(BFM Bourse) - La saga Eurotunnel n’en finit plus de faire parler d’elle. Ces derniers jours ont été chargés en nouvelles, mais aussi en confusion. Tradingsat.com remet donc les choses à plat.
Le problème d’Eurotunnel : la dette. Elle s’élève à 9 Milliards d’euros. Jacques Gounon, président de la société, avait proposé un plan qui visait à ramener la dette à 4.2 Milliards d’euros, et ce notamment en émettant de nouvelles obligations transformables en actions au terme d’une période de trois ans. Une manière de générer du cash sans augmenter réellement la dette. De plus, une fois les obligations converties en action, la dette se transforme en fonds propres, réduisant les ratios d’endettement.
Si les 5 principaux créanciers (73% des droits de vote) approuvaient ce plan, les créanciers subordonnés, dont la Deutsche Bank, ont fait barrage. Ils n’ont en effet aucune garantie d’être remboursés si le plan échoue. Autres opposants à ce plan, les actionnaires, qui ont d’ailleurs déposé hier une assignation en référé pour fausse information, considérant que Jacques Gounon avait omis de préciser dans son plan qu’Eurotunnel serait déficitaire sur les trois prochains exercices, avec un cash flow totalement absorbé par les frais financiers. L’Arco, l’association des porteurs d’obligations d’Eurotunnel, propose son propre plan, et considère que le plan Gounon lèse les obligataires.
Dans le camp des "pour", on retrouve les principaux créanciers, qui représentent 50% de la dette. Cinq d’entre eux détiennent à eux seuls 73% des droits de vote et sont donc assurés d’être remboursés quoi qu’il arrive. Les syndicats de salariés d’Eurotunnel sont eux aussi favorables au plan de Jacques Gounon. Ils préfèrent en effet une renégociation de la dette à un dépôt de bilan, ce qui est compréhensible, leur emploi étant en jeu.
L’heure de la menace du dépôt de bilan est de toutes les manières révolue. La nouvelle procédure de sauvegarde, préambule au redressement judiciaire, sera mise en œuvre, puisqu’aucun accord n’a été trouvé. Un juge sera désigné pour tenter de fixer un accord entre les parties, et les dettes seront donc gelées. Seul bémol, cette procédure reste soumise à l’approbation du tribunal, qui donnera sa réponse le 25 juillet à 14h30.
Dernier point, au sujet de l’intervention de l’Etat. Certains, comme l’Adacte considèrent en effet que l’intervention de l’Etat serait justifiée, puisque c’est lui-même qui avait encouragé ce "projet d’intérêt général". Seulement, le traité de Canterbury, qui a fixé les conditions de mise en œuvre du tunnel, l’interdit formellement. Ce traité a une autre conséquence, qui peut cette fois être considérée comme favorable, puisqu'il stipule qu’en aucun cas le tunnel ne s’arrêterait de fonctionner.
Les trains continueront donc de rouler quoi qu’il arrive. D’ailleurs ces trains ont beaucoup de succès. C’est ce qui est source d’incompréhension pour le grand public. En effet, l’activité de groupe se porte très bien, Eurotunnel ayant même fêté hier son 100 millionième client.
Enfin parlons un peu du parcours boursier du titre, qui après avoir touché son plus haut à 18 euros en 1989, est aujourd’hui suspendu depuis le 12 mai au cours de 0.44 euro. L’AMF devrait autoriser la reprise des cotations une fois l’affaire stabilisée.
Pour les actionnaires, l’avenir est donc plus qu’incertain. Deux des plus probables possibilités restent le plan de sauvegarde, ou le plan de substitution, qui donnerait le contrôle de l’entreprise aux créancier afin qu’ils puissent se rembourser en exploitant l’activité. L’issue la plus positive pour le cours du titre serait la procédure de sauvegarde, puisque si elle réussit, c’est qu’un accord aura été trouvé entre les parties, ce qui devrait être interprété par le marché comme un signal très positif.
Pour finir, même si un accord reste hypothétiquement possible d’ici le 25 juillet, les précédentes négociations nous ont appris à ne pas trop attendre de ces évènements, les parties ayant pour habitude de camper leurs positions.
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