par Matthias Blamont et Helen Massy-Beresford
PARIS (Reuters) - PSA Peugeot Citroën et Renault déclarent que la dégradation de la situation financière de leurs fournisseurs est devenu un sujet de préoccupation majeur mais les deux constructeurs semblent diverger sur les moyens de remédier à la situation.
Depuis plusieurs semaines, les plans sociaux se multiplient chez les équipementiers automobiles, comme Heuliez à qui l'Etat français va prêter 10 millions d'euros pour éviter une faillite et sauver plus de 1.000 emplois.
Valeo, dont l'indemnité de départ attribuée à son P-DG Thierry Morin fait l'objet d'une vive polémique, a accusé une perte nette de 207 millions d'euros en 2008 et envisage de supprimer 5.000 emplois dans le monde, dont environ 1.600 en France.
De son côté, Faurecia, contrôlé à 71% par PSA, prépare une augmentation de capital de 450 millions d'euros pour survivre au retournement de ses marchés.
"Depuis trois ou quatre semaines, le point d'inquiétude majeur que j'ai, c'est la relation avec les fournisseurs. Certains sont encore dans une situation très difficile", a souligné Patrick Pélata, directeur général délégué de Renault, au cours d'une audition devant la commission des affaires économiques du Sénat consacrée au "pacte automobile."
"Les équipementiers sont soumis aux mêmes contraintes que les constructeurs. Ici et là, nous regardons la situation de certains d'entre eux", a-t-il ajouté devant la presse. "Dans certains cas, il faut que nous trouvions ensemble des solutions. Ça peut être une reprise ou une restructuration. Il faut trouver des solutions qui ne soient pas des pansements sur une jambe de bois."
Le dirigeant n'a toutefois pas cité les noms des entreprises auxquelles il faisait allusion.
85 FOURNISSEURS DE PSA EN DIFFICULTÉ
Christian Streiff, président du directoire de PSA Peugeot Citroën, a lui aussi fait part de ses inquiétudes.
Egalement auditionné par le Sénat, il a affirmé que son entreprise avait identifié 85 fournisseurs en difficulté financière.
Christian Streiff a cependant précisé que la stratégie de PSA n'était pas d'entrer dans le capital de ses fournisseurs, se disant néanmoins prêt à faire "le maximum" pour les aider.
L'Etat a décidé début février de débloquer 7,8 milliards d'euros pour soutenir la filière automobile. Renault et PSA se sont vu prêter trois milliards d'euros chacun sur cinq ans sur la base d'un taux d'intérêt variable de 6%.
Le dispositif publique prévoit par ailleurs des crédits supplémentaires à hauteur d'un milliard d'euros pour les filiales financières respectives de PSA et de Renault, 300 millions d'euros de plus pour les équipementiers automobiles et 500 millions pour Renault Trucks.
En contrepartie, les deux constructeurs nationaux se sont notamment engagés à ne pas lancer de plan social en 2009, à ne pas fermer d'usine en France au cours de la durée du prêt - lequel peut néanmoins faire l'objet d'un remboursement anticipé - et à poursuivre leurs efforts en faveur la production de véhicules moins polluants.
Patrick Pélata a noté que Renault et PSA avaient "transféré" quelque deux milliards d'euros de trésorerie à leurs sous-traitants en raccourcissant leurs délais de paiement.
Aux Etats-Unis, la nouvelle administration Obama a annoncé un plan d'aides de cinq milliards de dollars rien que pour les équipementiers automobiles américains.
Lors de l'audition au Sénat, Patrick Pélata a réaffirmé une nouvelle fois que le groupe français n'avait pas l'intention de céder sa participation de 21,8% dans le constructeur suédois de poids lourds Volvo.
"Nous sommes attachés a notre participation dans Volvo mais nous sommes prêts à vendre des actifs qui ne sont pas essentiels à Renault à court et moyen termes si notre survie est en jeu. La seule priorité pour nous, c'est de dégager un free cash flow (flux de trésorerie, ndlr) positif cette année", a-t-il dit.
Renault réfléchit actuellement à engager un vaste programme de cessions immobilières dont il espère tirer plusieurs centaines de millions d'euros.
Le titre Renault recule de près de 19% depuis le début de l'année à la Bourse de Paris tandis que l'action PSA gagne près de 29%. Vers 15h00, l'action PSA dérape de 4,97% à 14,81 euros tandis que Renault gagne 3,02% à 15,5.
Avec la contribution de Jean-Michel Bélot, édité par Jacques Poznanski
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