(BFM Bourse) - La banque canadienne a relevé de deux crans son opinion sur le spécialiste des équipements électriques et des technologies d'efficacité énergétique, jugeant sa valorisation alléchante. En outre, les données décortiquées par l'établissement canadien montrent une dynamique toujours vigoureuse dans les data centers.

Décidément, la récente correction boursière qu'a subie Schneider Electric depuis la fin janvier inspire les bureaux d'études.

Après Goldman Sachs la semaine dernière, Royal Bank of Canada a relevé de deux crans son conseil sur Schneider Electric, à "surperformance" contre "sous-performance" précédemment, ce qui revient à passer de "vendre" à "acheter" sur la valeur. La banque canadienne a aussi rehaussé son objectif de cours à 270 euros contre 225 euros précédemment. Ce qui accorde un potentiel de 17% au titre, au cours de clôture de mardi.

À la Bourse de Paris, ce changement d'opinion porte Schneider Electric qui gagne 1,5% vers 11h et signe la plus forte hausse d'un CAC 40 en légère progression (+0,31%).

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Un trou d'air boursier

Auteur d'un excellent parcours boursier ces récentes années, Schneider Electric a connu un coup d'arrêt assez violent à partir de la fin janvier. Ce décrochage s'est superposé aux craintes du marché sur les promesses de l'intelligence artificielle (IA) et sur les dépenses des "big techs américaines" dans ce domaine, et plus spécifiquement dans les data centers.

Schneider conçoit une gamme d'équipements électriques et de logiciels qui permettent d'optimiser l'efficacité énergétique des data centers, des installations par essence très énergivores. Avec l'essor de l'IA, les revenus du groupe dans ce segment ont bondi et représentent actuellement environ 25% du chiffre d'affaires totale de la société. La bonne dynamique des data centers a permis à Schneider Electric d'afficher une croissance en données comparables de 12,5% au quatrième trimestre 2024 et d'atomiser les attentes logées à 7,8%.

Mais les prouesses de la start-up chinoise Deepseek ont jeté une ombre. Cette entreprise a développé des grands modèles de langage d'IA aux performances rivalisant avec celles des grands groupes américains et à des coûts a priori bien moins élevés. Ce qui a amené les investisseurs à questionner les lourdes dépenses d'investissements envisagées par les géants américains dans l'IA et les data centers (on parle d'environ 80 milliards de dollars pour Microsoft sur l'exercice actuel).

De facto, des doutes sur les perspectives de croissance de Schneider ont été émis par les investisseurs. Et l'action a souffert, perdant 13% en un peu moins de deux mois. Signe de ces inquiétudes, Schneider a dévissé de près de 7% le 24 février dernier, après que TD Cowen a rapporté que Microsoft avait annulé des contrats importants de location des data centers aux États-Unis.

Une valorisation attrayante

Pour Royal Bank of Canada, ce trou d'air boursier que connaît Schneider Electric constitue un point d'entrée. La banque canadienne estime que l'action est revenue à des niveaux attrayants. Au cours actuel, Schneider Electric affiche une multiplie de valeur d'entreprise rapportée au résultat opérationnel ajusté attendu en 2025 de 17, soit moins que la moyenne de ses pairs (Siemens, le groupe suisse ABB) , située à 18. Royal Bank of Canada estime que Schneider Electric mérite de se traiter avec un multiple plus proche de 20, celui de l'américain Eaton, lui aussi très exposé aux data centers via ses équipements électriques.

L'établissement canadien rappelle que Schneider présente une croissance plus prononcée que celle de ses rivaux, en moyenne. Sur les cinq dernières années, le groupe français affiche une progression moyenne de ses revenus de 7,4% contre une moyenne de 5,4% pour ses concurrents.

Cette surperformance est particulièrement notable dans la division "gestion de l'énergie", qui a connu une croissance annuelle moyenne de 9,3% en données comparables , ces cinq dernières années, soit un écart de 1 point de pourcentage par rapport à Eaton, son rival le plus proche, et de 2 points par rapport aux divisions d'électrifications de Siemens et d'ABB.

Royal Bank of Canada pense que Schneider Electric continuera de surpasser la concurrence, tablant sur une croissance de 7,7% par an en moyenne sur 2025-2026 contre 5,7% pour ses rivaux européens.

En ne prenant en compte que les activités d'électrification, la banque table sur une croissance de 8,2% par an pour Schneider, qui devancerait tous ses concurrents sur cet indicateur de performance à l'exception d'Eaton (+8,8%).

Royal Bank of Canada estime, par ailleurs, que les perspectives dans les data centers continuent d'être florissantes pour Schneider, en dépit des craintes du marché.

"Malgré les inquiétudes récentes concernant une bulle plus large, les fondamentaux de la demande continuent de s'améliorer et restent un attrait clé", assure la banque.

L'établissement anticipe une croissance annuelle dans ce segment d'au moins 15% par an sur les cinq prochaines. Royal Bank of Canada note qu'Eaton, qui avait tenu une journée dédiée aux investisseurs la semaine dernière, avait assuré ne pas constater de "ralentissement" dans les projets d'investissements de ses clients dans les data centers.

"Schneider est bien placé pour répondre aux investissements dans les centres de données, avec des parts de marché importantes et des produits adaptés aux segments électriques des espaces gris et blancs", conclut la banque.