PARIS (Reuters) - Total se fixe comme priorité de préparer l'après-crise et de probables hausses de prix du pétrole, a déclaré à Reuters le directeur général du groupe pétrolier français.
Interrogé en marge d'une réception à l'Elysée, Christophe de Margerie s'est de nouveau montré peu convaincu par l'idée, défendue par le président Nicolas Sarkozy, d'une "fourchette de prix raisonnable" du brut négociée avec les pays producteurs.
La priorité de Total, "c'est de préparer la remontée des prix du pétrole, donc l'après-crise", a-t-il dit.
Le groupe veut s'assurer qu'il tient ses "coûts de projet", a-t-il expliqué, "parce que c'est essentiel maintenant pour éviter d'être trop attaqué par les baisses de prix actuelles".
Total veut surtout renouveler et augmenter ses réserves et voir "s'il n'y a pas une opportunité pour sortir de cette crise plus efficace et plus important qu'on ne l'était en y entrant", a ajouté Christophe de Margerie.
Ce qui est dangereux en matière de hausse des cours du pétrole, c'est la rapidité avec laquelle elle peut se produire, estime le directeur général de Total.
"Si on monte à 150 dollars le baril en dix ans, personne ne verra rien puisqu'on était à des prix quasiment identiques en valeur constante il n'y a pas longtemps", ajoute-t-il.
Pour éviter des fluctuations trop brutales et trop amples des cours du pétrole, Nicolas Sarkozy souhaite que pays producteurs et pays consommateurs se mettent d'accord sur une "fourchette de prix raisonnable".
Le dialogue qu'il préconise entre pays producteurs et pays consommateurs existe déjà, souligne cependant Christophe de Margerie. "La France en a même été l'instigatrice à la fin des années 1990", rappelle le dirigeant de Total.
Il n'en juge pas moins "rassurant" qu'un chef de l'Etat reprenne l'idée d'un tel dialogue pour éviter des à-coups.
PARTICIPATION LIMITÉE AU CAPITAL D'AREVA
Mais "la notion de fourchette me paraît, pour des raisons techniques, probablement un petit peu volontariste", ajoute Christophe de Margerie. "C'est le rôle d'un président d'être volontariste et d'envoyer un message mais je ne pense pas que la fourchette puisse se faire."
Interrogé sur l'attitude de Total vis-à-vis de l'ouverture du capital du groupe nucléaire Areva, Christophe de Margerie a déclaré que le groupe pétrolier entendait, pour le moment, en rester à son rôle de partenaire investisseur.
"L'investisseur investit dans des projets sur lesquels travaille Areva mais notre but n'est pas d'être un acteur important en tant qu'actionnaires", explique-t-il.
Total fait partie avec Areva, GDF Suez et EDF du consortium pressenti pour construire une centrale nucléaire à Abou Dhabi et interviendra en tant qu'investisseur dans la construction du futur réacteur EPR de Penly, en Seine-Maritime.
"A Abou Dhabi, notre idée est d'entrer dans la partie opération, probablement avec GDF Suez et EDF", précise le directeur général de Total. "A Penly, notre rôle est beaucoup plus financier, même si on espère bien pouvoir y mettre un petit peu de monde pour aider et apprendre."
Total ne participe, pour le moment, qu'à hauteur de 1% au capital d'Areva et si cette participation est accrue à la faveur de l'ouverture du capital du groupe nucléaire, ce sera limité, indique par ailleurs Christophe de Margerie.
"Si pour des raisons de montage financier, pour aider, il faut faire une petite contribution en augmentant légèrement notre participation, on verra. Mais pour l'instant, ce n'est pas le vrai sujet", explique-t-il. "Pour nous, le vrai sujet c'est de développer la croissance d'Areva en l'emmenant sur de nouveaux chantiers, en étant investisseurs-opérateurs."
"L'idée n'est clairement pas d'avoir demain matin un Total dans le nucléaire (...) Il faut faire les choses dans l'ordre", ajoute-t-il. "On n'est pas vendeur (de la participation de Total au capital d'Areva). Mais si on l'augmente, ça restera un petit pourcentage."
Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse
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