(BFM Bourse) - Andréa Brignone nous donne son point de vue sur Eurotunnel :
L'affaire Eurotunnel est à plus d'un titre un cas exemplaire. Avec un arrière goût de Canal de Panama. On fait financer par des épargnants des investissements lourds d'infrastructure. Pour cela, je m' en rappelle comme si cela était hier, les pouvoirs publics et les banques avaient des trémolos dans la voix : si on souscrivait on participerait à l'aventure du millénaire. Jamais l'homme n'avait eu une telle audace...Et j'en passe et des meilleures. Quand les choses ont tourné mal, c'était la faute de Madame Thatcher qui ne voulait pas que l'argent public serve à financer cette opération. Avec le recul on peut se dire que Madame Thatcher était ou bien clairvoyante ou bien honnête. Je pencherais pour la deuxième solution. Car enfin, qui étaient les bénéficiaires de l'opération (en dehors de tout avantage collectif qui est peut être à démontrer) ? Les banques et les sociétés qui ont construit le tunnel. Je ne suis pas contre le partenariat public privé, au contraire, dans de nombreux cas cela peut s'avérer judicieux. Par contre je ne trouve pas normal de faire embarquer des épargnants dans une aventure ou la visibilité est nulle et où la rentabilité est d'entrée obérée par des frais financiers gigantesques.
Pour finir on monte une tragi-comédie au bénéfice des épargnants en leur disant que s'ils n'apportaient pas leurs titres à l'OPE, ils perdraient tout. Comme s'il n'avait pas déjà tout perdu ! Cette fois les banques ont été beaucoup plus prudentes.
Bref cette aventure peut nous apprendre un certain nombre de choses. D'abord les méfaits du consensus. Quand unanimement il y a consensus sur quelque chose c'est que il y a manipulation ou aveuglement. Les boursiers rassis savent qu'il est temps de vendre une action quand tous les journaux et votre concierge disent qu'il faut en acheter.
Du temps de la souscription d'Eurotunnel un certain nombres de collaborateurs étaient venus me voir, pressés par leur banque, en me demandant mon avis. Je leur avais dit de ne souscrire ni Eurotunnel ni Eurodysney. Certains me remercient encore...
L'analyse de l'information financière émise fait partie de cette technique ou science de ce que j'ai appelé « la cognitique financière » et qui est une branche de la finance comportementale. C'est une science complexe qui permet par l'analyse des mots utilisés, par la cartographie d'un certain nombre de relation et par les postures prises par les acteurs de probabiliser leur comportement et la clarté de leurs objectifs. Et ainsi de probabiliser l'évolution des sociétés dont ils ont la charge. Je dis bien probabiliser et non prévoir car personne ne peut prévoir l'aléatoire. Et quoiqu'en pense certains, en Bourse on ne peut jamais prévoir on ne peut qu'estimer une situation existante et en probabiliser l'évolution. Le présent n'est que la racine des futurs et non leur détermination.
Maintenant que faut-il faire ?
Si vous n'avez pas de titre Eurotunnel Unit (Car c'est de ce titre que nous parlons). Restez à l'écart. Nous sommes incapables de probabiliser ce qui se passera. Certes la deuxième OPE se fera à un cours plus élevé mais pourquoi vous embarquer dan cette galère alors qu'il y a tellement d'autres occasions sur le marché. Si vous êtes daytrader, c'est autre chose. A vous de prendre vos risques en connaissance de causes.
La hausse brutale de Eurotunnel Unit est probablement due aussi au fait que un certain nombre de baissiers étaient sur le marché et qu' ils se sont trouvés squeezés par ce qui ressemble à un corner. Il ne reste plus que 15 % de titres sur le marché et il faut couvrir ses positions.
S'il vous reste des titres.
De toute façon vous avez déjà perdu. J'aurais tendance à sortir du jeu. Autant profiter des cours actuels. On ne sait pas de quoi demain sera fait. A condition que les cours ne se dégonflent pas brutalement.
De toute façon toujours du point de vue de la Cognitique financière, l'abaissement du niveau des titres pour satisfaire l'OPE n'était pas un bon signal : ou c'était de la panique ou c'était de la manoeuvre.
Je précise une fois de plus que je ne sais pas de quoi l'avenir sera fait et que je mes simplement en pratique l'adage « dans le doute abstiens toi » ! Je ne donne aucun conseil. C'est simplement des éléments de réflexion que je m'applique à moi même.
En règle générale, n'investissez pas dans des choses qui ne sont pas claires pour vous. Suivez le conseil de Warren Buffet : « Je ne prend de participations que dans ce que je comprends ».
Si vous êtes un investisseur, ne rentrez dans que les affaires dont la finalité est claire pour vous. Votre intuition en sera stimulée.
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