(BFM Bourse) - Le groupe pharmaceutique français a expliqué que les attentes en matière de prix de la cible ne correspondaient pas à ses critères. Certains analystes avaient un avis mitigé sur cette potentielle transaction. Le marché, lui, semble se satisfaire de cette décision.
Sanofi préfère éviter de surpayer une acquisition. Le groupe pharmaceutique français a annoncé dimanche soir qu’il renonçait à acquérir la biotech irlandaise Horizon Therapeutics. Il y a deux semaines, Sanofi avait manifesté au grand jour son intérêt pour cette cible tout en prenant soin d’indiquer qu’il n’y avait aucune certitude sur la conclusion d’une opération.
Ce lundi, le pensionnaire du CAC 40 a expliqué que "les attentes en matière de prix de transaction ne [répondaient] pas [à ses] critères de création de valeur". Autrement dit, les dirigeants d’Horizons Therapeutics se sont montrés trop gourmands aux yeux de Sanofi. "Sanofi annonce qu'elle n'est plus en discussion avec Horizon et qu'elle n'a pas l'intention de faire une offre sur Horizon", a ajouté la société.
L’entreprise française n’était pas la seule en course. Horizon Therapeutics avait indiqué fin novembre discuter avec Sanofi mais aussi avec l’américain Amgen et le belge Janssen, affilié à Johnson & Johnson. Janssen avait rapidement déclaré qu’il ne comptait pas faire d’offre. Reste donc Amgen. Selon le Wall Street Journal, l’américain se trouve en discussions avancées pour mettre la main sur Horizon Limited et un accord pourrait être annoncé dès ce lundi.
Un gros morceau
Horizon Therapeutics est une biotech spécialisée dans les maladies auto-immunes orphelines. Son principal médicament, Tepezza, permet de traiter la maladie thyroïdienne des yeux, avec un pic de ventes attendu à 4,2 milliards de dollars, selon un consensus Evaluate cité par Invest Securities. Son deuxième médicament, Krystexxa, dans le traitement de la goute non contrôlée, devrait atteindre un pic de ventes de à 1,1 milliard de dollars, ajoute le bureau d’études. En 2021, Tepezza et Krystexxa avaient réalisé des ventes respectives de 1,6 milliard de dollars et de 565 millions de dollars soit près de 70% des revenus d’Horizon.
Son rachat aurait constitué un gros morceau pour Sanofi, puisque sa capitalisation boursière - Horizon est coté sur le Nasdaq – dépasse les 22 milliards de dollars. Selon Invest Securities, Sanofi aurait réalisé la plus importante acquisition de son histoire.
Le groupe aurait certainement eu les moyens financiers de mener cette transaction, disposant d’un bilan solide avec un faible ratio d’endettement. Mais UBS jugeait que ce n’est pas parce que le groupe pouvait se permettre ce très gros achat de Noël qu’il devait forcément franchir le pas.
Pour la banque suisse, racheter Horizons s’avérait "discutable [...] car cela ajouterait un portefeuille mixte de spécialités pharmaceutiques au portefeuille de Sanofi sans répondre au besoin stratégique que l'échec de l'amcenestrant a remis en évidence: la productivité du pipeline et de la R&D", jugeait-elle. Horizon ne constituait ainsi pas "un choix évident" pour la société, considérait UBS.
Plus enthousiaste, Stifel estimait que cette opération constituait à première vue une "bonne idée". Toutefois, le bureau d’études reconnaissait qu’un tel rachat "ne rendrait pas la R&D plus productive". "Mais on ne peut pas résoudre tous les problèmes en une fois", faisait-il valoir.
Dépendance à Dupixent
Le marché lui, semble soulagé. Lorsqu’Horizon Therapeutics avait indiqué discuter avec Sanofi, puis lorsque la société française a confirmé son intérêt, l’action avait à chaque fois perdu 2%, les acquisitions de grande taille ayant souvent tendance à créer des craintes chez les investisseurs. Ce lundi l’action s’adjuge au contraire 2% vers 10h, signant la plus forte hausse du CAC 40.
Reste que l’abandon du rachat d’Horizon Therapeutics a souligné le besoin pour Sanofi de renforcer son offre, après plusieurs revers sur ses candidats-médicaments en cours de développement. L'annonce de l'abandon d'Horizon "est probablement positif pour l'action, bien que les inquiétudes concernant le 'pipeline [les candidats-médicaments en cours d'essais cliniques, NDLR] demeurent", résume Barclays.
Sanofi a récemment annoncé l’arrêt de l’amcenestrant à la suite de résultats cliniques décevants, ainsi que la suspension des essais du tolébrutinib, un traitement expérimental pour certaines formes de scléroses en plaques et de la myasthénie grave.
En octobre, la société a "commencé à repenser le candidat IL-2 SAR444245 - qui était la pièce maîtresse de son rachat de Synthorx pour 2,5 milliards de dollars - après avoir constaté des données d'efficacité médiocres", souligne également Invest Securities.
Tout ceci laisse Sanofi de plus en plus dépendant de son blockbuster, Dupixent, un traitement notamment utilisé contre l’asthme et la demartite atopique, une forme d’eczéma sévère.
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