(BFM Bourse) - Le constructeur automobile a réussi le tour de force de rester bénéficiaire les six premiers mois de l'année malgré un recul de 46% de ses immatriculation et des revenus en repli de 34%. PSA confirme par ailleurs ses perspectives de marge opérationnelle pour la période 2019-2021. Son titre affiche l'une des meilleures progressions de la matinée au sein du CAC 40.
Sortie de piste maîtrisée pour le constructeur automobile français PSA (Peugeot, Citroën, Opel, Vauxhall, DS) qui constate certes un effondrement de ses revenus sur les six premiers mois de l'année (-34,5% à 25,1 milliards d'euros) mais reste bénéficiaire, avec un résultat net positif de 595 millions d'euros, en repli de 67,5% par rapport à la même période de l'année dernière.
Pour réaliser ce tour de force, le groupe a tiré parti de la marotte de Carlos Tavares pour la réduction des coûts, entreprise dès son arrivé à la tête du groupe en janvier 2014. PSA a d'ailleurs continué à couper dans ses dépenses pendant la crise, les coûts de restructuration s'étant établis à 132 millions d'euros sur le premier semestre (contre 656 millions d'euros un an plus tôt).
Cité dans le communiqué publié mardi avant Bourse, le dirigeant se félicite de "ce résultat semestriel [qui] démontre la résilience du groupe, récompense de 6 années consécutives de travail intense pour augmenter notre agilité et abaisser notre point mort" (à 53%, ce qui signifie qu'il est encore capable de générer du cash avec des volumes inférieurs de moitié à la normale).
Cette stricte gestion des coûts a permis à PSA de dégager un bénéfice opérationnel courant de 517 millions d'euros (-84,5%), pour une marge opérationnelle courante de 2,1%. Pour la seule division automobile (excluant Faurecia et les autres activités du groupe, qui incluent la holding Peugeot S.A. et la banque PSA Finance), celle-ci s'établit à 3,7% contre 8,7% en 2019 sur la même période. À titre de comparaison, la division enregistrait une marge négative dans les années 2012-2013 quand le groupe était au plus mal.
Plus important que ce recul déjà intégré par le marché, "PSA a confirmé ses perspectives de marge opérationnelle pour la période 2019-2021" relève David Madden, analyste chez CMC Markets, à savoir garder ce ratio au-dessus de 4,5% en moyenne, grâce à un rebond prévu à partir du second semestre. "Nous considérons toujours ce chiffre comme un minimum, avec une forte probabilité de faire mieux étant donné nos résultats du premier semestre", a commenté le directeur financier du groupe, Philippe de Rovira, lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.
"Nous sommes déterminés à réaliser un solide rebond sur la deuxième partie de l'année, tout en finalisant la naissance de Stellantis", nom du nouveau groupe (choisi le 16 juillet dernier) issu du mariage PSA-FCA, "d'ici la fin du premier trimestre 2021", a ajouté Carlos Tavares. "La résilience du groupe est probablement l'une des meilleures dans l'industrie automobile", a renchéri Philippe de Rovira, soulignant que PSA était même capable de survivre seul. Mais "Stellantis est une opportunité fantastique de faire encore mieux, en combinant les forces des deux groupes".
Comme annoncé mi-juillet dernier, les immatriculations du groupe se sont établis à 1.033.000 véhicules sur les six premiers mois, en chute de 45,7% sur un an. Dans le même secteur, Renault -Nissan-Mitsubishi a vendu 1.256 658 véhicules sur la même période, en repli de "seulement" 34,9% grâce à une plus faible exposition à l'Europe, particulièrement affecté par la crise avec les longs confinements décrétés en Espagne, en Italie et en France notamment. Or l'Europe représente plus de 85% des ventes de PSA contre environ 50% de celles de son concurrent.
Selon l'Association des constructeurs européens d'automobiles, qui table sur une chute historique de 25% des livraisons de voitures neuves dans l'UE sur l'ensemble de l'année (PSA anticipe un recul similaire), celles-ci se sont effondrées de 38,1% entre janvier et juin. Le groupe au Lion -et celui au losange- ont tout deux sous-performé le marché sur le Vieux continent, où leurs ventes sont respectivement en repli de 45,4% et de 42%.
Le recul des immatriculations (-45,7%) est moins prononcé que celui des revenus (-34,5%) en raison, notamment, d'un mix-produit favorable (+188 millions d'euros) grâce aux succès des derniers lancements, notamment les nouvelles versions des citadines Peugeot 208 et Opel Corsa, et au bon accueil des versions électriques, souligne Philippe de Rovira. Dans le détail, PSA a vendu 18.566 voitures de sa gamme électrique au premier semestre, contre 2.925 un an plus tôt (+534%). Sur la même période, les ventes de véhicules hybrides ont bondi à 12.753 véhicules contre... 35 un an avant. "La part de marché du groupe (dans l'électrique, NDLR) a augmenté de 10 points sur les cinq premiers mois de l’année" indique le communiqué.
Le directeur financier se veut en outre rassurant, évoquant "un très fort rebond des ventes en Europe" au mois de juin (celle-ci ont doublé entre mai et juin, de 100.000 à 200.000 véhicules environ), "juillet suivant la même tendance de reprise très rapide". PSA souligne par ailleurs que ses stocks (incluant celui du réseau indépendant et des importateurs) ont reculé de 24% sur un an à 505.000 véhicules. Carles Tavares conclut en affirmant que le carnet de commandes est "excellent" à fin juin, le communiqué précisant seulement que celui-ci est "supérieur à celui de l’année dernière à la même période".
Cette publication est très bien accueillie par la Bourse de Paris, le titre PSA enregistrant la deuxième meilleure progression au sein de l'indice vedette avec un gain de 3,9% à 15,48 euros peu après 11h30, qui permet au constructeur de conforter son rebond sur un mois (+11%) et d'effacer une partie de ses pertes depuis le 1er janvier (-27%). Deux jours avant la publication de ses résultats semestriels, Renault souffre déjà de la comparaison et lâche 1,3%.
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