(BFM Bourse) - Jake Freeman a investi dans le groupe d’articles pour la maison Bed Bath and Beyond. Il a pris ses gains au moment opportun, l’entreprise ayant par la suite vu son cours s’effondrer.
Il n’a pas encore l’âge de boire de l’alcool aux Etats-Unis, mais il a déjà de la graine de Warren Buffett en lui. Jake Freeman, un étudiant américain de 20 ans à la University of Southern California, a gagné 110 millions de dollars en misant sur Bed Bath and Beyond. Cette entreprise américaine est spécialisée dans la commercialisation d’articles pour la maison, comme des paillassons, des couvertures, de l’électroménager, des serviettes, des coussins etc…
Le jeune homme a acquis le 20 juillet, via sa société Freeman Capital Management, un total de 4,97 millions d’actions de ce groupe. Selon le Financial Times, qui a révélé l’histoire de ce boursicoteur, Jake Freeman a acheté l’ensemble de ses titres à moins de 5,50 dollars l’action, déboursant environ 25 millions dollars. Pour réunir une telle somme, l’étudiant assure au "FT" avoir levé des fonds auprès de sa famille, de ses amis et d’autres personnes de son entourage.
Bien lui en a pris puisque l’action Bed Bath and Beyond s’est par la suite envolée, multipliant par plus de 5 son cours. Cette hausse a été portée par un afflux massif d’investisseurs particuliers décidant sur le réseau social Reddit de se liguer pour faire bondir le titre et renverser les vendeurs à découvert. Ce type de schéma s’était déjà produit au cours de la pandémie avec la chaîne de magasins de jeux vidéo GameStop.
Une stratégie simple
Une déclaration auprès de la SEC , le gendarme américain de la Bourse, montre que l’étudiant a soldé sa position le 16 août. Montant total de la vente: plus de 130 millions de dollars, selon le "FT", pour une plus-value qui atteint donc environ 110 millions de dollars, soit 110 millions d’euros.
"La forte appréciation du cours de l'action BBBY [Bed Bath and Beyond, NDLR], combinée au fait que je pars demain pour l'université, a joué un rôle essentiel dans la clôture de [sa] position", a expliqué Jake Freeman sur Reddit, juste après s’être délesté de ses titres.
L'étudiant a ainsi appliqué la stratégie la plus basique qu’il soit en Bourse: acheter quand l’action est basse et vendre quand elle a beaucoup monté.
Le jeune investisseur a néanmoins confié au "FT" qu’il ne s’attendait pas à ce que le titre Bed Bath and Beyond grimpe aussi rapidement. "Je pensais que ce serait un pari à plus de six mois, j’ai été vraiment choqué que cela monte aussi vite", insiste-t-il.
Jake Freeman a eu le nez creux, car l’action du distributeur américain s’est par la suite effondrée, tombant à 11 dollars. En cause, l’annonce de la cession d’actions et d’options sur le titre par le milliardaire américain Ryan Cohen, président de GameStop. L’homme d’affaires, qui a investi via sa holding RC Ventures, a d’ailleurs lui-même empoché une belle plus-value, de 68,1 millions de dollars, en soldant sa position.
Fort potentiel
Comme le rapporte Business Insider, Jake Freeman a expliqué dans une conversation Twitter Spaces qu’il avait investi dans Bed Bath and Beyond parce qu’il estimait que le cours de l’action reflétait des anticipations de faillite. Le jeune investisseur jugeait cette issue évitable et pensait ainsi que le titre possédait un fort potentiel, à condition que la direction de l’entreprise applique les bonnes mesures pour renforcer sa structure financière.
Dans la foulée de sa prise de participation dans Bed Bath and Beyond, l’étudiant s’était même permis d’écrire une missive à l’entreprise, en grande difficulté financière, lui suggérant des idées pour redresser la barre. "BBBY fait face à une crise existentielle pour sa survie", écrivait-il. Jake Freeman avait suggéré au groupe américain de mettre en place un schéma financier complexe à base notamment d’émissions d’obligations convertibles en actions pour renforcer son bilan.
Le mécanisme devait permettre à l’entreprise de capitaliser sur son statut de "meme stock" - c’est-à-dire de valeur prisée des investisseurs individuels - pour réduire de moitié sa dette.
"Je continue à voir beaucoup de valeur dans BBBY et de nombreuses façons pour BBBY d'éviter la faillite", a-t-il encore déclaré sur Reddit, après avoir vendu ses titres.
Bad Beth and Beyond n’a pas encore déposé le bilan. Jeudi, le Wall Street Journal a rapporté que la société était en discussions avancées avec un gérant d’actifs, Sixth Street Partners, pour obtenir un prêt de 400 millions de dollars et renforcer ses liquidités.
Bientôt à la Maison-Blanche ?
En dehors de ce coup évidemment très médiatisé, Jake Freeman présente un profil très singulier. Le jeune homme a appris les rudiments de l’investissement en Bourse auprès de son oncle, Scott, un ex-haut dirigeant dans l’industrie pharmaceutique, et ce dès l’âge de 13 ans, rapporte le Financial Times. Il a également effectué des stages dès 17 ans dans un hedge fund (un fonds spéculatif) du New Jersey, Volaris. L’étudiant a d’ailleurs co-signé avec le fondateur de cette société, Vivek Kapoor, une étude académique. Ils apprendraient désormais ensemble le sanskrit, une ancienne langue indo-européenne.
Toujours selon le "FT", Jake Freeman avait même tenté de se présenter à l’élection présidentielle américaine de 2020, souhaitant devenir alors le plus jeune candidat pour ce scrutin. Sa tentative n’était pas allée bien loin. Fort de sa nouvelle notoriété, tentera-t-il à nouveau l’expérience en 2024 ?