par Gilles Guillaume

PARIS (Reuters) - Renault a annoncé mercredi le volet industriel de son futur plan stratégique, qui passera notamment par 5,7 milliards d'euros d'investissements dans ses sites industriels entre 2010 et 2013 afin d'adapter les usines à l'évolution du marché européen et international.

Le constructeur automobile entend poursuivre la spécialisation de ses sites d'Europe occidentale sur les productions à forte valeur ajoutée, et accroître les capacités de ses usines à l'international pour répondre à la croissance des marchés émergents.

Le groupe a rappelé que ses ventes hors d'Europe devraient atteindre 43% des ventes totales en 2011, que le marché européen dans son ensemble ne devrait pas avoir retrouvé en 2016 son niveau d'avant la crise alors qu'entre 2010 et 2016, le marché hors d'Europe devrait afficher une croissance de près de 50%.

"L'implantation de sites industriels dans les marchés émergents est essentielle pour contribuer à leur forte croissance et compenser la baisse du marché européen", a expliqué le groupe dans un communiqué.

Dans ce dispositif, l'usine de Tanger, au Maroc, produira des voitures low cost à partir de 2012, et se verra ajouter une deuxième ligne de production l'année suivante. Renault continuera également d'investir au Brésil, en Inde et en Russie.

NOUVELLE PLATE-FORME COMMUNE RENAULT-NISSAN A DOUAI

En réponse aux craintes entourant l'activité future des sites français, le groupe a précisé que 40% de ses investissements industriels sur la période 2010-13, soit 2,3 milliards d'euros, iraient à l'Hexagone, où Renault ne produit plus aujourd'hui que 24% de ses véhicules.

"Notre plan stratégique permet d'ajuster nos capacités de production industrielle à la demande mondiale sans fermeture de site, sans plan social ni plan de départs collectifs", a souligné Carlos Ghosn dans le communiqué. Le PDG du groupe a également présenté via internet la nouvelle répartition de l'outil industriel à tous les sites du constructeur.

La nouvelle ventilation des modèles entre les six sites français comprend notamment l'arrivée confirmée d'un nouveau fourgon à Sandouville (Seine-Maritime).

L'usine, jusqu'ici dédiée au haut de gamme, pourrait selon les observateurs accueillir la troisième génération du Trafic, actuellement assemblé au Royaume-Uni et en Espagne. Batilly (Moselle) continuera de produire le grand fourgon Master et Maubeuge (Nord) la camionnette Kangoo, en version thermique et maintenant aussi électrique.

Le futur haut de gamme européen du groupe, notamment les remplaçantes de l'Espace - programme suspendu par la crise - et de la Laguna, sera déplacé à Douai (Nord), le site du Scenic. Une nouvelle plate-forme commune milieu et haut de gamme entre Renault et Nissan sera lancée sur place.

Dans le cadre du renforcement des synergies avec son partenaire japonais, Renault va travailler également sur la rationalisation de la chaîne d'approvisionnement et sur un indicateur de coût de revient par véhicule.

Le groupe au losange a également confirmé ses choix industriels pour l'usine de Flins (Yvelines), avec la production de la Zoé électrique et de batteries. Le communiqué n'évoque pas le sort de la future Clio 4, objet d'une polémique avec l'Etat en janvier 2010 sur une possible délocalisation en Turquie . Un porte-parole du groupe a toutefois précisé que comme annoncé à l'époque, le modèle prévu pour 2012 serait fabriqué à la fois à Flins et sur le site turc de Bursa.

Dans l'électrique, Renault avait déjà laissé entendre qu'il songeait à produire lui-même les moteurs équipant ces nouveaux véhicules. C'est chose faite avec l'annonce pour 2013 d'un moteur électrique pour l'usine de mécanique de Cléon (Seine-Maritime).

En ce qui concerne le site de Dieppe (Renault Sport), les décisions définitives n'ont pas encore été prises. L'Espagne restera le deuxième pôle de production européen avec quatre usines (Twizzy, boîtes de vitesse et Megane) tandis que Novo Mesto (Slovénie) restera spécialisé dans les petites voitures (Twingo, Wind et Clio Campus).

La présentation de l'ensemble du plan stratégique de Renault, et les objectifs de volumes et de marges qui l'accompagneront, est prévue le 10 février.

Avec Helen Massy-Beresford, édité par Jean-Michel Bélot

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