(BFM Bourse) - Christopher DeVocht affirme avoir gagné plus de 400 millions de dollars canadiens en ayant eu du flair sur Tesla, avant de voir ses gains partir en fumée. Selon lui, sa banque est responsable de sa mésaventure.

C'est l'histoire de Christopher DeVocht un menuisier canadien, qui a eu le nez creux en investissant sur l'une des valeurs les plus emblématiques de la cote américaine : Tesla. Il était à la tête d'un beau pactole de plus de 400 millions de dollars canadiens, ou 275 millions d'euros. Avant que sa vista boursière ne tourne au cauchemar puisqu'il a tout perdu...

C'est en tout cas ce qu'il affirme dans des documents juridiques. Selon lui, sa banque et un cabinet d'expertise comptable lui auraient donné de mauvais conseils.

Christopher DeVocht a donc décidé de porter l'affaire en justice afin d'obtenir réparation pour le préjudice subi. Cette mésaventure, repérée par Bloomberg a été reprise par plusieurs médias américains et francophones dont Radio Canada.

Comme bon nombre de traders du dimanche, Christopher DeVocht disait aimer parcourir les forums boursiers pour des conseils d'investissement sur ses valeurs favorites, dont celle du constructeur de voitures électriques américain. Pour autant, il a indiqué dans sa plainte que ses connaissances financières étaient limitées. Ce que ses conseillers n'auraient, selon lui, pas suffisamment pris en compte.

A la fin de l'année 2019, Christopher DeVocht détenait 88.000 dollars canadiens, soit l'équivalent de 60.000 euros dans un compte ouvert auprès de la division de courtage de Royal Bank of Canada. Le menuisier trader souhaitait faire fructifier cet argent, en le plaçant sur des produits dérivés, de type options sur Tesla. Le but: s'acheter une maison pour enfin quitter son appartement en location.

Une plus-value exceptionnelle

Quelques mois plus tard, le projet d'achat du jeune trader amateur était bien mûr. Christopher DeVocht se rendit à sa banque, donc la Royal Bank of Canada, pour obtenir un prêt. A l'été 2020, son portefeuille valait environ 26 millions de dollars canadiens (17 millions d'euros) et sa valeur "augmentait rapidement", selon l'avis d'action civile déposé auprès de la Cour suprême de la Colombie-Britannique à Vancouver, cité par Bloomberg.

Sa banque l'a rapidement orienté vers un gérant de fortune en interne et ce dernier, l'a ensuite mis en contact avec un comptable de Grant Thornton, selon la plainte. Ces spécialistes auraient, selon le plaignant, conseillé "d'accumuler le plus grand nombre possible d'actions Tesla et de les conserver le plus longtemps possible". Ce qui a créé un risque de concentration, poursuit Christopher DeVoch. Il explique aussi que ses conseillers lui ont aussi recommandé de créer une structure pour y transférer tous ses actifs sur Tesla en vue de profiter d'une fiscalité plus adoucie sur ses investissements.

La belle histoire entre le menuisier trader et Tesla était, à ce moment là, au beau fixe. En 2020 et 2021, Tesla était incontestablement la star des marchés avec une action qui avait flambé de plus de 1.000% sur ces deux exercices boursiers.A tel point que ce bolide boursier pesait 32% du CAC 40 en octobre 2021.

La chevauchée boursière de la société d'Elon Musk a été profitable au portefeuille de Christopher DeVocht dont la valeur était passée de 186 millions de dollars canadiens (123 millions d'euros) à 415 millions de dollars canadiens (275 millions d'euros) en l'espace d'environ huit mois en 2021, est-il notifié dans la plainte. Avant que ces copieux gains ne soient réduits à néant avec la chute de plus de 60% des actions Tesla l'année suivante, en raison de difficultés sur son site de Shanghaï et la remontée des taux d’intérêt..

"Des conseils inadéquats"

Le malheureux trader amateur pris dans la panique, explique avoir tenté de limiter la casse en empruntant à sa propre société 20 millions de dollars canadiens (13,3 millions d'euros) et en les utilisant pour effectuer des transactions à plus court terme sur son compte personnel pour récuperer une partie de son investissement. Aussi, il avait dû vendre des titres Tesla à un cours bien moindre pour rembourser son prêt.

"Sans les 'conseils inadéquats' reçus par Christopher DeVocht de la part de RBC Dominion Securities, RBC Wealth Management et le cabinet d'experts-comptables Grant Thornton, lui et sa société 'auraient préservé une partie substantielle de leur patrimoine et mis en œuvre une planification financière qui n'aurait pas entraîné la perte de l'ensemble de leur valeur nette', est-il aussi indiqué dans la plainte citée par Bloomberg.

Le menuisier charpentier reproche aussi à la Royal Bank of Canada de lui avoir conseillé d'investir pour 25,5 millions de dollars canadiens (17 millions d'euros) dans son fonds caritatif. Ce qui, selon la plainte, aurait contribué à l'érosion d'une grande partie de la valeur de son portefeuille.

RBC Dominion Securities, RBC Wealth Management n'ont souhaité commenter l'affaire auprès de Bloomberg. "La seule déclaration que nous pouvons faire à ce stade est que nous nous engageons à fournir des services de qualité à tous nos clients conformément aux normes professionnelles", a pour sa part déclaré Grant Thornton dans un communiqué.

Cette histoire n'est pas sans rappeler un autre coup de maître boursier réalisé en 2022 par un trader amateur, mais avec une fin beaucoup plus heureuse. Jake Freeman, un étudiant américain de 20 ans à la University of Southern California, est parvenu à gagner 110 millions de dollars (100 millions d'euros) en misant sur Bed Bath and Beyond.

Cet étudiant avait investi pour 25 millions d'actions à moins de 5,50 dollars (5 euros) du distributeur d'articles pour la maison en mauvaise posture. Il a pris ses gains au moment opportun, l’entreprise ayant par la suite vu son cours s’effondrer.