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Stellantis : Après avoir échaudé la Bourse, Stellantis doit reconstruire sa crédibilité auprès des investisseurs

mardi 1 octobre 2024 à 11h15
Stellantis chute en Bourse

(BFM Bourse) - Le lourd avertissement sur résultats émis lundi a remis en cause une réputation d'excellente exécution que le groupe a mis des années à bâtir. L'entreprise de Carlos Tavares doit désormais démontrer limiter au maximum ce trou d'air pour reconquérir les investisseurs.

Dans le marché comme en amour, une relation de confiance construite durant de longues années peut se retrouver fragilisée en un battement de cils. Stellantis et son directeur général, Carlos Tavares en font l'amère expérience depuis maintenant quelques mois.

Lundi, le constructeur automobile aux 15 marques a chuté de 14,74% à la Bourse de Paris, la plus forte baisse de sa jeune histoire boursière, la société étant née en janvier 2021 de la fusion de Fiat Chrysler et Peugeot SA. Ce qui porte à 40% le repli de l'action Stellantis sur l'ensemble de 2024, le deuxième plus important du CAC 40. Et dire qu'en 2023 le constructeur avait signé la meilleure performance de l'indice parisien (+59%).

Rarement pour ne pas dire jamais le bilan de Carlos Tavares n'a paru à ce point éclaboussé. Depuis son arrivée chez Peugeot SA, en 2014, le dirigeant a appliqué avec succès une méthode fondée sur la rationalisation du nombre de modèles (trop nombreux à l'époque où il prend les commandes), l'accent sur le pricing power (pouvoir de fixation des prix) et les prouesses sur les coûts. Cette fameuse "méthode Tavares" lui a permis de relancer PSA, mais aussi de redresser en un temps record Opel-Vauxhall, racheté en 2017.

Si bien qu'après l'échec des fiançailles avec Renault, John Elkann, hériter de la famille Agnelli, choisira d'unir Fiat Chrysler à un PSA au sommet de sa gloire, fin 2019. C'est aussi cette méthode qui a permis d'extraire au plus vite les synergies de la fusion entre les deux constructeurs, chiffrées à 8,4 milliards d'euros en année pleine. L'an passé, la marge opérationnelle courante s'est élevée à 12,8% (et plus de 14% au premier semestre), niveau quasi-inatteignable pour un constructeur "mass market".

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Des signaux dès le printemps

Mais ces faits d'armes ne pèsent pas lourd dans la balance face aux récentes déceptions provoquées par Stellantis. Dès avril la directrice financière, Natalie Knight, prévient que le marge du groupe au premier semestre se situera entre 10% et 11% au premier semestre, contre plus de 14% un an plus tôt.

Quelques mois plus tard, lors de la publication des résultats semestriels, Stellantis publie des comptes en chute libre, la marge atteint tout juste 10% (Deutsche Bank la calculera même à 7,8% en éliminant les ajustements comptables). Carlos Tavares reconnaît alors que la société n'a pas su faire le nécessaire pour réduire ses stocks aux Etats-Unis, dont le niveau important préoccupe les investisseurs depuis plusieurs mois. Stellantis compte, toutefois, toujours dégager une marge opérationnelle courante à deux chiffres en 2024 et générer un flux de trésorerie industriel positif.

Lundi, les craintes du marché ont été cristallisées par l'avertissement sur résultats de Stellantis. Exit la marge à deux chiffres, Stellantis retient désormais un taux de 5,5% à 7% pour 2024. Quant à la trésorerie, le groupe s'attend à brûler entre 5 milliards et 10 milliards d'euros de cash-flow industriel. Ce qui d'ailleurs inquiète les analystes quant au retour à l'actionnaire (les dividendes et les rachats d'actions), qui constitue un atout de Stellantis.

"Le bilan est suffisamment solide pour faire face à la situation négative du flux de trésorerie disponible de cette année, selon nous, cependant, la perspective d'une allocation de capital attrayante s'est considérablement détériorée et doit être réévaluée", souligne, sur ce point, UBS ce mardi.

Cet avertissement s'explique par un marché mondial certes plus compliqué mais surtout par les "mesures correctrices" prises pour réduire les stocks américains. Stellantis va notamment augmenter les promotions pour diminuer ses stocks.

"Outre les réductions de prix déjà effectuées, il apparaît que Stellantis apportera une aide supplémentaire à ses concessionnaires pour qu'ils réduisent leurs stocks invendus des modèles des années 2023 et 2024 afin qu'ils puissent accepter des modèles de l'année 2025 qui semblent s'accumuler dans les sites de Stellantis", explique Bernstein, qui a assisté à une réunion avec les relations investisseurs du groupe lundi après-midi.

Les ventes au réseau américain vont par ailleurs diminuer à 200.000 unités au second semestre 2024. "Il semble que les mesures soient axées sur les volumes et plus particulièrement sur les mesures de production en Amérique du Nord, par opposition aux rabais importants", juge Royal Bank of Canada.

"Un revirement radical"

L'avertissement émis par Stellantis a pris de court les analystes. Dès juillet, Deutsche Bank prévenait que les difficultés du constructeur ne faisaient que commencer et que les objectifs de la société étaient "à risque". Mais même la banque allemande a été "surprise" par l'ampleur de cet avertissement, lundi.

Le bureau d'études indépendant Alphavalue a abandonné ce mardi son conseil à l'achat, passant à "alléger" et s'attendant à ce que les difficultés du groupe persistent.

Oddo BHF avait abaissé lundi son conseil de "surperformance" à "neutre". Le bureau d'études dit "avoir perdu la foi, la confiance" dans la société à la suite du "profit warning". Oddo BHF évoque un choc qui "soulève d'importantes questions sur la visibilité de la direction sur l'activité (…) et sa crédibilité auprès des investisseurs.

"À notre avis, compte tenu de son ampleur, un tel avertissement aurait dû être lancé beaucoup plus tôt (la marge opérationnelle courante au second semestre est maintenant proche du seuil de rentabilité, contre plus de 10% dans les prévisions précédentes)", poursuit le bureau d'études.

"Cela soulève donc trop de questions sur la gouvernance à la tête du groupe pour que l'on puisse s'attendre à un redressement rapide et confirme que l'approche conflictuelle adoptée avec toutes les parties prenantes (employés, concessionnaires, fournisseurs, gouvernements et maintenant même investisseurs) n'était pas la bonne", assène-t-il.

Bernstein pointe une certaine inertie du côté de la société sur la question des stocks américains. "Pendant près de neuf mois, la direction de Stellantis s'est déclarée convaincue que seules des corrections limitées étaient nécessaires sur le marché nord-américain. L'abaissement des perspectives (lundi), qui consiste principalement à revoir à la baisse les prévisions pour l'Amérique du Nord, marque un revirement radical", cingle le bureau d'études.

Relancer la machine en 2025

Stellantis doit désormais retrouver sa cote d'amour auprès du marché et redorer son blason en matière d'exécution.

"Stellantis devra rétablir sa crédibilité auprès des investisseurs. La crédibilité de la direction et des perspectives solides ont été des facteurs clés pour les investisseurs qui ont conduit à une augmentation de 60% du prix de l'action en 2023 et ont largement comblé l'écart de valorisation avec General Motors et Ford. L'admission tardive de l'ampleur du problème et l'absence remarquée de la direction lors de la conférence téléphonique d'aujourd'hui (lundi, NDLR), et la remise en question de la discipline en matière de prix nécessiteront un effort important pour rétablir la confiance à l'avenir", énumère Bernstein.

Pour y parvenir Stellantis n'a pas vraiment d'autre choix que d'appliquer la bonne vieille formule du marché : dire ce que l'on fait et faire ce que l'on dit. "Dans la mesure où Stellantis peut isoler les mesures de production au second semestre 2024, ramener les volumes en 2025 et maintenir les prix, tout peut être pardonné", juge Royal Bank of Canada. Selon la banque canadienne, démontrer que "les mesures correctrices" sur les stocks ne pèseront pas beaucoup au-delà de 2024, pourrait permettre de convaincre le marché.

Bernstein se montre plus prudent. Si l'abaissement des prévisions de Stellantis évite désormais les mauvaises surprises pour 2024, le bureau d'études considère que la société présente encore "des trous dans son portefeuille" de produits pour 2025 pour résister au ralentissement de l'électrique. Notamment l'absence de pick-ups de taille moyenne.

UBS se montre également inquiète. La banque suisse estime que le consensus (la prévision moyenne des analystes) de résultat opérationnel courant pour 2025 risque d'être abaissée. "Malgré la forte cadence de production, il semble de plus en plus difficile pour Stellantis de revenir à une marge opérationnelle courante à deux chiffres en 2025", juge la banque suisse.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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