(BFM Bourse) - Le secteur des semi-conducteurs est à la peine ce vendredi en Bourse, bousculé par l'américain Intel qui a dévoilé une importante perte nette au deuxième trimestre, en raison de son retard sur les puces adaptées à l'IA.

La fin de semaine est éprouvante pour les marchés, mais aussi pour les groupes de semi-conducteurs. Le coup de tonnerre est venu de l'américain Intel qui a dévoilé jeudi soir des comptes trimestriels fortement dégradés.

Le géant américain des semi-conducteurs a publié un chiffre d'affaires en baisse de 1% à 12,8 milliards de dollars, et il est inférieur aux attentes du marché qui tablait sur 12,95 milliards de dollars de facturations.

"Le chiffre d'affaires n'est pas à la hauteur de nos attentes", a déclaré Dave Zinsner, directeur financier, cité par Bloomberg. La marge brute s'est quant à elle établie à 35,4% sur ce même trimestre, alors qu'à son apogée Intel affichait régulièrement une marge brute bien supérieure à 60%, rappelait Bloomberg.

Intel dit avoir fait face à "vents contraires" sur la période, ce qui a pesé sur la production de composants pour la nouvelle génération d'ordinateurs adaptés à l'IA, a déclaré son directeur financier David Zinsner.

Pas de dividende en fin d'année

Le groupe a accusé beaucoup de retard par rapport à ses concurrents dans le juteux marché des puces dédiées à l'Intelligence artificielle. Nvidia affole les compteurs boursiers depuis le lancement de ChatGPT, le robot conversationnel à l'origine de l'essor de l'intelligence artificielle générative et par ricochet du bond de la demande pour les processeurs graphiques d'un des sept magnifiques.

Et pour ne rien arranger, Intel a vu ses comptes nettement basculer dans le rouge, à hauteur de 1,6 milliard de dollars au deuxième trimestre, alors qu'il était bénéficiaire à la même époque l'an passé.

"Notre performance financière au deuxième trimestre a été décevante, même si nous avons franchi des étapes clés en matière de technologie des produits et des processus. Les tendances du second semestre sont plus difficiles que nous ne l'avions prévu", a déclaré Pat Gelsinger, PDG d'Intel.

Sans surprise, les perspectives présentées par Intel sont ternes. Le groupe américain s'attend à publier un chiffre d'affaires compris entre 12,5 et 13,5 milliards de dollars, et à finir le trimestre en cours en perte de 3 cents par action. Ce qui est nettement en dessous des 14,35 milliards de dollars de facturations et d'un bénéfice de 31 cents par action attendus par le consensus.

Pour l'actionnaire c'est aussi la douche froide. Intel a annoncé suspendre son dividende à partir de la fin de l'année, et jusqu'à ce que "les flux de trésorerie s'améliorent pour atteindre des niveaux durablement plus élevés", selon le communiqué. Or, Intel versait des dividendes depuis 1992, rappelle Bloomberg.

Un grand plan de licenciements à venir

"Les perspectives pour le second semestre sont plus difficiles que nous ne l'avions prévu, et nous tirons parti de notre nouveau modèle d'exploitation pour prendre des mesures décisives qui amélioreront nos processus en termes d'efficacité", a ajouté le patron d'Intel.

Le groupe a donc dévoilé un grand plan social pour réduire ses coûts de 10 milliards de dollars. Il prévoit de licencier plus de 15% de son personnel d'ici la fin de l'année, ce qui concernait 18.000 employés.

Sans surprise, les annonces d'Intel ont crispé Wall Street. Le titre plonge de près de 30% à Wall Street, et est bien parti pour réaliser sa pire séance de son histoire.

En Europe, c'est l'ensemble du secteur qui est secoué par les annonces d'Intel. A Amsterdam, ASML plonge de 9,2% après avoir été suspendu de cotation à l'ouverture, quand STMicroelectronics lâche désormais 5,6%, vers 16h15.

Son titre perd plus 40% depuis le début de l'année, plombé par de multiples déceptions. Le 25 juillet dernier, STMicroelectronics avait lâché près de 14% en Bourse, sanctionné après avoir révisé une nouvelle fois sa perspective de chiffre d'affaires en raison notamment d'un marché plus compliqué dans l'automobile.