(BFM Bourse) - Les sociétés européennes des semi-conducteurs évoluent en forte hausse en Bourse ce lundi 14 avril, propulsées par l'exemption provisoire des surtaxes douanières américaines sur les produits technologiques.

Cette semaine débute par un nouveau revirement de Donald Trump sur son sujet favori, à savoir les droits de douane. Et cette fois-ci la volte-face du dirigeant américain va dans le bon sens.

Vendredi 11 avril soir, l'administration Trump a annoncé avoir évincé les smartphones, les ordinateurs et d'autres produits électroniques de ses droits de douane "réciproques", entrés en vigueur la semaine passée. Dont les produits éléctroniques importés depuis la Chine, et qui étaient soumis à des droits de douane démentiels de 145%.

Cette mesure s'applique rétroactivement au samedi 5 avril. Mais ces produits électroniques n'échappent pas à tout droit de douane. Ils restent soumis à des droits de douane de 20% que Donald Trump avait imposé antérieurement sur tous les produits chinois en raison de l'implication supposée de la Chine dans le trafic de fentanyl, un puissant opioïde qui fait des ravages aux États-Unis.

En Bourse, le secteur européen des semi-conducteurs profite des annonces américaines. A Amsterdam, l'équipementier pour l'industrie des semi-conducteurs spécialisé dans la photolithographie, ASML progresse de 3,12%. Le groupe batave publiera d'ailleurs ses résultats du premier trimestre cette semaine.

À Francfort, Infineon s'apprécie de 3,9% tandis qu'à la Bourse de Paris, STMicroelectronics s'adjuge 2,6%. Soitec bondit pour sa part de 6,5%, car cette société est exposée aux biens de consommation, une industrie très consommatrice en composants électroniques. Et notamment au marché des smartphones qui est un débouché important pour la société iséroise.

Des biens de consommation essentiels

"Nombre de ces produits sont des biens de consommation essentiels - des articles dont les Américains ne peuvent se passer, comme les smartphones et les ordinateurs, ce qui les rend politiquement sensibles", rappelle John Plassard, directeur chez Mirabaud.

"L'administration Trump a probablement choisi de ne pas risquer de contrarier les consommateurs à l'approche des élections de mi-mandat", ajoute-t-il.

Ces exemptions concernent près de 390 milliards de dollars d'importations américaines, sur la base des statistiques commerciales officielles des États-Unis pour 2024, dont plus de 101 milliards de dollars en provenance de Chine, selon les données compilées par Gerard DiPippo, directeur associé du Rand China Research Center, citées par Bloomberg.

"Ces annonces sont, en net, positives pour la technologie, en particulier pour les géants comme Apple qui auraient pu voir toute leur stratégie de prix bouleversée par les droits de douane de 145% imposés à la Chine. Ce sursis et l'annonce que de nouveaux droits de douane ne seront appliqués que dans quelques mois donnent à Apple le temps de constituer son stock aux États-Unis (…) sans devoir procéder à des hausses de prix intempestives", explique à Reuters Matt Britzman, analyste chez Hargreaves Lansdown.

Apple progresse de 5,4%, Nvidia de 2% et Dell bondit de 6,4% avant l'ouverture de Wall Street. La marque à la pomme exporte du grande majorité de ses iPhone depuis la Chine, et avait multiplié les "expéditions urgentes" depuis l'Inde pour rapatrier sur le sol américain des dizaines de milliers de ses smartphones.

Un sursis "temporaire"

Ce répit reste cependant de courte durée. Donald Trump n'entend pas lâcher aussi facilement du lest sur les droits de douane. Le dirigeant américain a précisé que ce sursis était "temporaire" et qu'il annoncerait "dans la semaine" des nouvelles mesures douanières sur ces produits technologiques.

Le secrétaire américain au Commerce Howard Lutnick a précisé dimanche 13 avril, dans "This Week", l'émission de la chaîne de télévision ABC que ces produits seront "inclus dans les droits de douane sur les semi-conducteurs, qui arriveront probablement dans un mois ou deux".

"Tous ces produits seront classés dans la catégorie des semi-conducteurs et feront l'objet d'un tarif douanier spécial pour s'assurer que ces produits sont réimplantés. Nous avons besoin de semi-conducteurs, de puces et d'écrans plats - ces produits doivent être fabriqués en Amérique. Nous ne pouvons pas dépendre de l'Asie du Sud-Est pour tout ce qui fonctionne pour nous", a déclaré Howard Lutnick.

Le secrétaire américain au Commerce a aussi rappelé dans cet entretien que la Maison Blanche comptait mettre en place "un modèle tarifaire afin d'encourager" les entreprises des semi-conducteurs et de l'industrie pharmaceutique à délocaliser leurs activités aux États-Unis.

La semaine passée, Donald Trump a déclaré qu'il comptait introduire "des droits de douane majeurs sur les produits pharmaceutiques", lors d'un dîner annuel organisé par le Comité national républicain du Congrès.

"Une fois que nous aurons fait cela, ils reviendront en masse dans notre pays, parce que nous sommes le plus grand marché", a ajouté Donald Trump. "L'avantage que nous avons sur tout le monde, c'est que nous sommes le grand marché", avait-il déclaré lors de cet événement.

Les produits pharmaceutiques étaient jusqu'alors exclus de la première série de mesures douanières "réciproques" annoncées mercredi 2 avril.