par Benjamin Mallet
PLATE-FORME D'ELGIN FRANKLIN, MER DU NORD (Reuters) - Conditions extrêmes, équipements mis à rude épreuve et production proche du déclin : la plate-forme d'Elgin Franklin, opérée par Total en mer du Nord, illustre les défis posés par des ressources pétrolières et gazières toujours plus rares et difficiles d'accès.
A 240 kilomètres au large de la ville écossaise d'Aberdeen, "capitale européenne du pétrole", cette vaste cité de plus de 33.000 tonnes, enchevêtrement improbable de tuyaux et de métal perché à 22 mètres au-dessus des vagues, exploite quatre champs localisés jusqu'à près de 6 km sous terre et 90 mètres d'eau.
Elgin Franklin constitue à la fois une vitrine et un laboratoire pour le groupe pétrolier français car sa zone de production présente des conditions extrêmes de température (190° C) et de pression - 1.100 bars contre 300 en moyenne en mer du Nord.
Pour reprendre une expression utilisée il y a quelques années par un responsable de Total, le forage des premiers puits était comparable au percement d'un "trou dans une cocotte-minute placée au centre d'un four solaire".
"Elgin a toujours été une plate-forme de nouvelles technologies, de nouveaux développements, à la frontière de ce qui a été fait", a souligné Iain Park, responsable de la production, lors d'une visite du site organisée pour la presse le 29 mai.
Entrée en service en 2001, la plateforme produit actuellement l'équivalent de 220.000 barils par jour environ - la moitié en brut et l'autre en gaz -, soit environ 7% de la production du Royaume-Uni.
Mais ce niveau devrait commencer à baisser à partir de la mi-2010 et Total doit poursuivre ses efforts d'adaptation, d'exploration et d'innovation afin d'extraire jusqu'au dernier baril exploitable dans le secteur.
UN MILLION DE LIVRES LA CHAMBRE
Total, comme ses concurrents, tente d'adapter au mieux ses équipements existants alors qu'il doit dans le même temps investir dans des zones plus incertaines et que les coûts de construction ont été dopés ces dernières années par la hausse des prix du brut.
"Les coûts de développement d'Elgin-Franklin se sont élevés à 1,7 milliard de livres (2,3 milliards d'euros à l'époque, NDLR) mais cela coûterait probablement trois fois plus cher aujourd'hui", a souligné vendredi Thierry Bourgeois, directeur des opérations de Total E&P UK.
Dans le cadre de ses futures campagnes d'exploration et de forage, le groupe contrôle l'entretien des installations rongées par la rouille et la construction de nouveaux équipements, dont une quarantaine de chambres qui s'ajouteront aux 97 lits que la plate-forme compte aujourd'hui et coûteront chacune un million de livres (1,16 million d'euros).
Les bâtiments d'habitation évoquent à la fois le bateau de croisière et l'hôtel bon marché mais offrent avant tout un refuge indispensable au vacarme qui règne sur la plate-forme, entre les bruits des compresseurs et les allées et venues des hélicoptères.
Les chambres, d'une dizaine de mètre carrés, sont équipées d'un coin douche et toilettes et le plus souvent partagées par deux personnes. La plate-forme comporte également une salle de gymnastique, des tables de billard ou encore un restaurant.
LE CO2 POUR AMELIORER LES RENDEMENTS
Entre les employés en charge de l'entretien et des nouvelles constructions et ceux qui participent au forage d'un 17e puits d'extraction - dont la mise en production est prévue pour la fin 2009 - Elgin Franklin accueille actuellement près de 500 personnes, contre une centaine habituellement nécessaires à son fonctionnement.
La fin de l'exploitation du site était auparavant prévue pour 2022 mais la mise en exploitation de deux nouveaux champs "satellites" et l'accroissement des réserves de la zone ont permis à Total de prolonger la durée de vie des installations jusqu'en 2025-2026, ainsi que le plateau de production.
Elgin Franklin se distingue aussi par ses capacités de traitement du gaz et du pétrole sur site, avec deux plates-formes puits reliées à une plate-forme commune de traitement et d'export qui comprend une mini-raffinerie équipée pour produire directement un gaz aux spécifications commerciales.
Total envisage en outre d'injecter du dioxyde de carbone dans les réservoirs situés autour d'Elgin Franklin afin de faciliter la récupération du gaz et du pétrole, un projet qui pourrait aboutir en 2016, selon Thierry Bourgeois.
Edité par Jean-Michel Bélot
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