(BFM Bourse) - Après avoir conclu une alliance avec Netflix en septembre dernier, la chaîne cryptée réalise un nouveau gros coup en décrochant l'exclusivité de la distribution en France du service de vidéo à la demande Disney+. La filiale de Vivendi a par ailleurs récupéré les droits de diffusion de la Ligue des Champions et va pouvoir continuer à diffuser la Ligue 1 grâce à un accord négocié avec BeIN Sports.
L'heure de la revanche a sonné pour Canal+. Confrontée à une érosion constante de son parc d'abonnés en France métropolitaine depuis la reprise en main de Vincent Bolloré en 2015 -passé de 5,93 millions en novembre 2015 à 4,73 millions en décembre 2018- la chaîne cryptée a notamment subi la perte de droits sportifs majeurs ainsi que la modification en profondeur de sa grille des programmes (ayant entraîné une vague de départs de journalistes et animateurs) au cours des dernières années.
Côté offre, la tendance semble en passe de s'inverser puisque le groupe, filiale de Vivendi, a signé un accord de distribution exclusive en France avec le géant américain Disney+, dont le lancement est prévu d'ici fin mars. Les dirigeants des deux groupes -le président du directoire de Canal Maxime Saada et le directeur de la division "Direct-to-consumer & International" du groupe américain Kevin Mayer- l'ont dévoilé dans un entretien commun au quotidien économique Les Échos. "Ce partenariat exclusif est une nouvelle étape majeure dans la transformation du modèle de Canal+", s'est réjoui Maxime Saada. "Nous ne pouvons pas encore dévoiler le prix et nos offres, mais la valeur apportée par Disney+ est incontestable", a-t-il poursuivi.
Canal+ confirme son retour en force
Les bonnes nouvelles s'enchaînent ces dernières semaines pour la chaîne cryptée, depuis qu'elle a annoncé début novembre dernier avoir remporté l'intégralité des droits de la Premier League -le championnat anglais de football, le plus diffusé au monde- pour les trois saisons à venir, alors que celui-ci fait déjà son retour sur les antennes du groupe cette année (droits partagés avec RMC Sport).Depuis, le groupe a également annoncé avoir récupéré les droits de diffusion de la plus prestigieuse des compétitions européennes de football, la Ligue des Champions, qu'il partagera avec beIn Sports de 2021 à 2024, succédant ainsi à RMC Sport qui avait raflé la mise à la surprise générale en mai 2017 (Nota: RMC Sport et BFM Bourse appartiennent tous deux au groupe Altice).
L'UEFA -organisateur de la compétition- a en effet attribué les droits de la Ligue des champions à Canal + et beIN Sports. Le premier diffusera les deux affiches du mardi et du mercredi, tandis que le reste des rencontres iront au réseau qatari de télévision. La finale sera quant à elle diffusée en clair sur TF1, le tout pour une somme annuelle globale de 375 millions d'euros, en nette augmentation par rapport aux 315 millions d'euros actuellement déboursés par RMC Sport pour l'intégralité de la compétition.
Et Canal entend bien rester incontournable auprès des aficionados du ballon rond, le groupe de télévision payante ayant également annoncé, lundi dernier, qu'il allait conserver la Ligue 1 grâce à un accord négocié avec son rival BeIN Sports pour près de 330 millions d'euros par an. Une remarquable revanche pour Canal+, qui avait perdu il y a quelques années les droits de diffusion du championnat français à compter de la saison 2020, au profit de ses concurrents Mediapro (chaîne espagnole aux capitaux chinois) et BeIN Sports.
La filiale de Vivendi va donc finalement pouvoir continuer à diffuser une partie de la compétition, Canal+ et BeIN ayant précisé qu'ils négociaient en vue d'un partenariat de distribution et de sous-licence, d'une durée de 5 ans. Dans le cadre de celui-ci, beIN Sports va revendre à Canal+ tous ses droits concernant la L1 sur la période 2020-2024, et ne diffusera donc pas lui-même cette compétition française. Dans le détail, ces droits vont permettre à Canal+ de diffuser deux matches par journée de L1, dont 28 des 38 meilleures affiches de chaque saison, dès la prochaine saison (2020-2021) quand le groupe espagnol Mediapro conserve les droits de diffusion des 10 meilleures affiches de chaque saison.
"Sur les 76 matchs faisant l'objet de cet accord, 57 matchs seront diffusés en exclusivité par Canal+ et 19 matchs seront co-diffusés avec Mediapro", a tenu à préciser la Ligue de football professionnel dans un bref communiqué, où elle dit attendre "de recevoir la copie du projet de contrat de sous-licence". L'accord en discussion prévoit aussi que Canal+ proposera dans ses offres l'ensemble des chaînes de beIN Sports et leurs contenus. Et, parallèlement, Canal+ deviendra, à partir de juin 2020, le distributeur exclusif de beIN Sports en France, auprès de toutes autres plateformes et opérateurs. Ce volet distribution couronne les bonnes relations déjà existantes entre les deux groupes, puisque Canal+ était déjà le premier distributeur en France de BeIN Sports.
Pour Canal+ et BeIN Sports, qui avaient déjà tenté de s'unir en 2016, mais en avaient été empêchés par l'Autorité de la concurrence française, ce nouveau partenariat a tout d'un accord gagnant-gagnant. Il permet notamment à la chaîne cryptée de remplumer son offre de contenus autour de son triptyque historique : foot, cinéma et séries, volet sur lequel Canal+ a signé une alliance avec le géant américain Netflix.
Netflix dans l'offre Canal+ depuis septembre
Officiel depuis le 26 septembre dernier -et entré en vigueur le 15 octobre-, le partenariat entre Canal+ et Netflix permet à la première chaîne privée française de diffuser sur ses canaux tout le catalogue du géant du streaming. La plateforme Netflix a scellé un accord avec Canal+ pour être distribuée dans ses offres en France, comme elle l’est déjà par Sky en Allemagne et au Royaume-Uni, ont annoncé les deux groupes mi-septembre dernier. Canal+ propose donc Netflix dans son pack Ciné/Séries (qui comprend également OCS et Fox) pour 35 euros par mois. "Il est essentiel pour Canal+ de pouvoir proposer Netflix à ses abonnés" avait alors affirmé Maxime Saada. Avec le lancement des plateformes d’Apple et Disney, notamment, "il y aura beaucoup de plateformes, peut-être trop, nous ne voulons pas que le consommateur soit perdu dans un océan de programmes" avait ajouté le dirigeant, deux mois seulement avant de nouer un partenariat avec l'autre géant américain du divertissement.L'accord passé entre Canal+ et The Walt Disney Company prévoit d'ailleurs également la distribution des autres chaînes Disney (Disney Channel, Disney Junior, National Geographic, National Geographic Wild, Voyage et Fox Play) et Canal+ jouira de la première fenêtre de diffusion pour les films Disney, Pixar, Marvel, Star Wars ou encore 20th Century Fox.
En Bourse, le titre Vivendi ne réagit pas sensiblement à la conclusion de ce nouvel accord puisqu'il ne grappille que 0,63% à 25,37 euros à 11h25, dans un volume d'échanges peu fourni et dans un marché parisien bien orienté (+0,67% pour le CAC à la même heure). Le groupe français spécialisé dans les médias et la communication porte ainsi son avance à près de 20% depuis le 1er janvier 2019.
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