(BFM Bourse) - L'établissement américain est passé d'"acheter" à "neutre" sur le spécialiste des matériaux de construction, redoutant que les marges et les résultats de la société aient atteint leur pic en 2023. L'activité dans la rénovation en France et aux Etats-Unis pourrait par ailleurs être plus faible que prévu.
La société doyenne du CAC 40 a impressionné l'an passé. Le producteur de matériaux de construction Saint Gobain, dont les origines remontent au XVIIe siècle, a tout simplement signé la deuxième meilleure performance boursière de l'indice parisien (+46%), devancé seulement par Stellantis (+59,23%).
L'entreprise est parvenue, à chaque publication, à dépasser les attentes des investisseurs, bénéficiant de la réorientation de son activité vers des métiers porteurs, tels que la chimie de construction. Le marché de la rénovation a par ailleurs apporté un soutien bienvenu face à la baisse marquée de celui de la construction neuve dans de nombreux pays.
Mais l'année 2024 pourrait s'avérer moins porteuse pour Saint-Gobain. C'est en tout cas ce que pense Bank of America qui a abaissé ce mercredi son conseil sur la valeur, passant d'"acheter" à "neutre", avec un objectif de cours réduit à 68 euros contre 70 euros auparavant.
Ce qui pèse sur l'action, Saint-Gobain accusant une baisse de 2,5% ce mercredi vers 15h, soit le plus fort repli du CAC 40, dans un marché atone (le CAC 40 est stable au même moment).
>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading
La France et les Etats-Unis sous pression?
Dans une note consacrée aux groupes européens de construction, Bank of America se dit "prudente" sur le secteur.
"Les investisseurs semblent attendre un environnement "super boucles d'or" de reprise des volumes, soutenue par des taux plus bas, des prix résistants et des coûts d'intrants bas, ce qui permettrait d'améliorer encore les marges. Cela paraît optimiste", prévient l'établissement américain qui a au contraire des doutes tant sur les volumes que sur les prix.
Dans le cas de Saint-Gobain, Bank of America souligne que l'impressionnante résilience affichée par l'entreprise l'an passé a été due à des bénéfices stables en France et à une rentabilité améliorée aux Etats-Unis. Ces deux marchés ont permis au groupe de compenser les pressions qui se sont exercés dans la région "Europe du Nord", soit les pays scandinaves, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Europe de l'Est.
Or, "alors nous nous attendons à ce que l'Europe du Nord poursuive son déclin en 2024 (à un rythme plus modéré grâce à un effet de base plus facile sur les volumes), nous pensons que Saint-Gobain pourrait être confronté à des risques de baisse dans ses activités en France et aux États-Unis", prévient l'établissement.
Bank of America considère que le marché de la rénovation ne sera pas épargné dans ces deux pays, et ce malgré la hausse en France du budget du dispositif MaPrimeRenov (une prime versée par le gouvernement pour des travaux d'isolation, chauffage ou encore de ventilation), qui passe de 2,4 milliards d'euros en 2023 à 4 milliards en 2024.
L'établissement note qu'il devient de plus en plus complexe d'accéder à ce dispositif, avec des propriétaires de logement avec un DPE "F" ou "G" qui doivent désormais effectuer deux travaux liés à l'efficience énergétique (contre un précédemment) et améliorer le DPE de deux rangs (contre un auparavant là encore).
Une valorisation plus si attrayante
Par ailleurs, Saint-Gobain a, ces dernières années, créé de la valeur et renforcé son profil boursier via des rotations d'actifs, c'est-à-dire des cessions et des acquisitions. Bank of America pense que le groupe devrait continuer à racheter des cibles de taille moyenne ou grande plutôt que d'utiliser son cash pour racheter des actions.
Or l'établissement fait valoir qu'avec des coûts de financement plus élevés en raison de la récente hausse des taux, des opérations de croissance externe financée via de la dette s'avère moins attrayante que des rachats de titres.
"Nous pensons que, pour améliorer les rendements (et la valorisation) au fil du temps, le groupe devrait se concentrer sur les points suivants sur de nouvelles cessions d'actifs sous-performants et sur l'amélioration des marges de ses opérations existantes", ajoute la banque.
Dernier point: la valorisation. Bank of America souligne que Saint-Gobain reste, certes, relativement bon marché, mais que le titre a quand même connu une récente appréciation de ses multiples boursiers. Résultat: la valeur ne présente pas une décote aussi séduisante qu'il y a quelques mois.
Saint-Gobain aura l'occasion de présenter ses perspectives pour l'année en cours à l'occasion de la publication de ses résultats 2023, le 29 février prochain.
Recevez toutes les infos sur SAINT GOBAIN en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email