(BFM Bourse) - Malgré une progression de 7,1% de son chiffre d'affaires et la confirmation de ses objectifs annuels, les analystes jugent les résultats du premier trimestre décevants, estimant que la Coupe du monde de rugby est un peu l'arbre qui cache la forêt.

En queue de peloton, le n°2 mondial de la restauration collective -derrière le britannique Compass et devant un autre groupe français, Elior- abandonne 5,1% à 101,75 euros peu avant 10h, ce qui ramène sa valorisation à 15 milliards d'euros tout rond. Après avoir dominé le palmarès du CAC 40 lors de la séance de la veille (+2,5%), Sodexo évolue jeudi à rebours d'un marché parisien qui prend de la hauteur (près de 0,6% de gain pour le CAC à ce stade), conforté par l'apaisement des tensions américano-iraniennes. Le titre du groupe aux plus de 400.000 salariés avait bouclé l'année 2019 sur une performance honorable bien qu'en-deçà de celle de l'indice vedette (+18% contre +28% pour le CAC) mais entame donc 2020 sur une note plus négative (-3,6% depuis le 1er janvier).

Croissance atone hors Coupe du monde de rugby

"La croissance du chiffre d’affaires au premier trimestre reste solide" estime le directeur général Denis Machuel, qui se veut confiant pour l'avenir. "Avec le renouvellement de nos équipes de direction en Amérique du Nord, la forte tendance à l’externalisation dans les économies en développement, notre croissance constante en Europe et la mise en œuvre rigoureuse de nos plans d’action pour améliorer la productivité et réinvestir dans les ventes, le marketing, le digital et l’innovation, nous sommes confiants d’être sur la bonne voie" a-t-il ainsi affirmé.

Croissance interne en ligne avec l'objectif annuel

Dans le détail, le pôle services sur site, qui génère le plus gros de l'activité de l'entreprise, a vu son chiffre d'affaires grimper de 7,2% dont 3,8% de croissance interne, à 5,87 milliards d'euros. Mais hors Coupe du monde de rugby, celle-ci n'aurait été que de 2,3%, ce qui fait dire à Bernstein qu'en dehors des événements sportifs ponctuels, la croissance organique ralentit. Selon le broker, Sodexo doit investir toutes les économies de coûts identifiables dans cette croissance qui, inférieure à 3%, reste en-deçà de son objectif à long terme.

Ce pôle services regroupe les segments "entreprises et administrations" (+11,2% dont 9% de croissance interne, à 3,2 milliards d'euros), "santé et seniors" (chiffre d'affaires stable, -5% de croissance interne à 1,27 milliard d'euros) et "éducation" (+5,7% dont 1,3% de croissance interne à 1,4 milliard d'euros). Enfin, le segment "avantages et récompenses" (Chèque Cadeau, Carte Pass Cadeau, Chèque et Carte Pass Restaurant) progresse de 4,5% (4,2% en interne) à 205 millions d'euros.

Situation toujours compliquée en Amérique du Nord

En Amérique du Nord, zone d'activité la plus lucrative pour Sodexo qui y réalise environ 45% de son chiffre d'affaires et aussi la plus sensible après une contre-performance en 2017-2018 suivie d'un redémarrage très progressif en 2018-2019, l'activité baisse de 0,9%. "À l’image du premier trimestre, la croissance de l’exercice 2019-2020 restera difficile en Amérique du Nord, en raison de la baisse du chiffre d’affaires résultant des pertes de contrats et la sortie d’un contrat important dans le segment Santé ainsi que le solde net neutre des nouvelles signatures en Éducation" anticipe Sodexo. "Hors Amérique du Nord, la croissance accélère fortement à + 8,3 %, portée par la Coupe du Monde de Rugby, la croissance régulière en Europe et une croissance à deux chiffres dans les économies en développement" précise également le communiqué.

Lors de la conférence téléphonique suivant la présentation de ces résultats, Denis Machuel a par ailleurs indiqué que si le groupe reste très concentré sur la croissance interne, il a aussi quelques objectifs de croissance externe.