viable en France, malgré la concurrence des chaînes de télévision numérique terrestre (TNT), à condition de le justifier par une différenciation de plus en plus importante.
"La croissance de la télévision payante va un peu se ralentir à cause de la crise. Les problèmes de pouvoir d'achat pèsent sur des catégories de foyer qui justement sont des cibles pour la télévision payante", a-t-il constaté.
Canal+ est en outre confronté à la récente concurrence d'Orange (groupe France Télécom), qui a lancé début août une offre de football et, le 13 novembre, cinq chaînes de cinéma et de séries basées sur des exclusivités - "une situation où tout le monde y perd", a estimé Jean-Bernard Lévy.
Il a noté qu'Universal Music, première maison de disque mondiale, réussissait à basculer progressivement du marché du disque physique vers la musique dématérialisée.
"Cette année ce sera sans doute plus de 20% de notre chiffre d'affaires mondial que nous ferons sur les nouveaux modes de distribution de la musique", a-t-il noté, ajoutant qu'Universal Music devrait dégager cette année une marge d'exploitation d'environ 13% grâce à des économies de coûts et à des gains de parts de marché.
Edité par Pascale Denis
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