(BFM Bourse) - L'ensemble du secteur automobile grimpe, ce lundi 3 novembre, alors que des informations de presse font état d'une potentielle reprise des expéditions du groupe de semi-conducteurs Nexperia en provenance de Chine. Ce qui atténue les craintes de difficultés d'approvisionnement en puces.
S'il y a bien un secteur qui se distingue en Bourse, ce lundi 3 novembre, c'est l'automobile.
Renault et Stellantis prennent respectivement 3% et 2,6%, signant les deux plus fortes hausses du CAC 40. Les équipementiers Forvia et Valeo gagnent, de leur côté, 6,8% et 2,8%.
À Francfort, Volkswagen s'adjuge 2,8%, Mercedes-Benz 3,3% et BMW 1,8%.
Interrogé, un analyste lie la performance boursière de l'ensemble du secteur à des informations de presse évoquant une potentielle reprise des expéditions de puces de Nexperia en provenance de la Chine. Ce qui atténue la crainte de difficultés d'approvisionnement en semi-conducteurs pour le secteur.
Selon Reuters et Bloomberg, l'administration Trump a prévu, à la suite de l'entretien entre le président chinois Xi Jinping et son homologue américain en Corée du Sud la semaine dernière, d'annoncer cette reprise des expéditions.
Samedi, l'Agence France Presse (AFP) a rapporté que la Chine avait décidé d'assouplir son interdiction des exportations de puces en promettant "des exemptions qui répondent aux critères", marquant un apaisement des tensions nées autour de Nexperia.
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Un rouage essentiel de la chaîne de production
Petit rappel des faits. Nexperia est une entreprise de semi-conducteurs devenue la pomme de discorde entre La Haye et Pékin. Ce groupe basé à Nimègue, aux Pays-Bas, est la filiale du chinois Wingtech Technology. La société est spécialisée dans les composants électroniques, notamment à destination de l'automobile. Wingtech avait racheté en 2018 ce groupe batave, une ancienne filiale de Philips.
Le 30 septembre, les Pays-Bas ont invoqué une loi sur la sécurité nationale datant de la guerre froide (1952) pour prendre le contrôle de Nexperia. Selon Reuters, La Haye a mis en avant des craintes de potentiels transferts de technologie à la Chine pour justifier cette décision.
Sans techniquement prendre le contrôle de Nexperia, La Haye peut, via cette disposition juridique bloquer ou annuler des décisions qu'il juge néfaste.
Pékin a riposté. Le gouvernement chinois a introduit des licences d'exportations ce qui revient de facto à interdire les expéditions de certains composants finis et sous-ensembles produits en Chine vers les Pays-Bas.
"Le problème c'est que quand bien même Nexperia a des capacités de production en dehors de Chine, en Allemagne par exemple, le 'testing' s'effectue toujours en Chine", explique un spécialiste du secteur. La banque UBS écrit que le site de Guandong de Nexperia compte pour 70% des capacités d'assemblage et de testing du groupe.
Problème: Nexperia est indispensable dans la chaîne de production mondiale de l'automobile.
"Les puces Nexperia sont présentes dans tous les types de modules électroniques automobiles, il s'agit d'un produit de faible valeur, mais produit en grande quantité", a expliqué UBS dans une récente note.
"Nous pensons donc que toute escalade du conflit sous-jacent affecterait l'ensemble du secteur, car elle pourrait entraîner des arrêts de production généralisés chez les constructeurs et les fournisseurs", écrivait encore UBS.
L'Association européennes des constructeurs automobiles avait tiré la sonnette d'alarme, mi-octobre. "Le 10 octobre, les constructeurs automobiles et leurs fournisseurs ont reçu une notification de Nexperia décrivant une série d'événements qui les empêchent de garantir la livraison de leurs puces à la chaîne d'approvisionnement automobile", a-t-elle écrit.
Pas comparable à 2021
Ce dossier rappelle de mauvais souvenirs au secteur, notamment en 2021 lorsque l'industrie automobile a connu une importante pénurie de semi-conducteurs, limitant la production.
À l'époque, les semi-conducteurs étaient surtout alloués à d'autres secteurs, comme l'électronique grand public, en forte phase de reprise post-pandémie.
"La donne est différente là. On n'est pas sur un 'shortage' physique mais sur un contrôle des exportations. Après 2021, beaucoup de constructeurs et d'équipementiers ont mis en place du 'dual sourcing' (c'est-à-dire des alternatives sur leurs approvisionnements), ce qui renchérit les coûts d'homologations mais évite les pénuries", nuance le spécialiste du secteur précédemment mentionné.
"La question est de savoir combien de contrats existent en 'single sourcing' et dans quelle mesure cela peut entraver les 'ramp up' (la montée en puissance des cadences de production, NDLR)", conclut-il.
Le sujet Nexperia a dominé les conférences téléphoniques des groupes du secteur lors de la dernière saison des résultats. Bernstein écrivait par exemple que la publication de Forvia avait été "éclipsée" par ce dossier.
Le directeur général de l'équipementier Martin Fischer avait assuré que la société avait mis en place une "task force" (une équipe d'urgence) et avait déclaré: "Nous achetons toutes les puces sur le marché qu'il est possible d'acheter et nous regardons des alternatives".
Valeo, l'autre grand équipementier automobile de la cote parisienne, a de son côté déclaré la semaine dernière qu'il avait trouvé des alternatives pour 95% des composants de Nexperia, mais que toutes ces alternatives n'avaient pas été validées par ses clients finaux, rapportent Bernstein.
"Le dossier Nexperia nous rappelle encore combien la chaîne d'approvisionnement automobile demeure fragile et complexe", concluait l'intermédiaire financier.
Des craintes dans le monde entier
Bloomberg a par ailleurs rapporté la semaine dernière que l'équipementier allemand ZF Friedrichshafen avait été contraint de réduire sa production en raison du manque de disponibilités de puces du au dossier Nexperia.
Bosch, le plus grand équipementier automobile d'Europe, voire du monde, a lui prévenu il y a deux semaines qu'il s'apprêtait à mettre au chômage technique certains employés d'un de ses sites pour les mêmes raisons.
Volkswagen a pour sa part envoyé un memo interne à ses équipes pour prévenir que la production pourrait, à court terme, être affectée, selon le Financial Times.
L'état d'alerte ne se limite d'ailleurs pas à l'Europe. Le Financial Times cite l'association des constructeurs japonais qui avait affirmé que les problèmes entourant Nexperia pourraient "avoir un sérieux impact sur la production mondiale de nos membres". Mary Barra, la directrice générale de General Motors, a elle assuré que la situation était de son côté "fluide" mais qu'elle espérait que ce dossier sera bientôt résolu.
Selon Nikkei Asia, le directeur général de Ford, Jim Farley, avait lui aussi appelé à la résolution de ce conflit, il y a deux semaines.
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