(BFM Bourse) - L'action du constructeur franco-italo-américain carbure ce jeudi 2 octobre, portée par une forte remontée de ses ventes et de ses parts de marché aux États-Unis. Ce qui envoie un signal encourageant sur une reprise dans la région la plus importante de la société.
L'adage dit qu'une hirondelle ne fait pas le printemps. Mais dans le cas de Stellantis, le marché attend depuis bien longtemps un signal positif sur l'activité du groupe aux États-Unis.
Pour donner un ordre d'idée, les volumes de Stellantis ont plongé de 23% au premier semestre 2025 dans la zone "Amérique du Nord" et la société a accusé une perte opérationnelle à hauteur de 951 millions d'euros dans cette région, sur la même période.
Or cette zone constitue le premier marché de la société et a longtemps représenté le grand moteur de sa rentabilité. En 2022, le taux de marge opérationnelle courante de l'entreprise avait atteint 16,4% en Amérique du Nord, un chiffre qui prête à l'irrationnel pour un constructeur automobile généraliste.
Mais cette rentabilité s'est faite aux prix d'un plongeon des parts de marché de la société et d'une hausse inquiétante des stocks que la précédente direction a mis trop de temps à prendre aux sérieux.
"L'ancien directeur général Carlos Tavares a trop insisté pour améliorer les marges en réduisant les coûts et en augmentant les prix, ce qui a donné des résultats initiaux spectaculaires, mais a finalement détérioré les relations et entraîné des pertes de parts de marché, aboutissant à son départ", rappelait le mois dernier Bernstein.
Jefferies, pour sa part, notait en juin, que Stellantis avait perdu entre 5 et 6 points de pourcentage de part de marché en Amérique du Nord depuis sa création (janvier 2021).
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La plus forte hausse du CAC 40
La société mise, cette année, sur des lancements de nouveaux produits, notamment le nouveau Jeep Compass, pour renverser la tendance au second semestre et repartir de l'avant. Le groupe a aussi réintroduit son moteur thermique Hemi 5,7l V8 en le mettant sous le capot du Ram 1500. "Ils ont remis un bon vieux 'gas-guzzling car' (un véhicule qui consomme beaucoup, NDLR) mais cela se vend bien", juge un analyste.
Rappelons que l'action du groupe a suivi la dégradation de son activité aux États-Unis. Le titre Stellantis a vu son cours être divisé par plus de trois depuis ses plus hauts atteints début 2024.
On sent toutefois qu'une étincelle peut ranimer la flamme. Le 11 septembre dernier, l'action a repris 9,2% grâce, simplement, à des commentaires positifs de son directeur général, Antonio Filosa, lors d'une conférence.
Selon UBS, le dirigeant avait alors évoqué des commandes robustes pour le camion Ram V8 Hemi, un modèle très rentable, et avait assuré que la situation des stocks chez ses concessionnaires américains était "saine". UBS jugeait que le bond de l'action avait aussi pu être alimenté par des "rachats de short", c'est-à-dire des vendeurs à découvert qui ont débouclé leurs positions en acquérant l'action.
Ce jeudi 2 octobre, l'action Stellantis connaît une nouvelle poussée de fièvre. Le titre prend 6,5% vers 12h30, heure française signant d'assez loin la plus forte hausse du CAC 40.
Part de marché au plus haut en 15 mois aux États-Unis
Plusieurs experts de marché lient cette progression à des données enfin rassurantes pour les ventes de la société aux États-Unis en septembre.
"Ils ont vu leurs ventes progresser de 14% sur un an alors que le marché a progressé de 6%, en étant avant tout tiré par les ventes électriques de General Motors et Ford. C'est une bonne surperformance et cela montre qu'il y a enfin un frémissement sur les parts de marché du groupe aux États-Unis", explique l'un d'entre eux.
"Il y a eu un fort regain de part de marché de Stellantis au moins de septembre, de plus de 1 point de pourcentage. Il y a l'espoir que l'on soit sur un 'tipping point' (un point d'inflexion) du redressement des activités nord-américaines, qui sont le grand moteur de la rentabilité de Stellantis", explique de son côté l'analyste anonyme précédemment cité plus haut dans cet article.
"D'autant que ces gains de part de marchés se sont faits avec des 'incentives' (des incitations, comme des promotions ou des rabais, NDLR) stables", ajoute-t-il.
Cité par Detroit New, Jeff Kommor, directeur des ventes du groupe aux États-Unis a expliqué que la société avait enregistré un bon mois de septembre, avec une part de marché au plus haut depuis 15 mois.
Rappelons que le redressement des activités américaines demeure le chantier le plus pressant de l'entreprise. "Un retour aux bénéfices aux États-Unis et stopper la consommation de trésorerie sont les priorités clef", écrivait UBS, mi-septembre.
Ce premier bon signal sur les ventes américaines du groupe survient alors que l'actualité de Stellantis en Europe est morose. Selon plusieurs médias, le groupe a fermé temporairement plusieurs sites, faute d'activité suffisante. En France, les usines de Mulhouse et de Poissy sont concernées. Des sites situés en Allemagne, en Espagne, en Italie ou encore en Pologne observeront également des arrêts de plusieurs semaines.
Ce qui montre les difficultés d'un marché européen où la concurrence s'avère rude. "L'amélioration des ventes en Europe est l'un des piliers clés (après l'Amérique du Nord) du plan de redressement de Stellantis. La nouvelle génération de véhicules des segments B et C, toujours en phase de développement, est particulièrement essentielle pour permettre à Stellantis de regagner des parts de marché. Cependant, les dernières tendances sur les marchés clés (notamment la France) ne sont pas favorables, nous prévoyons une nouvelle intensification de la concurrence", observe UBS.
Les récentes annonces, par l'administration Trump, d'un alourdissement des surtaxes douanières sur les poids lourds pourrait par ailleurs peser à hauteur de 1 milliard d'euros sur les comptes de la société, selon la banque.
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