(BFM Bourse) - Le gendarme britannique de la concurrence a ouvert une enquête approfondie sur cette opération de cession de l’activité de signalisation ferroviaire du groupe français. Thales s’attend désormais à finaliser cette vente au second semestre 2023 et non plus au début de l’année prochaine.
C’est une conséquence directe du Brexit. En raison de la sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni, la Competition and Markets Authority (CMA), l’autorité britannique de la concurrence, se retrouve à gérer bien plus de dossiers, en lieu et place de la Commission européenne. Ce qui peut créer un engorgement et un certain manque de rapidité.
Le rachat des activités de Suez par Veolia, celui de CGP par Saint-Gobain, la reprise d’Equans par Bouygues sont autant de cas sur lesquels l'autorité s'est récemment penchée.
Ce vendredi, le gendarme britannique de la concurrence a ouvert, cette fois, une enquête dite de "phase II", c’est-à-dire un examen approfondi, sur la vente par le groupe de technologies et de défense Thales de sa division Ground Transportation Systems (GTS), spécialisée dans la signalisation ferroviaire, au japonais Hitachi Rail.
Craintes de hausses des tarifs
La CMA explique dans son communiqué que le marché de la signalisation ferroviaire pâtit déjà selon elle d’un manque de concurrence en Grande-Bretagne, étant essentiellement l’apanage de deux fournisseurs, Alstom et Siemens. L’autorité s'inquiète du fait "que l'accord entre Hitachi et Thales pourrait éliminer un concurrent crédible du nouveau processus d'appel d'offres pour la signalisation des grandes lignes, au moment même où les deux entreprises sont censées offrir une concurrence supplémentaire indispensable". Elle redoute ainsi que la perte de concurrence liée à ce rapprochement ait des répercussions négatives sur les tarifs payés par les passagers, tant sur les grandes lignes que sur les trajets urbains.
Thales a réagi dans un communiqué, déclarant que "les parties [étudiaient] actuellement cette décision". "Thales et Hitachi Rail sont convaincus de l’impact positif de ce projet sur la concurrence, et de son intérêt pour les clients dans la signalisation ferroviaire et la mobilité au Royaume-Uni, en Europe et sur le plan mondial", a ajouté le groupe.
Thales a toutefois prévenu qu’il était probable que la finalisation de cette transaction soit décalée au second semestre 2023, plutôt qu’au début de l’année prochaine. Le groupe profite également de l’occasion pour indiquer qu’il avait, avec Hitachi Rail, obtenu 9 accords des 13 autorités de la concurrence requis, et discutait actuellement avec la Direction générale compétition de la Commission européenne pour obtenir le feu vert de Bruxelles.
Une "légère déception"
A la Bourse de Paris, le marché sourcille un peu. Le titre Thales recule ainsi de 2% vers 14h30. "Bien que cela ne change pas notre point de vue selon lequel l'opération est susceptible de se poursuivre sans que des remèdes [des concessions, NDLR] importants soient mis en place, le décalage dans le temps est une légère déception", souligne Jefferies.
L’opération pourrait ainsi mette deux ans à être bouclée, depuis son annonce, début août 2021. Thales avait alors annoncé un accord valorisant GTS à 1,66 milliard d’euros (en valeur d’entreprise).
Bien que le groupe soit parvenu à remettre sur pied cette division, elle restait relativement petite face aux mastodontes de son secteur, comme Alstom ou Siemens Mobility, qui ont aussi pour avantage de pouvoir proposer du matériel roulant dans leur offre, ce qui n’est pas le cas de Thales. La société a ainsi décidé de céder ces activités à un industriel capable de lui apporter les complémentarités nécessaires à sa pérennité.
Les analystes, eux, appelaient de leurs voeux cette opération, certains jugeant que GTS ne constituait pas une activité essentielle pour l'entreprise.
Thales se prépare donc via cette opération à se recentrer sur ses marchés fondamentaux tels que la défense, l’aéronautique civile, le spatial, la cybersécurité ou encore l’authentification numérique. Le groupe avait indiqué à l’été 2021 qu’il pourrait utiliser le produit de la cession pour accélérer sa politique de croissance externe, augmenter ses investissements ou encore mener des politiques de retour à l’actionnaire.
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