(BFM Bourse) - Le constructeur automobile a livré ses résultats du premier semestre, qu’il avait déjà pré-publiés la semaine dernière. L’intérêt vient surtout des perspectives pour la deuxième partie de l’année. Stellantis entend augmenter ses revenus par rapport au premier semestre, dégager une marge opérationnelle à un chiffre bas et redresser son flux de trésorerie. La société a également réévalué l’impact des droits de douane à 1,5 milliard d’euros pour 2025.
La messe était déjà dite pour Stellantis. Le constructeur automobile né en 2021 de la fusion entre Fiat Chrysler Automobiles et Peugeot SA avait pré-publié ses comptes du premier semestre la semaine dernière, livrant en réalité un lourd avertissement sur résultats.
Ses performances s'étaient inscrites loin, très loin, des attentes. À titre d'exemple, son résultat opérationnel courant a fondu de 94% à environ 500 millions d'euros sur les six premiers mois de l'année quand les analystes attendaient un chiffre de plus de 2 milliards d'euros, selon Bernstein. Le groupe a été pénalisé, sur les six premiers mois de l'année, par les premiers impacts des droits de douane américains mais aussi par une chute des volumes plus fortes qu'anticipé, avec un marché des utilitaires en berne en Europe, et des coûts fixes plus difficiles à absorber.
Les résultats complets livrés par la société ce mardi 29 juillet confirment les données préliminaires ultra-dégradées qu'avait communiquées la société. Le chiffre d'affaires a chuté de 13% à 74,26 milliards d'euros, le résultat opérationnel courant a fondu de 94% à 540 millions d'euros et Stellantis est passé d'un bénéfice de plus de 5,6 milliards d'euros au premier semestre 2024 à une perte nette de 2,287 milliards d'euros un an plus tard. La société a par ailleurs brûlé pour 3 milliards d'euros de flux de trésorerie industriel.
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En perte opérationnelle en Amérique du Nord
Les détails montrent toutefois l'ampleur du plongeon du groupe, notamment en Amérique du Nord, censée constituer le moteur du groupe en termes de rentabilité. Sur le semestre, la marge opérationnelle courante a basculé dans le rouge à -3,4% dans cette région tandis qu'elle est tombée à 0% en Europe.
La véritable "nouveauté" pour le marché réside dans les perspectives du groupe. Stellantis avait suspendu en avril ses objectifs pour 2025.
À l'issue de ce premier semestre, le constructeur italo-américano-français a donné des indications pour la seconde partie de l'année. Stellantis entend augmenter ses revenus au second semestre par rapport au premier, dégager une marge opérationnelle "low-single digit" (soit entre 1% et 4%), après 0,7% au premier semestre, et améliorer sa génération de trésorerie par rapport au premier semestre.
Ces perspectives reposent sur l'hypothèses que les droits de douane américains mis en place ne changent pas par rapport à la situation actuelle.
Au passage, Stellantis a réévalué à la hausse l'impact des surtaxes douanières américaines l'estimant à environ 1,5 milliard d'euros pour 2025, avec 300 millions d'euros déjà survenus au premier semestre. Le groupe retenait auparavant une fourchette allant de 1 milliard à 1,5 milliard d'euros.
"2025 s'annonce comme une année difficile, mais aussi marquée par une amélioration progressive", a assuré dans un communiqué le directeur général du groupe, Antonio Filosa, qui a pris les rênes de la société en mai dernier succédant ainsi à Carlos Tavares.
"Les signes de progrès sont évidents lorsque l'on compare le premier semestre 2025 au second semestre 2024, sous la forme d'une amélioration des volumes, du chiffre d'affaires net et du résultat opérationnel courant malgré l'intensification des vents contraires externes", a-t-il assuré.
L'action recule à la Bourse de Paris
Stellantis a déjà annoncé des mesures pour redresser sa performance, notamment l'arrêt de ses activités d'utilitaires à l'hydrogène en raison d'un manque de perspectives. L'entreprise va aussi arrêter certains programmes sur ses plateformes.
L'entreprise mise par ailleurs sur ses nouveaux modèles pour regagner des parts de marché et relancer ses volumes, notamment le nouveau Jeep Compass, la DS n 8, ou le nouveau Citroën C5 Aircross.
Dans une présentation qui doit être détaillée par Antonio Filosa aux analystes ce mardi après-midi, le groupe entend également "améliorer l'expérience client" en Amérique du Nord et en Europe.
À la Bourse de Paris, ces annonces ne provoquent guère d'enthousiasme. L'action Stellantis a débuté la séance de mardi en baisse de 3%.
Oddo BHF estime que la cible de la société sur génération de trésorerie pour le second semestre s'avère "décevante".
Pour le courtier, cette publication confirme "si besoin était, que la situation de Stellantis reste précaire et que le nouveau directeur général a une tâche ardue devant lui, qui exigera beaucoup d'efforts et de temps pour redresser le groupe".
"Même au-delà de 2025, il subsiste une grande incertitude quant à l'ampleur réaliste de la reprise en 2026 (nous visons une marge opérationnelle de 4,5% contre 2,1% en 2025) et nous restons 15% en dessous des attentes du consensus", poursuit Oddo BHF.
"Ceci, combiné à la faiblesse des performances de 2025 (en particulier le flux de trésorerie disponible négatif), devrait pénaliser de manière significative le dividende, qui devrait selon nous être au moins divisé par deux", prévient encore Oddo BHF.
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